Ça jouait très fort, dimanche soir, sur du gazon naturel déroulé à Las Vegas et dans une maison-studio trop éclairée au néon, dans l’est de Montréal.

Sur les ondes de RDS, des athlètes des Chiefs et des 49ers en vêtements moulants bottaient un ballon et se fonçaient dessus comme un panier dans les jarrets d’un client chez Costco en heure de pointe. Chez Noovo, des vedettes qui portaient des tuques d’intérieur, du linge mou et du vernis à ongles ont mis K.-O. l’équivalent du quart-arrière de Big Brother Célébrités (est-ce un blitz ?), soit Pat « La Masse » Côté, un des plus influents colocataires de cette quatrième saison, passionnante au possible, seigneur.

La dernière semaine, la plus riche en rebondissements de l’histoire (québécoise) de cette téléréalité, a été rude pour Patrick Côté, le Patrick Mahomes de Noovo et, accessoirement, membre de toutes les alliances imaginables de Big Brother Célébrités, même celles pas encore fondées.

Du joueur le plus riche, le plus craint et le plus admiré, Pat Côté a sombré dans la pauvreté de jetons, et la faction des Dames de cœur a obtenu chèrement sa peau, en dépensant beaucoup de précieux écus dans le magasin.

Dans les faits, c’est le scénariste et comédien Daniel Savoie qui a dilapidé tout son pécule dans a) le médaillon du percepteur, qui lui a permis de détrousser Pat Côté, puis dans b) le pouvoir du double véto, qui l’a extirpé du bloc de mise en danger, tout comme son camarade olympien Charles Hamelin.

Après son effondrement émotif, la comédienne Joëlle Paré-Beaulieu, qui a sauvé sa peau au véto, comme dans un film de Hollywood, a pu conserver son magot, ce qui lui confère encore plus de pouvoir pour les semaines à venir. Quelle joueuse rusée et habile. Le danger maintenant, c’est que la maison se retourne contre Joëlle et la zigouille, parce qu’elle représente une trop grande menace.

Comme le champion qu’il est, Patrick Côté, alias Papa Ours, a quitté dignement la partie, en larmes, et a même imité Luca d’OD dans l’Ouest en glissant une phrase culte de la téléréalité québécoise, comme si quelqu’un venait de périr au combat : « vous êtes comme des soleils ».

J’ai peur que le départ de Patrick Côté, un as de la stratégie et des épreuves, abaisse le niveau de jeu général et ouvre la voie – trop facile – à Joëlle et Daniel pour la finale.

Si ce quatrième chapitre de Big Brother Célébrités est aussi captivant, c’est parce que plusieurs concurrents, dont Pat, Joëlle et Daniel, connaissent les astuces et qu’ils s’impliquent à fond dans les manœuvres de coulisses.

Ça serait d’ailleurs le temps que les « flotteurs » de la maison, dont la youtubeuse Gabrielle Marion, l’humoriste Dave Morgan et l’athlète paralympique Frédérique Turgeon, se réveillent et qu’ils s’investissent dans les manigances, plutôt que de suivre le « leader, leader, follow the leader ».

L’actrice et humoriste Erika Suarez et le designer Jean Airoldi, complices de Pat Côté dans les Zoolanders, ont d’immenses cibles dessinées dans le dos. Avec Charles Hamelin comme nouveau patron, ça sent l’éviction prochaine pour l’un des deux.

Quant à la patronne invisible Ève Salvail, son plan de match a été tout sauf clair. Avant de boucler sa valise, la top-modèle a livré un vibrant plaidoyer féministe pour que les filles ne passent pas toutes à la trappe. Mais une fois en contrôle, Ève Salvail a sacré Joëlle, puis Frédérique sous le proverbial autobus.

Son projet de « sortir un gros joueur » a fonctionné, mais ça s’est fait par un vote serré, aussi mince qu’un poil de crâne rasé.

Pendant la diffusion de La voix, qui a offert un épisode trop tranquille, j’ai zappé plusieurs fois au Super Bowl à RDS pour voir la vedette de la soirée, Taylor Swift. Accompagnée de la rappeuse Ice Spice, de la comédienne Blake Lively et de la chanteuse Lana Del Rey, la superstar de la pop a descendu un verre de bière d’une traite, let’s go ! Le tout, retransmis sur le Jumbotron. Un moment fort de la partie entre Kansas City et San Francisco.

Et le bon Usher, le roi du spectacle de la mi-temps ? Correct, flamboyant et suintant.

Il a compressé plusieurs de ses succès en 13 minutes, avec de nombreux changements de costumes et même une impressionnante séquence de patins à roulettes. Comme en 1986.

Les tambours, les paillettes, l’apparition de H.E.R., tout ça a déboulé rapidement. Et ce fut un brin chaotique. Usher, en sueur après quelques secondes sur la scène, a commencé avec Caught Up puis a enchaîné les tubes U Don’t Have to Call et Love in This Club. Alicia Keys l’a brièvement rejoint au piano futuriste rouge pour un croisement entre If I Ain’t Got You et My Boo, où Usher a lâché un seul gant, référence directe à Michael Jackson. D’ailleurs, Usher danse comme Michael. C’est un solide performeur, dont le catalogue est bien garni.

Rendu à U Got It Bad, fallait s’y attendre, Usher s’est montré les abdos, se débarrassant de ses vêtements blancs griffés Dolce & Gabbana. Il a aussi fait OMG avec will.i.am, mais le clou de la soirée a été l’enchaînement de Turn Down For What et Yeah !, en compagnie de Ludacris et Lil Jon. C’était énergique et survolté. On se serait cru en 2004 (Yeah ! a fêté ses 20 ans en janvier, pouvez-vous croire ?).

La caméra a souvent montré Justin Bieber dans les gradins du stade Allegiant et la rumeur le catapultait sur le terrain avec Usher, son ami et mentor depuis 15 ans. Sauf que non. Justin Bieber n’a pas bougé de son siège. Est-il trop tard pour dire Sorry ?