Quatre albums, plusieurs succès à la radio, des salles remplies, des remises en question sur l'industrie, des bébés et une pause pour se ressourcer ont permis à Kaïn d'être gonflé à bloc pour son album Le vrai monde, sorti en septembre dernier. À l'occasion du 10e anniversaire du groupe folk-rock, qui donne un spectacle extérieur gratuit aux FrancoFolies, entrevue avec le chanteur Steve Veilleux.

«Je sors d'une répétition improvisée dans la maison de Yannick, notre batteur», lance Steve Veilleux, le chanteur de Kaïn.

Les deux pères de famille vivent toujours dans leur ville natale, Drummondville. Amis d'enfance, ce sont Steve et Yanick qui ont planté les premières graines de Kaïn.

«Nous avons fondé le groupe en 1999, raconte le chanteur. Au début, c'était très électrique. Après, nous avons rencontré Patrick Lemieux qui étudiait la musique à Drummondville et on est allé vers le folk et la musique du peuple avec des influences country.»

Une période «d'acharnement collectif» a suivi, avec des centaines de pratiques dans des locaux et des bars miteux. «On gagnait jamais le prix de la critique, mais celui du public. On s'entêtait et le monde nourrissait ça», souligne Veilleux.

Le bassiste Éric Maheu a complété entre-temps le quatuor, qui a sorti son premier album Pop Culture en 2004. «Les Francos, c'est la meilleure place pour souligner nos 10 ans», dit Steve Veilleux, annonçant que Bourbon Gautier, Sébastien Plante et Marc Déry monteront sur scène pendant le spectacle, demain soir, sur la place des Festivals.

À quoi s'attendre? «On va faire une rétrospective des quatre albums, avec un pacing festif.»

Une pause solo inspirante

En 2009, Kaïn a pris une pause pendant laquelle Steve Veilleux a fait un album solo très personnel intitulé Les souvenirs ne meurent jamais, coréalisé avec Éric Goulet, à qui il voue une grande admiration. «Il m'a beaucoup appris. Dans les arrangements, dans la simplicité, dans ce qu'il m'a fait écouter. C'est un tournant à la fois pour moi et pour le band.

«J'ai fait des chansons assez sombres qui m'ont permis de revisiter des zones d'ombre, poursuit l'auteur-compositeur. Mon album solo a amené quelque chose de nébuleux quant à l'avenir du groupe. Mais ça aurait été malsain de ne pas prendre une pause.»

En couple ou au sein d'un groupe de musique, la distance crée de l'ennui et un recul qui nous font apprécier davantage notre chance. Steve, Yannick, Éric et Patrick ont perdu des proches, ils ont eu des bébés. Ensemble. «Ça m'a permis de voir le band d'un oeil extérieur, dit Steve. En recommençant à jouer dans de petites salles avec mon album solo, j'ai pris conscience de tout ce qu'on a vécu et bâti.»

La fin d'un cycle

En intitulant son dernier disque Le vrai monde, ligne directrice qui a guidé la genèse de toutes les chansons, Kaïn a voulu retourner aux sources de son succès, le public, en explorant d'autres sons en studio avec Pierre Duchesne. «Des sons plus organiques avec un autre enrobage.»

Kaïn est un «groupe rassembleur», dont beaucoup de Québécois savent fredonner les paroles des Embarque ma belle, Si on se t'nait, Mexico, La tête en l'air et Adam et Ève.

Avoir un tel sens de la mélodie rassembleuse permet bien entendu d'atteindre les ondes radio, mais est-ce une espèce de don ou d'instinct? «Ce serait un peu prétentieux de dire ça, lance Steve Veilleux en riant. C'est certain que la musique que je compose se doit d'être mélodique. Il y a un côté bonbon, un côté catchy

Ce n'est pas un secret pour personne, Steve Veilleux n'a pas toujours été tendre avec les critiques. À l'image d'un groupe comme Bon Jovi, Kaïn connaît un succès populaire qui dépasse son succès critique. «Je suis quelqu'un de passablement inquiet, confie-t-il. Ç'a du bon, car je ne m'assois pas sur mes lauriers (...) Mais j'aimerais qu'on se tienne plus dans le milieu.»

Quoi qu'il en soit, le chanteur est galvanisé par l'avenir. «J'ai l'impression qu'un nouveau cycle s'amorce et qu'on n'a pas exploré le quart des possibilités qu'on peut faire comme band

Kaïn se produit dimanche soir, à 21 h, sur la place des Festivals avec Marc Déry, Sébastien Plante et Bourbon Gautier comme invités.