La rumeur de la fin du Mondial choral à Laval plane depuis la présentation du 10e festival, l'été dernier. C'est maintenant chose faite. Dans une déclaration publique, Gregory Charles, qui a fondé l'événement consacré au chant choral en 2005, a annoncé discrètement la fin de son partenariat avec la Ville de Laval.

«La corporation du Mondial Choral a rempli avec énergie et conviction le mandat de réalisation de l'événement de 2005 à 2014, a écrit Gregory Charles. Au terme de la 10e édition, la corporation a choisi de ne pas solliciter un mandat pour poursuivre et la 10e édition de l'événement aura été la dernière.»

La Ville de Laval prétend que sa décision de reconduire ou non son partenariat avec l'entreprise de Gregory Charles n'avait pas encore été prise.

«Nous avons appris par la voix des journaux locaux que M. Charles n'était pas intéressé à poursuivre sa collaboration avec nous », a indiqué le porte-parole du maire de Laval, François Brochu. Il a reconnu que le dialogue entre la Ville et Gregory Charles était «difficile».

Reddition de comptes

Dès la fin du 10e Mondial choral, en juillet dernier, les divergences d'opinions entre la nouvelle administration de la Ville et Gregory Charles avaient été exprimées publiquement, ce qui a ouvert la voie à l'annonce de la fin de ce partenariat. Cette nouvelle survient moins de 24 heures après que le Groupe Musique Greg a annoncé l'acquisition des deux chaînes de Radio-Classique.

«L'administration en place a clairement la volonté d'être extrêmement transparente et systématique. Et c'est très bien, avait déclaré Gregory Charles à La Presse le 7 juillet dernier. Mais de toute évidence, on comprend mal ce qu'est le showbiz. Ils sont très by the book, mais le showbiz exige de la flexibilité», avait-il plaidé.

À l'époque, le maire de Laval, Marc Demers, disait vouloir mettre en place «d'autres normes de reddition de comptes».

Il avait affirmé que la Ville ferait «une analyse serrée» de son investissement dans le Mondial - estimé à 1,36 million pour 2014. «Il faut savoir à quoi sert l'argent des contribuables et où il va», avait-il déclaré.

François Brochu affirme aujourd'hui que la volonté du maire est de maintenir un événement culturel d'envergure à Laval.

«Ça aurait pu être avec M. Charles, affirme-t-il, mais on a bien senti que nos points de vue étaient trop divergents.» Quelle forme pourrait prendre cet «événement culturel d'envergure»? M. Brochu n'a pas voulu en dire plus pour l'instant.

Malgré le bilan positif qu'il a fait du 10e Mondial - auquel ont assisté près de 100 000 spectateurs l'été dernier - , Gregory Charles avait lui-même indiqué sur son site web que, après 10 ans, «une réflexion de fond s'imposait». Le 25 novembre dernier, l'équipe du 50e anniversaire de Laval a annoncé sa programmation. Le Mondial choral n'y figurait pas.

De l'aveu même de Gregory Charles, le Mondial choral n'était pas rentable. L'animateur du Choc des générations a également déploré le manque de concertation entre les différents festivals. Il avait notamment déclaré que les spectacles gratuits des FrancoFolies nuisaient à son festival.

Il estimait alors que trois voies s'offraient à lui: changer ses dates, arrêter ou s'en aller ailleurs.

Un Mondial choral ailleurs?

Le Mondial choral pourrait-il être présenté dans une autre ville? Gregory Charles n'a pas voulu répondre à la question. Dans une entrevue accordée à La Presse en juillet dernier, il avait toutefois admis que d'autres municipalités le courtisaient, sans vouloir en dire plus.

Au cours des six derniers mois Gregory Charles a aussi exprimé le regret d'avoir peut être trop ouvert son festival à des vedettes internationales. À partir de 2012, avec le Groupe Evenko, il s'est inspiré du Festival d'été de Québec pour attirer des stars comme Maroon 5, Aerosmith, The Black Keys et LMFAO.

«C'est une décision douteuse qui a eu comme conséquence d'effriter la clientèle qu'on avait gagnée avec des spectacles de choeur, avait-il dit à La Presse. Le Mondial a connu une croissance soutenu pendant sept ans avant de stagner. Depuis 2013, l'événement est en régression.»

Dans la foulée des allégations de corruptions à Laval - sous la gouverne du maire Gilles Vaillancourt (depuis accusé de gangstérisme), le Mondial Choral avait perdu six de ses partenaires financiers en 2013. Son budget annuel de 5 millions avait dû être amputé de 30%, fragilisant l'entreprise de Gregory Charles.