Il a fait beau, il a fait chaud. Les feux d'artifice de La Ronde sont venus éclairer le ciel samedi, à la fin de la soirée. Mais surtout, le festival Osheaga a attiré une foule record de près de 53 000 personnes, contrairement à 40 000 l'an dernier.

«Nous sommes contents. Cela s'améliore d'année en année», s'est réjoui Nick Farkas, directeur concerts et événement d'evenko.

Après cinq présentations, Osheaga n'est plus un «essai» ou un festival qui veut se creuser des assises solides. C'est devenu, au début du mois d'août, une tradition annuelle pour des milliers de Montréalais, mais aussi des gens de l'extérieur.

«Cette année, plus de 50 % des spectateurs ne viennent pas de Montréal. Osheaga est devenu une destination vacances, a expliqué Nick Farkas. Le concept de ce festival est de promouvoir Montréal comme une destination musicale.»

Pour la cinquième présentation d'Osheaga, le pari était moins risqué pour evenko dans les jours précédant le festival, car moins de spectateurs ont acheté leur billet à la dernière minute. Même que de 60 % à 70 % de tous les billets vendus étaient des passes de deux jours achetées d'avance.

C'est une bonne nouvelle pour le festival, dont la survie était en jeu en 2007, car les premières présentations avaient été déficitaires. Mais l'an dernier, Coldplay avait permis d'attirer 30 000 personnes le premier soir au parc Jean-Drapeau, battant de loin le précédent record de 28 000 personnes pour les deux jours du festival.

Cette année, c'était au tour d'Arcade Fire d'offrir un spectacle magique sous les feux d'artifice, samedi soir, devant 25 000 personnes (voir la critique). Mais Arcade Fire n'est pas un groupe aussi «grand public» que Coldplay. C'est pour dire l'attachement du public au groupe de Win Butler et Régine Chassagne, qui, depuis cinq ans, est le meilleur ambassadeur de Montréal sur la planète indie rock.

Le succès de la journée de samedi - qui avait des têtes d'affiche plus underground qu'hier, comme The National et Pavement - prouve également à quel point le rock dit indépendant ou alternatif s'est démocratisé au fil des dernières années et comment les goûts musicaux du public se diversifient.

Mais arrêtons de parler d'économie et de chiffres pour parler de musique, et revenons à The National, qui a servi une performance solide et inspirée samedi soir, en interprétant surtout des chansons des deux derniers de ses cinq disques, Boxer et High Violet. L'ex-défunt groupe Pavement, qui faisait un grand retour sur scène, a aussi fait plaisir à ses fans en dépoussiérant ses succès Cut Your Hair, Grounded et Range Life. Et c'est avec émotion que Stars a initié le public aux chansons de son nouvel album, The Five Ghosts.

Hier, avec Weezer, Sonic Youth, Devo et Snoop Dogg parmi les têtes d'affiche, la programmation était à l'heure de la nostalgie et plus grand public que la veille.

Deadmau5, qui devait se produire avant Weezer, a annulé sa présence pour des raisons de santé. Metric a donc pris sa case horaire, et s'est fait confirmer par la foule qu'il était un groupe chouchou des Montréalais.

Petits bémols

Des bémols? Comme le festival MEG avait lieu en ville cette année - au lieu d'avoir une scène au parc Jean- Drapeau -, il y avait un manque sur le plan de la programmation des artistes pour qui il y a un buzz. Des artistes qui auraient suscité la même attente que MGMT et M.I.A., par exemple, dans le passé.

Mais la nouvelle scène du Piknic Électronik a connu beaucoup de succès. Il fallait voir la foule danser, hier après-midi, au son des mix de Major Lazer. Mais la proximité de cette cinquième scène avec celle des arbres a nui à la qualité du son de cette dernière. Ce sera par ailleurs amélioré l'an prochain, a dit evenko, qui n'exclut pas l'idée d'ajouter une troisième journée de festival ou une autre scène dans le futur.

Vivement, donc, la sixième présentation d'Osheaga.