Enrhumé, grognon et les sinus bloqués comme la totalité des rues de Montréal, j’ai coulé au fond, désolé, et j’ai été aspiré par les eaux peu turbulentes et savonneuses de Virgin River, la comédie romantique la plus populaire de Netflix depuis cinq ans déjà.

Oui, c’est mauvais comme soap. La production abuse de la guitare acoustique mélancolique pour marquer chacun des moments d’émotion, tristes ou heureux, et il y en a en titi. Des chandelles beiges brûlent dans chacune des scènes – ou presque.

Un feu de foyer crépite même en été, alors que les personnages sirotent leur thé vert en réajustant leurs vêtements chics, mais confortables.

Aucun acteur connu ne joue dans Virgin River, à part ceux et celles qui peuplent les films en carton-pâte de la chaîne Hallmark.

Netflix n’injecte aucun dollar dans sa promotion, et pourtant, le feuilleton se hisse systématiquement au sommet du palmarès d’écoute, écartant même du podium la superproduction Stranger Things, fabriquée avec dix fois plus d’argent.

Un prof en communication de l’UQAM se gratterait ici frénétiquement le coco : comment Marshall McLuhan expliquerait-il un tel phénomène ? Très simple. Virgin River est une série rassurante, calme et réconfortante, où l’entraide et l’optimisme s’activent quand la catastrophe survient.

Un gigantesque incendie de forêt menace d’avaler la charmante ville forestière de Virgin River, lovée dans le nord de la Californie ? Vite ! Toute la communauté se mobilise, menée par la vaillante mairesse qui s’appelle Hope, ça ne s’invente pas.

Virgin River s’inscrit à contre-courant des séries frénétiques et agressives, qui cartonnent sur les grandes chaînes. On vit paisiblement à Virgin River, on placote au resto-bar de Jack, la plaque tournante du village où se réunit le club de tricot intergénérationnel (bien sûr). À Virgin River, on respecte les aînés, on les écoute et on ne les ridiculise jamais, même s’ils paraissent dépassés par la « vie moderne ».

Les habitants dorment dans de chaleureuses maisons en bois rond, qui ont l’air de sentir le pot-pourri coûteux et le café filtre de qualité. À Virgin River, on conduit de jolis camions vintage que les hipsters s’arracheraient dans le Mile End. La mode oscille entre le « sexy bûcheron à barbe de trois jours » et « la prof de yoga en pause chez Starbucks ».

À Virgin River, tout le monde pratique une activité de plein air et tout le monde s’extasie devant la beauté sauvage de la glorieuse nature. On jogge dans la forêt dense, on pêche à la mouche, on grimpe des parois rocheuses, on s’adonne à la randonnée pédestre et on se salue toujours. Comment a été la collecte de vêtements pour les sinistrés des incendies ?

IMAGE FOURNIE PAR NETFLIX

Alexandra Breckenridge et Martin Henderson

Sans sombrer dans la mesquinerie, disons que l’histoire de Virgin River se suit plus facilement que celle de Twin Peaks. J’ai commencé à la cinquième saison, sans avoir vu les quatre précédentes, et j’ai tout compris, même en n’étant pas la lime la plus aiguisée de la trousse de beauté.

Adaptée des romans de l’écrivaine Robyn Carr, la série tourne autour de Melinda Mel Monroe, une superinfirmière endeuillée qui fuit sa vie trépidante – et traumatisante – à Los Angeles pour se réfugier dans les bras doux et feuillus de Virgin River, quasiment à la frontière de l’Oregon, où elle remettra les compteurs à zéro.

La rousse Mel décroche un emploi à la seule clinique médicale de Virgin River, une clinique d’allure rustique évoquant à la fois un lodge d’après-ski et un apothicaire des Pays d’en haut. Le docteur y est bourru et âgé, mais Mel le charme, comme elle enjôle tout le village avec sa personnalité pétillante et enveloppante.

Et qui dit Virgin River dit romance sucrée, bien sûr. C’est compliqué, mais Mel en pince pour Jack, un ancien officier de la marine américaine (indice : choc post-traumatique !) qui exploite le seul resto-bar de Virgin River. Parmi les autres personnages pivots, il y a le vilain Brady, l’avocate engagée Brie et la menteuse Charmaine.

Malgré son aspect catalogue de L. L. Bean, Virgin River expérimente son lot de problèmes : crise du fentanyl, trafic d’opioïdes, culture illégale de marijuana, maladies dégénératives, violence conjugale, mais rien qui ne se règle pas avec un grand verre de vin rouge californien (sûrement du cabernet sauvignon) et une franche discussion à cœur ouvert, de préférence avec une vue sur les montagnes majestueuses.

À 3 millions de dollars l’épisode, soit l’équivalent du budget d’une heure de La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, Virgin River est l’anxiolytique télévisuel qui coûte le moins cher à produire. Et l’ordonnance se renouvelle automatiquement tous les ans.

Je lévite

Avec La guerre des fans sur Noovo

PHOTO FOURNIE PAR NOOVO

Phil Roy à la tête de La guerre des fans

Ce jeu musical dirigé par Phil Roy a glissé sous le radar, mais c’est probablement le concept qui s’approche le plus de l’énergie contagieuse de La fureur depuis 15 ans. On cherche des paroles de chansons connues, on s’adonne à du karaoké troué, bref, on s’amuse en se picossant sur le pointage. Ça joue les lundis à 20 h, coincé entre 5e Rang et Sorcières.

Je l’évite

Les abréviations qui changent !

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le logo du SPVM

D’une série québécoise à l’autre, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) devient le Service des enquêtes indépendantes (SEI) ou le Bureau des enquêtes externes (BEE). La DPJ se transforme en DPJQ. La Sûreté du Québec (SQ), c’est la Sécurité du Québec. Le DPCP s’appelle le DPCQ, tandis que le SPVM passe en format SPDM. C’est une question de droits, certes, c’est mélangeant quand même.