Pour son 20e anniversaire, le festival Mémoire et racines s'est donné deux missions: rendre hommage à ses fondateurs et articuler une vision stratégique qui permettra à l'événement de s'actualiser et de grandir tout en restant fidèle au «rêve» de ses pères.

«Le gars qui reste assis sur ses acquis, il peut se bercer longtemps», a lancé Yves Lambert, porte-parole de Mémoire et racines 2014, lors du lancement officiel de la programmation, jeudi dernier à Saint-Charles-Borromée (Joliette), où a été confirmée la nouvelle (parue en ces pages la veille) de la reformation, pour deux spectacles, de la Bottine souriante de 1982, le quintette de l'album Chick & Swell dont faisait alors partie Yves Lambert.

Outre la Bottine 82, les festivaliers (re)verront, les 25, 26 et 27 juillet au parc Bosco, le Rêve du diable qui se reforme aussi à l'occasion du 40e anniversaire de sa naissance ; les frères Brunet, premier groupe à monter sur la scène de Mémoire et racines en 1995 ; Le bruit court dans la ville (les favoris des journalistes...); les Siffleurs de nuit, des Bretons de Montréal; Le Patrick Ourceau Trio, voué à la musique irlandaise ; la Beaton Family de la Nouvelle-Écosse ; et Notre-Dame de Grass, un quintette montréalais dont le bluegrass pousse bien au-delà de NDG.

Les deux jours de «pré-festival», dans les bars et bistros du centre-ville de Joliette, culmineront le jeudi 24 avec un grand spectacle extérieur gratuit sur la place publique de la capitale de la musique traditionnelle québécoise (voir memoireracines.org pour le programme complet).

Fiers de leur apport unique à la conservation et à la promotion du «trad», les gens de Mémoire et racines ne se réclament pas pour autant les uniques défenseurs du genre.

«Dans Lanaudière, la musique traditionnelle représente le besoin régional d'expression d'une culture nationale», souligne Cédric Champagne, président de Mémoire et racines.

«La reconnaissance, en 2012, du patrimoine vivant (musique trad, danse, conte, etc.) a constitué une avancée majeure pour sortir le patrimoine vivant de la poussière, explique Cédric Champagne, président de Mémoire et racines, trentenaire à la vision fraîche et moderne. Désormais, on l'espère, il ne sera plus possible d'aller de l'école primaire au conservatoire sans approcher une pièce de musique traditionnelle...»

À Mémoire et racines, Cédric Champagne et ses collègues voient l'expansion passer d'abord par l'ouverture au vaste champ de ce que les anglophones appellent la «folk music» où convergent expression moderne et respect de la tradition. À cet égard, l'inclusion de groupes tels Notre-Dame de Grass représente aussi une «avancée majeure».

Entre-temps, comme bien des événements ailleurs au Québec, Mémoire et racines doit travailler à consolider son statut de «festival de moyenne importance». Avec un budget tournant autour de 450 000 $ - dont une bonne partie vient des pouvoirs publics - , la croissance doit venir de la commandite privée et des revenus autonomes, dans une ville (la MRC de Joliette compte 65 000 habitants) qui compte aussi un festival de musique classique de niveau international.

«C'est pas parce qu'on a 20 ans que ça va être facile», admet d'emblée Yves Lambert, cofondateur de la Bottine souriante et du festival Mémoire et racines, que le groupe a fait naître. Devant l'ampleur du défi, l'énergie, la vision et le plan idoine, la foi aussi en l'action de conservation et de renouveau de la musique traditionnelle québécoise devront continuer de rassembler, dans les méandres de la rivière L'Assomption, ceux et celles qui, de Lanaudière et d'ailleurs, veulent «portager» le rêve.