Il y en a pour tous les goûts et tous les groupes d'âges dans la programmation d'Osheaga 2012.

«Le dimanche 5 août, soyez aux aguets, tout peut arriver...»

Moment Factory a fait cette annonce mercredi à l'intention des festivaliers d'Osheaga. Vous pouvez voir le teaser sur notre blogue musique. Moment Factory, faut-il le rappeler, a notamment signé le contenu vidéo et multimédia d'une grande partie du dernier spectacle de Madonna.



Wintersleep (Halifax, 2001)


D'origine néo-écossaise, le groupe Wintersleep demeure l'un des fleurons de la mouvance indie rock au Canada.

Son album Welcome to the Night Sky, sorti en 2007, l'a couronné «nouveau groupe de l'année» au gala des Junos, en 2008.

Transplanté à Montréal en 2007, Wintersleep s'est produit en première partie du spectacle que Paul McCartney a offert à Halifax en 2009. New Inheritors, son quatrième album, est sorti au printemps 2010, sans toutefois déclasser Welcome to the Night Sky.

Hello Hum, son cinquième opus, sorti en juin, sera la matière principale au programme d'Osheaga. La formation y fera sa première apparition publique à Montréal depuis la sortie de l'album encore chaud.

Le chanteur et guitariste de Wintersleep garde d'ailleurs un très bon souvenir de ces six semaines de création sous la supervision des réalisateurs Dave Fridmann (MGMT, Flaming Lips, etc.) et Tony Doogan (Belle&Sebastian, Mogwai, etc.):

«C'était la première fois qu'on travaillait avec Dave, un type formidable, dit-il. Tony avait réalisé nos deux albums précédents avant de collaborer avec Dave pour cette troisième expérience à nos côtés. Et puisque Dave et Tony sont de très bons amis, les choses se sont très bien passées aux Tarbox Road Studios que possède Dave à Cassadaga, dans l'État de New York. Région magnifique!»

- Alain Brunet

Wintersleep se produit vendredi, à 19 h 30, sur la scène des Arbres

A$AP Rocky (Harlem, 2011)

Depuis son mixtape gratuit lancé l'an dernier, A$AP Rocky connaît un grand succès. Âgé de 23 ans, le rappeur de Harlem a collaboré avec Usher, Theophilus London et Big Boi, en plus d'assurer la première partie du spectacle de Drake.

Son premier clip a eu l'effet d'une bombe l'été dernier sur le web. Intitulé Peso, c'est une pièce où le rappeur parle de drogue et de fric sur des rythmes stylés aux mélodies aussi vaporeuses que les effets de la codéine décrits par le rappeur aux dents marbrées d'or.

C'est à guichets fermés qu'A$AP Rocky s'était produit à Montréal, au Corona, en janvier dernier. Les critiques ont de la difficulté à mettre le doigt sur ce qui fait ressortir A$AP Rocky du lot des jeunes rappeurs de la relève: peut-être son instinct de choisir une esthétique sonore dans l'air du temps ou d'y aller avec un flow ou un hook lancé juste au bon moment.

Titulaire d'un lucratif contrat de 3 millions de dollars avec Sony, Rakim Mayers doit sortir son premier album officiel à l'automne. Très attendu, il aura pour titre LongLiveA$AP. En entrevue avec Billboard, A$AP Rocky a déclaré que le premier extrait s'éloignera des influences sudistes «chopped'n screwed» de ses premiers titres. Le jeune rappeur dit vouloir «révolutionner» le son du rap maintream, rien de moins.

Vendredi dernier, A$AP Rocky a dû annuler sa présence sur le plateau de Jimmy Fallon, car le jeune homme avait été arrêté par les policiers, trois jours plus tôt, à la suite d'une bagarre avec deux paparazzi de TMZ. Mais il sera à Osheaga, assure le promoteur evenko.

- Émilie Côté

A$AP Rocky se produit samedi, à 18 h 30, sur la scène Verte

Justice (Paris, 2003)

En formant Justice, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay allaient devenir les précurseurs de la nouvelle vague de musiciens électro (après Air et Daft Punk) qui se sont exportés de la France avec succès, incluant Madeon et M83.

Justice a connu la gloire rapidement après avoir figuré sur une compilation de l'étiquette branchée Ed Banger Records. Les deux complices, qui avaient remixé les succès des autres, ont planché sur leurs propres compositions pour accoucher d'un premier album intitulé †, en mai 2007.

