Ravissement à l'église St-Jean Baptiste? Ravissement à Pop Montréal? Total. Vendredi soir, les fidèles de toutes générations ont rempli le temple au maximum de sa capacité et célébré en mode grand-messe le répertoire du récent album Love This Giant - étiquette 4AD.

David Byrne, on l'a observé encore cette fois, s'avère l'un de ces rarissimes vétérans à soulever les foules pour d'autres motifs que ceux de son glorieux passé. Voilà un artiste exemplaire qui ne tient rien pour acquis, même après trois décennies d'intenses activités créatrices. Voilà un créateur qui s'est toujours appliqué à exclure la nostalgie de son programme. À l'aube de la soixantaine, c'est toujours le cas et on imagine sans problème que ça le restera.

Dans une forme exemplaire, forme physique ou intellectuelle, l'ex-Talking Heads fait équipe avec la chanteuse et musicienne Annie Clark alias St. Vincent, femme de grand talent, associée à la mouvance indie et qui fait la moitié de son âge. Disons-le haut et fort, il n'y a rien de forcé dans cette association intergénérationnelle dont la création en studio est désormais magnifiée sur scène. Est-il besoin de souligner que l'ouverture d'esprit et l'ouverture du coeur ont préséance sur les considérations d'âge.

Ainsi, l'auditoire montréalais était parfaitement disposé à absorber cette matière neuve, assortie de classiques de David Byrne ou du fameux groupe dont il fut jadis le créateur principal - Strange Overtones, Naive Melodies, Like Humans Do, Lazy, Burning Down The House, Road To Nowhere. Puisque cette entreprise se veut égalitaire, la (très bientôt) trentenaire a aussi pu défendre quelques chansons de son propre répertoire, relu dans cette esthétique «à vents» de l'album Love This Giants - Save Me From What I Want, Marrow, Cheerleader, Northern Lights, Cruel et The Party.

Les réformes proposées à l'interprétation de ces pièces témoignaient de ce désir évident d'élever et d'actualiser la proposition musicale, tant sur le plan de la connaissance que celui de l'avancée formelle. Dans le cas qui nous occupe, les arrangements pour cuivres et anches (tuba, cors, saxophones, trombones, trompette) n'ont d'autre objet que de propulser ces chansons là où elles ne vont pas souvent puisqu'elles comptent normalement sur un accompagnement rock - néanmoins présent au menu: claviers, électronique, batterie et guitare électrique en complément d'orchestre.

Sonorisation plus qu'acceptable, chants idéalement calibrés avec l'accompagnement, mouvements chorégraphiés des instrumentistes et des chanteurs de manière à faire monter l'indice du plaisir. Impact assurément massif sur les murs du temple, sur les esprits qui l'habitent et sur tous les mortels au rendez-vous.

1. Who (Love This Giant)

2. Weekend In the Dust (Love This Giant)

3. Save Me From What I Want (St. Vincent)

4. Strange Overtones (David Byrne)

5. I Am an Ape (Love This Giant)

6. Marrow (St. Vincent)

7. This Must Be the Place (Naive Melody) (David Byrne)

8. The Forest Awakes (Love This Giant)

9. Ice Age (Love This Giant)

10. Like Humans Do (David Byrne)

11. Lightning (Love This Giant)

12. Lazarus (Love This Giant)

13. Cheerleader (St. Vincent)

14. Lazy (David Byrne)

15. I Should Watch TV (Love This Giant)

16. Northern Lights (St. Vincent)

17. The One Who Broke Your Heart (Love This Giant)

18. Outside of Space and Time (Love This Giant)

Rappels:

19. Cruel (St. Vincent)

20. Burning Down The House (David Byrne)

Rappel 2:

21. The Party (St. Vincent)

22. Road to Nowhere (David Byrne)