Il est grand, le mystère du vortex de télé-internet qui nous aspire dans un tourbillon de recherches à la fois inutiles et captivantes en plein visionnement de notre série préférée.

Pendant la cinquième saison de The Crown, pause, on disparaît sur Google ou Wikipédia, qui nous recrachent un paquet d’informations sur l’année de construction du yacht royal Britannia (de 1952 à 1953) ou sur la position hiérarchique de la « très bonne amie » du prince Philip, Penelope Knatchbull (elle est la comtesse Mountbatten de Birmanie).

On le fait tous, avouez. On stoppe notre écoute pour le moindre micro-détail qui retrousse et, boum, on tombe dans un puits sans fond, un rabbit hole en anglais (terrier de lapin). Il jouait dans quoi, Jeremy Allen White, avant de cuisiner de (délicieux) sandwiches au bœuf dans The Bear sur Disney+ ? Réponse : dans Shameless (Sans regret), où il incarnait Lip Gallagher.

Et la dégringolade dans les sous-couches de Reddit s’enclenche. Un simple épisode d’une heure de House of the Dragon se mue ainsi en cours préuniversitaire de deux heures trente minutes sur l’influence des Rois maudits de Maurice Druon dans la construction de l’univers néo-médiéval de George R. R. Martin.

Le vortex/puits sans fond m’a de nouveau avalé dimanche soir lors de la diffusion de l’avant-dernier épisode de l’excellent Lotus blanc (The White Lotus) sur Super Écran et Crave. Tel une Monic Néron à Deuxième chance, j’ai googlé frénétiquement : le prix d’une chambre au Four Seasons de Taormine où a été tournée la série (2000 $ !), le titre des chansons de pop italienne diffusées dans l’épisode (Ciao, Ciao !), le nom du personnage de Jennifer Coolidge dans Blonde et légale (Paulette Bonafonté), et je suis tombé sur une entrevue de l’acteur Theo James – alias Cameron le banquier douchebag – où il parle de la prothèse pénienne qu’il a enfilée au premier épisode.

PHOTO TIRÉE D’IMDB

La directrice de l’hôtel White Lotus, Valentina (interprétée par Sabrina Impacciatore)

Aussi tapé dans le moteur de recherche : pourquoi les riches vacanciers du White Lotus mangent-ils toujours au restaurant de l’hôtel, alors que leurs fortunes personnelles achèteraient les meilleures tables de toute la Sicile, voyons ? Selon le Wall Street Journal, qui a sérieusement fouillé la question, il s’agit simplement d’une astuce scénaristique pour permettre à tous les personnages, clients, visiteurs et employés du White Lotus de se croiser au buffet, à la plage ou au piano-bar. C’est logique. D’un point de vue télévisuel, du moins.

Les recherches les plus prenantes sur The White Lotus 2 tournent autour des théories à propos du punch final et de l’identité des gens qui mourront avant l’apparition du générique de clôture. Précision, ici. Non, je n’ai pas vu le dernier épisode de The White Lotus 2, que Crave et Super Écran relaieront dimanche à 21 h, je suis autant dans le néant que vous.

Mais j’ai lu une tonne d’hypothèses croustillantes, dont une plausible et juteuse à propos de la joliment perdue Tanya (Jennifer Coolidge), qui a été absorbée par l’entourage festif du mystérieux Quentin (Tom Hollander).

Dans la chambre rococo où Tanya a couché avec le sexy mafieux poudré, il y avait une photo de Quentin et du cowboy hétéro du Wyoming qu’il a tant aimé, il y a longtemps, un cowboy qui ressemblait drôlement à Greg (Jon Gries), l’époux de Tanya. Oups. Un point rouge lumineux près du plafond indiquait également qu’une caméra filmait les ébats entre Tanya et son étalon italien.

Cette vidéo compromettante annulerait assurément tout contrat de mariage entre Greg et la milliardaire Tanya. Et ce n’est pas pour rien que le (faux) neveu de Quentin, qui a éloigné l’assistante de Tanya du party à Palerme, disait que son oncle allait bientôt se renflouer. Greg et Quentin collaborent depuis le début pour plumer Tanya, doux Jésus ! J’adore cette thèse.

Chose certaine, la pétillante Daphné (Meghann Fahy) ne meurt pas. C’est elle qui découvre le premier cadavre flottant dans la mer. On imagine qu’elle aurait reconnu son mari Cameron, mais elle pourrait aussi jouer à l’actrice pour camoufler son meurtre parfait, qui sait.

Autre tueur potentiel : le timide marathonien geek Ethan (Will Sharpe), qui soupçonne sa copine Harper (Aubrey Plaza) d’avoir couché avec son pote Cameron. Il fait très psychopathe, notre réservé Ethan. Drapeau rouge.

Ma théorie préférée concerne l’escorte Lucia (Simona Tabasco), qui aurait comploté avec son petit ami local pour escroquer la famille Di Grasso au grand complet, grand-père, père et fils. Ça serait du génie.

J’ai beaucoup aimé The White Lotus 2, qui se regardait avec plusieurs niveaux de lecture, et bonne nouvelle, la chaîne HBO a commandé un troisième chapitre. Congratulazioni !

Ken Scott au petit écran

Après Xavier Dolan sur Club illico, au tour du cinéaste Ken Scott (La grande séduction) de sauter du grand au petit écran. Selon mes taupes, le réalisateur de Starbuck et d’Au revoir le bonheur concocte une grosse minisérie d’époque pour la plateforme Crave de Bell Média, qui se tournera en anglais et en français.

Le sujet : le crime organisé et les nombreux vols de banque qui ont secoué Montréal dans les années 1970. Ken Scott écrira le scénario, en plus de s’installer derrière la caméra. Aucun acteur n’a encore été choisi pour ce projet secret, produit par KOTV. J’attends maintenant d’autres rapports de mes espions, merci.