Des Montréalais se souviennent encore de la soirée Ed Banger qui a enflammé le Club Soda en mars 2007 et où les billets se revendaient plus de 120 $ à la porte. Et que dire des deux spectacles que Justice a donnés au Métropolis à l'automne 2007. C'était presque dangereux sur le parterre tellement les gens dansaient fougueusement le poing en l'air sous l'immense croix illuminée emblématique du duo.

Le beau de l'histoire, c'est que cinq and plus tard, le deuxième album de Justice, Audio, Video, Disco, est à la hauteur des attentes, même si s'il est loin de surpasser le premier album. Les injections de distorsion rock dans des sonorités électro sont toujours aussi efficaces, même si elles sont plus modérées et mélodiques qu'explosives.

Cela dit, on ne devrait pas s'ennuyer avec Justice à Osheaga.

- Émilie Côté

Justice se produit vendredi, à 21 h 35, sur la scène Rivière

Garbage (Madison, Wisconsin, 1994)

Garbage est l'un de ces groupes ressurgi des années 90 pour lancer un nouvel album, Not Your Kind of People. Et voilà que la bande de Shirley Manson a repris le chemin de la tournée, ce qui réjouit au plus haut point son guitariste Steve Marker. «On fait des gros festivals en Europe. On joue avec des artistes avec qui on n'aurait jamais joué, comme Bob Dylan et The Cure», nous disait-il récemment, depuis Genève.

Steve Marker l'espérait, mais il ne prévoyait pas le retour de Garbage qui s'est retiré dans l'ombre car les membres du groupe «se tapaient sur les nerfs». «Nous sommes comme une famille. Nous avons compris qu'il faut travailler pour que ça marche entre nous. Aujourd'hui, je dirais que nous sommes plutôt comme des meilleurs amis.»

Garbage est un groupe atypique, ne serait-ce qu'en raison de sa genèse. En tant que nerds de musique, Steve Marker, Duke Erikson et Butch Vig (réalisateur de Nevermind de Nirvana) jammaient dans un sous-sol du Wisconsin. Ils ont vu un clip à MTV et ça y était, ils avaient trouvé leur chanteuse: une Écossaise appelée Shirley Manson.

«Nous nous sommes toujours sentis comme les enfants bizarres d'une classe de cools, dit Steve Marker. Nous avons commencé à faire de la musique alors que le grunge était populaire. Nous arrivions avec des sonorités électro. Nous n'étions pas assez alternatifs et pas assez pop.»

Cela n'a pas empêché Garbage de vendre des millions d'albums et de développer un réseau de purs et durs amateurs.

- Émilie Côté

Garbage se produit samedi, à 19 h 15, sur la scène Rivière

Franz Ferdinand (Glasgow, 2001)

Petit débat récent entre amis : est-ce qu'on peut déjà parler de nostalgie musicale avec Franz Ferdinand? Le premier album remonte à près de 10 ans, alors que plusieurs d'entre nous étions encore à l'université.

Le groupe écossais n'a jamais pris de pause et sortira un nouvel album sous peu. Mais, à moins d'un revirement majeur, son âge d'or est derrière lui. Cela dit, il faut se souvenir à quel point Franz Ferdinand a renouvelé le rock de son époque, en y ajoutant une touche dansante (comme l'a fait Bloc Party, qui se produira aussi à Osheaga avant de sortir un nouveau disque).

Encore aujourd'hui, le premier succès du groupe, Take Me Out, ou Do You Want To, premier extrait du deuxième album, n'ont pas pris une ride.

Franz Ferdinand devait lancer son quatrième album cet été, mais la sortie a été repoussée à une date indéterminée. En entrevue avec Billboard, le chanteur Alex Kapranos a parlé d'un album de «pop sale» avec des rythmes dansants et des vieux synthés russes.

Récemment, Franz Ferdinand a incorporé une reprise de Donna Summer à ses spectacles, de même que quelques compositions. En attendant le nouvel album, espérons que Franz Ferdinand dévoilera quelques-uns de ses nouveaux titres au parc Jean-Drapeau.

- Émilie Côté

Franz Ferdinand se produit vendredi, à 17 h 50, sur la scène Rivière

Santigold (New York, originaire de Philadelphie, révélée en 2008)

Le timbre de la voix, le phrasé, le débit, le caractère enjoué, la détermination, l'indépendance d'esprit, la facture pop-électro-dub-reggae-rock-hip hop.

Voilà autant de caractéristiques qui mènent à croire que Santigold est à M.I.A. ce que Nicki Minaj est à Lady Gaga, parce que ces deux femmes évoluent sur des territoires communs. Qui plus est, Santi White et Mathangi «Maya» Arulpragasam ont chacune fait appel aux services de Diplo et Switch, fameux DJ/réalisateurs dont l'approche autrefois visionnaire fait désormais partie du paysage de la pop mondiale.

