Les passagers du REM qui vont et viennent entre Montréal et la Rive-Sud sont devenus des spectateurs du Phare sur le fleuve, cette magnifique fresque intégrée aux 500 balcons d’un complexe de Griffintown. Espérons qu’ils lèvent parfois les yeux vers les fleurs, les oiseaux et les poissons de la fable de René Derouin.

« J’étais vraiment emballé par l’audace de ce projet-là », confie René Derouin, au milieu des balcons où sont reproduites quatre de ses œuvres murales, dans un complexe immobilier. « C’est un des projets qui m’ont demandé le plus de réflexion, dit l’artiste, qui en a pourtant vu d’autres. Ça m’a fait évoluer dans mon travail, ça m’a influencé. Parce que dans ça, il y a beaucoup de ce que j’ai fait ailleurs, avant. »

Les quatre murales se déclinent sur les façades. Chacune a son paysage, mais l’histoire est la même. On y parle du fleuve, de ses habitants et de leur migration. Chacun des propriétaires a une œuvre unique et un point de vue unique sur le projet.

Quand tu es seul dans ton condo, il n’y a que toi face à ce qui t’est présenté. C’est comme si tu avais un tableau chez toi.

L’artiste René Derouin

Un phare sur le fleuve a demandé un travail colossal. L’artiste a d’abord réalisé l’œuvre sur papier, puis elle a été découpée en 2247 petits morceaux de verre trempé, d’environ 4x4 pieds. Chacun des panneaux de verre contient une partie de l’histoire.

« Nous nous sommes assurés de trouver une façon de faire pour que l’œuvre ne se dégrade pas, que ça soit imprimé dans le verre », précise Marco Fontaine, vice-président développement résidentiel et marketing du promoteur immobilier Devimco. M. Fontaine faisait partie du jury qui a choisi l’œuvre, il y a quelques années.

Un phare sur le fleuve
  • « Il y a plusieurs niveaux à un projet comme celui-là, dit l’artiste. Il est collectif, dans l’espace urbain. »

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    « Il y a plusieurs niveaux à un projet comme celui-là, dit l’artiste. Il est collectif, dans l’espace urbain. »

  • « Je voulais vraiment gagner ce concours », confie René Derouin, sur un balcon du complexe. L’artiste octogénaire précise qu’il y avait des plus jeunes qui participaient aussi à ce concours d’art public. Devimco avait sollicité quelques artistes pour qu’ils présentent des projets.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    « Je voulais vraiment gagner ce concours », confie René Derouin, sur un balcon du complexe. L’artiste octogénaire précise qu’il y avait des plus jeunes qui participaient aussi à ce concours d’art public. Devimco avait sollicité quelques artistes pour qu’ils présentent des projets.

  • Une partie de l’œuvre n’est visible que par les résidants, mais la majorité se trouve sur des côtés qui font face aux rues avoisinantes ou aux rails du REM. On voit aussi très bien les images sur les balcons à partir du bassin Peel et de l’autoroute Bonaventure.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Une partie de l’œuvre n’est visible que par les résidants, mais la majorité se trouve sur des côtés qui font face aux rues avoisinantes ou aux rails du REM. On voit aussi très bien les images sur les balcons à partir du bassin Peel et de l’autoroute Bonaventure.

  • René Derouin explique que la conception a été complexe, car il y avait plusieurs spécifications très précises dans la demande, dont la représentation, d’une quelconque façon, des peuples fondateurs de Montréal.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    René Derouin explique que la conception a été complexe, car il y avait plusieurs spécifications très précises dans la demande, dont la représentation, d’une quelconque façon, des peuples fondateurs de Montréal.

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Bien qu’elle soit douce comme un conte pour enfants, certains clients n’étaient pas enchantés d’avoir une partie de fresque intégrée à leur balcon. Marco Fontaine explique que des propriétaires craignaient qu’ils perdent de la luminosité, ce qui n’est pas vraiment le cas. Au contraire, les animaux et les fleurs donnent un (petit) peu d’intimité aux résidants.

Une flore insaisissable

René Derouin a conçu cette œuvre au Mexique. Il y a un studio qu’il visite tous les ans et c’est là qu’il a élaboré son œuvre, qui est un hommage à la nordicité et à la Flore laurentienne de Marie-Victorin.

« J’ai connu le frère qui a dessiné toute la Flore laurentienne, dans les années 1950 », explique l’artiste qui habite dans les Laurentides et qui travaille avec la nature depuis des décennies.

Je suis surtout intéressé par l’aspect graphique du végétal.

L’artiste René Derouin

Du bas en haut, la vie s’éveille. Commençant d’abord par la terre, jusqu’au ciel, avec des oiseaux qui s’envolent.

« Je suis un artiste narratif », nous dit René Derouin au milieu de la cour intérieure du complexe, là où deux façades se font face, se répondent. L’artiste est gentil de préciser ce qui est assez évident : son Phare se déploie comme une histoire qu’il nous raconte et qu’on s’approprie, mais qui reste en partie insaisissable puisqu’à moins d’y mettre beaucoup de temps et d’efforts, il est impossible de voir l’intégralité de l’œuvre, présentée sur quatre façades de 21 étages.

Qui est René Derouin ?

  • Né en 1936 à Montréal, René Derouin est un artiste multidisciplinaire qui vit à Val-David, où il a fondé Les Jardins du précambrien.
  • Il se familiarise avec l’art mural dès les années 1950. Il soutient que ses œuvres sont habitées par celles qui les ont précédées.
  • L’artiste sera à Kyoto en janvier prochain, pour une exposition avec quatre artistes canadiens.
Consultez le site de René Derouin