Préparez le kit de crico ! Ça va prendre un gaz veineux ! Donnez-lui du gluconate de calcium, trois ampoules !

La salle de choc, l’écarteur de côtes ou le protocole de transfusion massive, le jargon hospitalier n’a plus de secret (médical) pour nous, les docteurs de sofa, après l’ingestion de 180 demi-heures de STAT.

Un patient amoché franchit les portes des urgences de Saint-Vincent et, instinctivement, on questionne – dans nos têtes – les ambulanciers à propos de la respiration du blessé, de son pouls, de sa tension artérielle, de la saturation de son sang en oxygène ou de son score de Glasgow.

L’effet STAT ressemble beaucoup à celui de District 31, qui a incrusté les expressions « triangulation des cellulaires » et « mandat d’écoute électronique » dans la psyché collective. À force de fréquenter quotidiennement les médecins fictifs de STAT, leurs expressions se fraient un chemin dans nos cerveaux. Et le scan démontre une atteinte grave à une zone sensible de notre lobe frontal, siège de la parole et du langage.

Cette dernière semaine de STAT, chargée et frénétique, nous a permis de combattre le spleen avec la ricine. L’épisode de jeudi, la finale de mi-saison, a fait craindre pour la vie du préposé aux bénéficiaires Éric Perron (Stéphane Rousseau), intoxiqué à la ricine au contact de la pauvre grand-maman Françoise (Chantale Baril), qui n’a toujours pas prononcé une seule réplique en deux semaines.

Seul l’anticorps monoclonal, un traitement expérimental développé par l’armée canadienne, peut sauver la vie des deux cobayes de Saint-Vincent, bien mal en point. Un des trois « petits-enfants » de Françoise a de toute évidence fabriqué le dangereux poison, qui a été expédié au bureau du premier ministre. Mais lequel ?

Probablement la plus discrète des trois, soit Chloé-Maude (Anyjeanne Savaria). Xavier (Thomas Delorme) et Sasha (Amaryllis Tremblay) ont déjà l’air trop louches.

La voyante Édith O’Neil (Marie-France Marcotte) n’a pas été rassurante avec Éric, avant son transport aérien à la base de Trenton, en lui murmurant : « Je vous regarde, pis je vois rien. Ça n’arrive jamais, il y a un problème. » Le décalage entre l’ésotérisme enveloppant d’Édith, que j’aime déjà, et la rationalité froide des urgentologues donne des scènes vraiment intéressantes.

Maintenant, parlons du cas d’Alix Forgues (Karelle Tremblay). J’aimerais vous dire que sa mort m’a ému aux larmes, mais non. Honnêtement, ce personnage de prostituée diabétique de 26 ans, en guerre contre son beau-père proxénète, m’énervait royalement. Par contre, la séquence où Emmanuelle St-Cyr (Suzanne Clément) a tenté de la réanimer a été joliment chorégraphiée. Et touchante.

L’auteure de STAT, Marie-Andrée Labbé, jongle avec plusieurs balles en même temps, dans des cycles à court, moyen et long terme. C’est une des grandes forces d’attraction de la série quotidienne de Radio-Canada. À l’image de District 31, on règle certains cas rapidement tout en investiguant des histoires de longue haleine, comme la mort du psychiatre François Éthier (Daniel Parent), l’ancien conjoint d’Emmanuelle qui a été poussé en bas de son balcon.

Les circonstances de l’entrée de Jacob Faubert (Lou-Pascal Tremblay) à Saint-Vincent demeurent toujours un mystère, tout comme la présence de M. Pilulier. Pourquoi Jacob tenait-il tant à se rapprocher d’Emmanuelle, en renonçant à un poste au prestigieux hôpital universitaire où travaille Tristan (Steve Gagnon) ?

Heureusement, la valse des bobettes mauves et noires de la ceinture noire en agilité organisationnelle, Laurence Caron (Gabrielle Côté), a été stoppée. Ça s’étirait trop. Et l’élastique a claqué au visage de l’infirmier Daniel (Bruno Marcil), pris en flagrant délit d’adultère par sa copine chirurgienne Isabelle Granger (Geneviève Schmidt), elle aussi engagée dans une relation extraconjugale, mais avec Justin Lemaire (Alexandre St-Martin), le frère de Gabriel (Jean-Nicolas Verreault).

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Pascal St-Cyr (Normand D’Amour) et Claude Coupal (Caroline Néron)

Parlant de « fligne-flagne » coquin, bien content que Pascal St-Cyr (Normand D’Amour) et Claude Coupal (Caroline Néron) aient enfin cédé à leurs pulsions respectives. Avec sa sœur Emmanuelle, Pascal est l’un des personnages les plus captivants de STAT.

Le mardi 21 novembre, STAT a fracassé un record d’écoute avec 1 991 000 téléspectateurs rivés à leur écran, des données qui incluent les enregistrements. Ce chiffre impressionnant égale la meilleure performance de District 31, qui a été établie le 4 octobre 2021.

Les scénaristes d’Indéfendable auraient des leçons à tirer de l’épaisseur des personnages et de la profondeur des intrigues de STAT. Le cas du pasteur baptiste Martial Quintal (Benoît Brière) et de sa femme dévouée Myriam Ferron (Ingrid Falaise) a été du calibre de la petite Aurore, l’enfant martyre.

Châtiments corporels à la règle de bois, références multiples au Seigneur, enfants enfermés dans un placard au nom de la religion, le diable de l’homosexualité, tout ça a été gros, télégraphié et peu réaliste.

À l’époque, la pauvre Aurore Gagnon a été punie pour des crimes pas mal moins graves que ceux commis par les créateurs d’Indéfendable (bruit de bûches dans le poêle, goût de savon noir dans la bouche).

Je lévite

Avec les nouveaux épisodes de The Crown

Netflix a déposé jeudi les six derniers épisodes de la sixième saison de The Crown, qui boucleront cette superbe saga royale. Savourez-les, car il n’y en aura plus jamais de nouveaux. The Crown a connu des saisons moins fortes, comme celle-ci, qui se rend jusqu’en 2005. Reste qu’un chapitre moins réussi de The Crown demeure une œuvre somptueuse et scintillante, qu’il fait bon de déguster avec un bon thé et un feu de foyer à proximité. Cheers, love !

Je l’évite

La pub de Noël de Tanguay

Au premier visionnement, c’est mignon. Au troisième, ça va encore. Au 74e, c’est carrément lourd. D’abord, le petit garçon qui pitonne sur le fauteuil inclinable de son grand-papa endormi s’exprime comme le petit Zachary dans 5Rang : « Y en a-tu qui ont des demandes spéciales ? » Ensuite, ledit grand-père, qui ronfle de façon atroce, a l’air complètement gazé aux anxiolytiques, le pauvre (ou le chanceux ?). La version de Jingle Bells des Chipmunks n’est pas si mal, finalement.