Ces embauches communes, d'ailleurs, peuvent être considérées par les mauvaises langues comme un manque de singularité, côté... Santigold. La parenté (et non la comparaison) s'arrête là car la chanteuse afro-américaine greffe des caractéristiques plus rock à sa facture d'ensemble. Se dégage de son travail un arôme new-yorkais. Santigold exhale même une saveur new wave/post-punk qui lui est propre - elle fut jadis «front woman» du groupe punk Stiffed, de Philadelphie dont elle est issue.

On ne peut dire malgré tout que Master of Make Believe, le deuxième album de Santigold en quatre ans, soit un grand cru malgré les quelques accroches et éclairs d'inspiration qui l'émaillent. Au milieu de la trentaine, elle n'a donc pas encore fait preuve de grande créativité en tant qu'artiste solo. Sa performance à venir à Montréal devrait nous fournir des indices supplémentaires sur sa longévité.

- Alain Brunet

Santigold se produit dimanche, à 16 h 45, sur la scène de la Montagne.

The Weeknd (révélé à Toronto en 2011)

À 22 ans, Abel Tesfaye, alias The Weeknd, procède-t-il à son propre avortement professionnel en déclinant toutes les demandes d'interview ou en interdisant les médias de le prendre en photo quand il est sur scène? Enflure de l'égo? Paranoïa?

Écoutons plutôt ses 27 titres déclinés sur trois mixtapes produits en 2011 et offerts en téléchargement gratuit sur son site internet: House of Balloons, sélectionné au Polaris de 2011, suivi de Thursday et Echoes of Silence. Alors? Toutes spéculations au sujet de The Weeknd deviennent futiles.

Ces chansons produisent des ambiances sépulcrales, patibulaires, d'une tendresse carbonisée. Cet afro spleen mis en rimes et en mélodies s'avère aussi gorgé de sensualité, empreint de ce romantisme sombre qui catalyse la grande création depuis la nuit des temps. Et il se trouve que The Weeknd ne fréquente pas exclusivement le noir ou le gris foncé. Il procède d'une magnifique soul-pop-R&B fertilisée aux micro-processeurs, mais dont la haute teneur technoïde n'exclut pas le jeu instrumental.

Ce florilège de références noires et blanches (jusqu'à Gainsbourg!), cette diversité texturale, cette exploitation maximale de tout ce qu'offre la lutherie de 2012, ces époques et styles transcendés par un créateur de chansons à la voix haut perchée, non sans rappeler Michael Jackson, voilà autant de qualités qui suscitent l'admiration.

Abel Tesfaye a beau n'avoir rien à cirer de la gent médiatique, on sera au pied de la scène d'Osheaga où il se produira. On assistera à tous ses concerts tant et aussi longtemps qu'il fera preuve de cette prodigieuse inspiration.

- Alain Brunet

The Weeknd se produit vendredi, à 18 h 40, sur la scène de la Montagne.

The Walkmen (New York, fondé en 2000)

Constitués par deux contingents de musiciens issus des groupes indie rock Jonahan Fire*Eater et The Recoys, The Walkmen a mis le cap sur New York au tournant de la précédente décennie. Puis il a migré vers une certaine sobriété esthétique: choix circonspect dans le jeu des instruments acoustiques ou électriques, parti pris pour l'élégance et un certain classicisme de la chanson rock.

Cela n'exclut pas les évocations d'un passé plus échevelé. Chose certaine, les albums du groupe ont la cote auprès de la critique. Le récent Heaven, lancé en mai, ne fait pas exception.

« Notre progression nous a menés naturellement vers une plus grande expertise, dit Pete Bauer, bassiste et claviériste des Walkmen. Nous avons travaillé fort et j'ose croire que nous sommes meilleurs que nous l'étions.»

Le noyau créatif, poursuit Bauer, est partagé par le guitariste et pianiste Paul Maroon, qui crée les charpentes des chansons, et le chanteur et guitariste Hamilton Leithauser, qui en écrit les mots et en configure les trajectoires mélodiques.

« Tous ensemble, nous travaillons ensuite sur l'habillage de ces charpentes et mélodies. Mais nous sommes aujourd'hui plus méthodiques qu'à l'époque où nous nous retrouvions à cinq dans une même pièce. En fait, la chanson elle-même nous guide vers son traitement. Après avoir fait un certain nombre d'albums, un groupe doit aussi trouver son inspiration en variant les angles d'attaque. »

- Alain Brunet

The Walkmen se produit vendredi, à 14 h, sur la scène de la Montagne.