Contrairement à Lara Fabian, qui y croit encore depuis 2001, je n’avais aucun espoir pour trois des quatre couples qui ont atterri dans le cabinet de la thérapeute Louise Sigouin, il y a un mois.

Madeleine et Michel, âgés de 73 et 72 ans, eux, ça ne compte pas. Leur relation n’éclatera pas en raison d’un casse-tête botché, d’une friperie qui pue ou d’un bâton de marche décoré avec un bec de canard. On les sent solides et ouverts, tant dans le corps que dans l’esprit.

Pour les six autres participants de Si on s’aimait encore à TVA, oh boy, leurs blessures semblaient profondes et inguérissables. Keven et Stéphanie, je veux dire, qui se remet d’un tel film d’horreur de série B qui implique des caméras de surveillance au garage, une maîtresse-marraine et des textos dénigrants ?

Coincés sur leur minibalcon montréalais, Christelle et Gino faisaient pitié. Dépression, violence verbale, tentative de suicide, estime de soi bousillée, alcoolisme et dépendance à la vapoteuse, le menu de choses à réparer était aussi rempli que le bol de popcorn des deux commentateurs.

Pour Kathy et Guillaume, tous les deux âgés de 30 ans, la rupture imminente se dessinait comme un mandala par une journée d’anxiété. Incapable de stopper la roue de hamster qui tournait vite, vite dans sa tête, Guillaume explosait et se gelait la bine, tandis que Kathy écopait.

Puis la magie de Louise et de ses cinq dualités a opéré. On a senti le vent tourner et la vapeur se renverser sur le chemin de l’autonomie affective.

D’abord, Christelle, 39 ans, assistante aux stages dans une université montréalaise, a gagné 178 000 $ à la loterie. Cette scène irréelle, tournée dans un bateau-beigne-barbecue, paraissait scénarisée tellement ce gain était inespéré et inattendu.

La tension a ensuite baissé de plusieurs crans entre eux. Christelle a cédé la moitié du magot à Gino, qui s’offrira un traitement d’orthodontie pour améliorer son sourire qui l’a toujours complexé. C’était franchement émouvant. Je l’écris sans ironie. Tout comme la séquence de mercredi où Gino, 48 ans, a flatté un cheval ayant été battu et torturé, comme s’il consolait le jeune Gino maltraité qu’il a été.

IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Christelle et Gino, deux participants de l’émission Si on s’aimait encore

Je déteste les thérapeutes qui insistent, en inclinant la tête, sur la christie de guérison de son enfant intérieur. Qu’est-ce que tu lui dirais au petit Hugo de l’époque, hein ? Probablement : Braille, tu pisseras moins ! Mais dans le cas de Gino, le geste a été apaisant, donc, c’est correct. Pour cette fois-ci.

L’entrepreneur en paysagement Guillaume a pris des médicaments qui ont calmé ses angoisses et qui lui ont permis de se sortir la tête de l’eau. Le courant passe mieux avec Kathy, même s’il reste de nombreux obstacles sur la route de l’alignement parfait tête-cœur-corps.

Quant à Keven et Stéphanie, j’ai bien de la misère à croire en leur bonheur matrimonial retrouvé sur la terrasse de l’hôtel Warwick Le Crystal de Montréal. Le ton de bébé qu’ils empruntent pour se parler sonne tellement faux. Surtout dans la bouche de Keven, qui dirait n’importe quoi pour se racheter auprès de Stéphanie.

Je t’adore. T’as des belles étoiles dans les yeux. Je t’aime.

Inévitablement, Keven renvoie l’ascenseur à Stéphanie : M’aimes-tu aussi ? As-tu mis une photo de moi dans ton album ? Le tout, demandé comme s’il s’adressait à une enfant de 6 ans.

Le passage de Stéphanie chez « l’hypnotiseur » a débouché sur une métaphore spirito-littéraire dont le sens n’a pas été compris par toutes les personnes impliquées, je pense. Louise Sigouin a rapidement corrigé Stéphanie en référant à l’hypnothérapeute, et non à l’hypnotiseur, qu’elle a consulté. Quand même, on n’est pas dans un show de Messmer.

Puis l’hypnothérapeute a demandé à Stéphanie de fermer, dans son subconscient, le livre de ses traumatismes du passé. « Vous êtes maintenant dans cet endroit très précis, vous pouvez en profiter pour retrouver ce fameux album et vous assurer que l’album est bien fermé », a roucoulé l’hypnotiseur, euh, l’hypnothérapeute.

Honnêtement, j’aurais pris un épisode complet sur la plongée intérieure de Stéphanie dans sa librairie personnelle, où elle a rangé l’album traumatisant – elle a dit au moins 12 fois « une album » – tout au bas de sa bibliothèque.

Mais attention. Ce type de voyage hypnotique se fait à deux, a averti l’hypnothérapeute. Parfait. Alors, je ne pars pas avec Madeleine, car a) elle se sert de portails pour se déplacer d’une dimension à l’autre et b) elle part sans GPS ni téléphone et c’est la recette parfaite pour la chicane du siècle.

Je lévite

Avec Éclipse totale de Jo Nesbø

J’adore les polars et j’aime encore plus l’écrivain Jo Nesbø, créateur de l’inspecteur Harry Hole, un policier qui boit, fume, se drogue et coince tous les tueurs en série de la Norvège (il y en a étonnamment beaucoup). Le dernier tome de la série, Éclipse totale, se divise entre Los Angeles, où le grand Harry s’autodétruit, et Oslo, où un milliardaire coké est soupçonné d’avoir assassiné deux jeunes femmes à la manière d’Hannibal Lecter. L’une a été décapitée. L’autre n’a plus de cerveau. Cassé et banni de la police norvégienne, Harry Hole rentre au pays avec un contrat de détective privé en poche. Il dispose de dix jours pour prouver l’innocence du milliardaire exécrable. Tic, tac, le temps file. Et les cadavres s’empilent.

Je l’évite

La minisérie Mont-Rouge sur l’Extra de Tou.tv

Comment dire ? C’est très moyen comme thriller policier, même si les six épisodes portent la griffe du prolifique scénariste d’In Memoriam et de Doute raisonnable, Pierre-Marc Drouin. Nous sommes dans un village portuaire fictif du Nouveau-Brunswick, Mont-Rouge, où un homme d’affaires (Frank Schorpion) est tué de façon confuse lors d’une fête organisée par le maire. L’intrigue tourne autour de la construction d’un spa nordique haut de gamme (bof !) et de deux policiers dissemblables (classique !), soit le stoïque sergent-détective débarqué de Moncton (Normand Daneau) et la sympathique patrouilleuse locale (Karène Chiasson). Le niveau de jeu – je reste poli – varie énormément d’un acteur à l’autre. C’est plutôt convenu comme histoire, mais Normand Daneau sauve le projet du naufrage avec son personnage de flic bien nuancé.