« C’est vraiment l’année de trop de District 31 ! Franchement, le truc du gilet pare-balles, tellement improbable et ridicule ! OK, Luc Dionne manque tellement d’inspiration qu’il a essayé de se débarrasser de Noélie [Catherine St-Laurent], c’est fini pour moi ! »

Chers fans de District 31, calmez-vous. Ça devient lourd, votre litanie de plaintes et vos menaces d’abandonner la populaire série de Radio-Canada à la moindre contrariété. Vous râlez sur tout, tout le temps, sans prendre de pause-café filtre ou faire une marche dans le stationnement. Ça use, toutes ces piques répétées.

Quand la COVID-19 a stoppé les tournages du populaire feuilleton policier, vous avez tous grimpé dans les rideaux. Mais qu’est-ce qu’on va faire à 19 h, hein ? District 31, c’est un service essentiel ! Ramenez-nous nos enquêteurs !

Dans un contexte sanitaire archi-difficile, District 31 a réussi à rallumer ses caméras en respectant un paquet de consignes techniques contraignantes. Un petit miracle, à l’été 2020, rappelez-vous. Et quelle a été votre réaction en visionnant ces épisodes distanciés, qui ont été livrés de peine et de misère ? La mitraillette de reproches.

« Voyons donc, les personnages qui se tiennent à deux mètres de même, c’est tellement gênant et mal fait ! » Vous avez ensuite passé les deux semaines suivantes à relever chacune des fois où la distanciation était visible à l’écran. Oh, elle était visible, la distanciation. Mais c’était ça ou rien du tout.

Quelques mois plus tard, quand l’auteur Luc Dionne, pour pimenter son récit, a esquissé un potentiel départ du commandant Daniel Chiasson (Gildor Roy), vous avez collectivement capoté. « Pour vrai, si le commandant Chiasson meurt, je ne regarderai plus jamais District 31, c’est terminé ! Vous venez de perdre votre plus fidèle téléspectateur », avez-vous écrit sur les réseaux sociaux.

Ce commentaire-là, je l’ai lu au moins 1000 fois. Il revient à heures fixes, comme Stéphanie Malo (Virginie Ranger-Beauregard) avec sa mallette de travail.

Depuis deux ans, vous ne laissez plus aucune chance aux nouveaux personnages de District 31. Tout de suite, c’est la guillotine. Après une seule apparition de la lieutenante-détective Mélanie Charron (Ève Landry), votre jugement était tombé : je « l’haïs », elle est bête, pas assez ci, trop ça. Vous avez même réclamé le retour de (feu) Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) au 31. Vous êtes nombreux à penser que Nadine n’a pas été tuée, qu’elle va réapparaître pour la grande finale. C’est du niaisage. Nadine est morte et enterrée. Oubliez-la.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Le commandant Chiasson (Gildor Roy) et la lieutenante-détective Mélanie Charron (Ève Landry)

La mort de Poupou (Sébastien Delorme) vous a également secoués : comment Luc Dionne ose-t-il nous faire ça ? C’est sûr que je décroche sans Poupou ! Mais non, encore une menace en l’air. Vous êtes tous restés. Fidèles aux rendez-vous de 19 h.

Quand Luc Dionne a annoncé, il y a deux semaines, qu’il était brûlé et qu’il débranchait District 31, une vague d’amour a déferlé sur lui. Merci pour toutes les histoires divertissantes, monsieur Dionne, on vous aime à la maison ! Le scénariste méritait chacune de ces tapes dans le dos pour le boulot colossal qu’il abat depuis six ans.

La lune de miel n’a pas duré très longtemps. Jeudi dernier, quand Noélie St-Hilaire a été victime d’un attentat dans sa Honda, vous avez de nouveau récité le chapelet de remontrances. Le tireur n’a pas visé la tête, quel manque de réalisme ! Ben oui, une autre fusillade, on dirait que Luc Dionne recycle ses vieux scénarios !

Lundi soir, quand il a été révélé que Noélie avait enfilé un gilet pare-balles par mesure de précaution, c’est reparti. Voir si une policière part du poste avec sa veste ! Le tireur a visé direct sur le gilet, LOL ! Quel amateur ! Ont-ils recruté ce tueur à gages sur Marketplace ?

Je ne sais pas si c’est la maudite pandémie ou l’anticipation du deuil à faire qui pousse autant de gens à critiquer les intrigues de District 31, mais c’est pesant, longtemps. Qu’allez-vous faire pour décompenser l’automne prochain quand la musique saccadée du générique ne résonnera plus dans vos salons ?

Luc Dionne écrit District 31 seul, épaulé par sa conjointe Annie et ses deux producteurs, Fabienne Larouche et Michel Trudeau. C’est tout. Imaginez la pression qui repose sur ses épaules. Plus de 1,6 million de fans scrutent son travail à la loupe sur une base quotidienne. L’auteur ne peut se permettre aucune baisse de régime, c’est fou.

Oui, je comprends la signification du proverbe « qui aime bien, châtie bien ». Votre attachement à la série se traduit en remarques émotives. Vous adorez District 31, vous voulez que la qualité se maintienne jusqu’au dernier épisode. Et vous êtes tellement investis dans les intrigues que vous vous sentez insultés durant les revirements moins plausibles.

Luc Dionne connaît la police, les amis. Il a également 120 demi-heures à pondre par année. C’est certain qu’il va échapper quelques balles en jonglant sur le terrain. L’important, c’est de conserver une bonne moyenne au bâton. Ce que le scénariste a fait pendant six saisons.

Ce que je veux dire, en quatre mots, c’est : donnez-lui un break. Et calmez-vous le pompon. Une infusion de kratom, à faible dose, il paraît que ça minimise la douleur et égalise le moral. J’ai vu ça dans une certaine émission.