Scandaleux, le gala de Jean-François Mercier et Louis Morissette, les premiers à ouvrir les galas Juste pour rire? Non, pas vraiment. S'il y a eu un scandale, et aucun spectateur ne va s'en plaindre, c'est que le gros cave - le surnom de scène de Mercier pour ceux qui pensent qu'on voudrait l'insulter - a volé la vedette à tout le monde!

Parce que le scandale était le thème accrocheur de ce gala animé par ces deux-là qui en ont causé tout un avec le Bye Bye 2008. À part une flèche, ils ne sont pas revenus sur le sujet, mais ont utilisé leur sulfureuse réputation pour s'en donner à coeur joie devant un public qui était là précisément pour ça. «À 200$ le billet, fais oublier au monde qu'ils se font voler par Juste pour rire», demandait Louis Morissette à Mercier dans une vidéo de préproduction du spectacle. Ils ne s'entendaient déjà pas sur les invités. «Sylvain Larocque? On dirait Martin Matte noyé!» se plaignait Mercier.

L'ouverture était en forme de combat de coqs, Louis voulant du glamour et des paillettes, Mercier voulant de l'humour trash, sa spécialité. «Ne «scrappe» pas mon gala, c'est si rare que je passe à TVA», a supplié le chum de Véro, ce couple dont on sait les relations tendues avec l'empire Quebecor - les galas sont tous rediffusés sur TVA. Peine perdue: le gros cave a opposé ses danseuses nues aux danseuses professionnelles (et habillées) de Morissette. Et toute la soirée a été comme cela, Morissette en lançant une, Mercier en rajoutant une couche. «Le scandale, c'est comme un retraité, tu sais jamais quand il va venir», dit Louis. Mercier répond: «Pour moi, le scandale, c'est comme un curé dans un CPE, ça peut venir à tout moment.» Ce duo-là, Morissette en straight man de Mercier, les deux pilotés par Avard, fonctionne, ce qui rend encore plus mystérieux le dérapage du Bye Bye 2008. Ils n'ont pas ennuyé une seule seconde le public à chacune de leurs apparitions, qui éclipsaient presque les performances de leurs invités. Sauf peut-être Renaud (Pierre Hébert), ce personnage de déficient mental, le seul peut-être à pouvoir faire compétition au gros cave qui, lui, n'a pas l'excuse du handicap.

Invités de qualité

Et c'était des invités de qualité: Cathy Gauthier est venue livrer son excellent numéro de «la p'tite madame» qu'on peut voir dans son one woman show, l'inimitable André Sauvé a coché sur sa liste un tas de sujets qu'il n'arrive jamais à placer dans une conversation, tandis que Sylvain Larocque, avec son numéro sur la déclaration de haine, très bien écrit, semblait presque trop subtil et poétique après le passage de Mercier. Deux jeunes humoristes, Daniel Tirado et Guillaume Wagner, ont brisé la glace, avec aisance, Tirado un peu plus décousu que Wagner et son texte sur le bonheur - «Je vous remercie d'avoir des vies misérables, c'est ce qui paye mon loyer!»

Quelques apparitions surprises d'invités spéciaux sont venues donner quelque punchs supplémentaires aux animateurs: Claude Dubois, qui tentait évidemment de passer devant tout le monde, Marc Béland, dans la peau du vrai Renaud d'Annie et ses hommes venu affronter le faux Renaud, ou Georges Laraque, qui voulait utiliser ses talents de bagarreur n'ayant pas servi au Canadien pour taper sur Jean-François Mercier, qui l'avait bien cherché.

Heure de tombée oblige, nous avons dû quitter avant la fin, et avons malheureusement manqué le passage de Mike Ward, qui pouvait représenter un sérieux rival au gros cave, la vraie star de ce gala.