Un changement de nom
La direction de l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC), qui organise l’évènement, justifie son changement de nom par le fait que la Foire n’est plus consacrée aux seules « œuvres sur papier », et ce, depuis 2019. « L’art est plural, il y a aujourd’hui plusieurs médiums, nous dit la directrice générale de l’AGAC, Julie Lacroix. On aimait bien l’idée de la pluralité des voix, des artistes, des galeries. » Consciente que le nom Plural (qui veut aussi dire pluriel en anglais) ne fait pas l’unanimité, elle estime que l’intrigant adjectif fera son chemin. « Il fallait remplacer le mot “Papier”, qui ne traduisait pas toute la variété des œuvres que nous présentons et qui ne nous aidait pas à attirer les grands collectionneurs qu’on veut voir ici. »
Qu’est-ce qu’on y trouvera ?
Historiquement, on a toujours trouvé de tout à la Foire Papier/Plural, mais surtout pour toutes les bourses. Depuis 2019, les œuvres sont extrêmement variées : peintures, dessins, estampes, sculptures, verre soufflé, vidéos, installations, il y en a vraiment pour tous les goûts, mais y aura-t-il une forme privilégiée ? « On sait qu’il y aura beaucoup de peintures, la forme d’art qui se vend toujours le plus et qui attire les collectionneurs d’art, nous dit Julie Lacroix. En fait, nous allons découvrir les œuvres présentées presque en même temps que les visiteurs puisque les galeries d’art invitées ont carte blanche. » Julie Lacroix nous indique toutefois que les collectionneurs de Projet Casa se sont associés à Plural pour présenter une installation de la jeune artiste Caroline Mauxion.
Une Foire pour qui ?
La mission de la Foire désormais Plural, depuis ses débuts, a toujours été de démocratiser l’art, de rejoindre les premiers acheteurs et le grand public. L’évènement a pris des allures de « Salon du livre des arts visuels ». Mais depuis quelques années, l’AGAC a voulu plaire à une autre clientèle : les collectionneurs d’art. De sorte que les artistes vedettes sont plus nombreux, mais les prix des œuvres sont aussi beaucoup plus élevés. « C’est vrai, convient Julie Lacroix, mais on continue de s’adresser au grand public. Par exemple, on retrouve près de 300 œuvres de moins de 2000 $ cette année, donc même si elles ne sont pas mises en évidence derrière les kiosques des galeries, on peut demander à voir l’inventaire où elles se trouvent. » Certaines galeries proposeront aussi leurs coups de cœur destinés aux premiers acheteurs.
Une expo consacrée à sept artistes
Une nouveauté cette année : sept artistes canadiens en art contemporain ont été choisis pour cette expo multidisciplinaire réunissant peintures, sculptures, œuvres textiles et installations multimédias. Adam Basanta (Ellephant), Rick Leong (Bradley Ertaskiran), Shannon Bool (Daniel Faria Gallery), Élisabeth Perrault (Pangée), Graeme Patterson (Chiguer art contemporain), Sarah Stevenson (Blouin Division) et Lorna Bauer (Galerie Nicolas Robert) font partie des happy few sélectionnés par le comité directeur de la Foire Plural mis sur pied pour l’occasion. Chaque artiste présentera une œuvre majeure. « L’an prochain, on songe à confier l’expo à un commissaire », précise Julie Lacroix.
Les galeries représentées
L’AGAC a invité une cinquantaine de galeries d’art pour participer à sa 16e Foire, soit cinq de plus que l’an dernier. Toutes les galeries présentes doivent représenter des artistes, ce qui exclut d’emblée les centres d’artistes et désavantage les galeries « alternatives » – au service des artistes, mais qui ne les représentent pas, un peu comme le fait Studio Cache, véritable pépinière de jeunes talents. « On n’est pas opposés à accueillir des galeries-projets, qui ne font pas de représentation, nous dit encore Julie Lacroix, c’est déjà arrivé avec les galeries Tap, Parc Offsite ou encore Toward, mais aujourd'hui, ces galeries-là représentent des artistes. » La direction a dû refuser – faute d’espace – une dizaine de galeries pour la Foire Plural de ce printemps.
L’art et l’intelligence artificielle
C’est un des sujets qui seront abordés lors du Forum Plural. « Quelle est la place de l’humain dans le processus de création ? » sera une des questions soulevées dans cet atelier auquel participera Valentine Goddard, avocate et commissaire ayant une expertise en intelligence artificielle. La directrice générale d’AI Impact Alliance se prononcera sur les nombreuses questions de propriété intellectuelle. L’apparition des logiciels Dall-E, Midjourney ou encore Stability AI a changé le paysage virtuel des arts visuels. Il suffit en effet de taper une description de ce que l’on veut voir apparaître et le style qu’on veut adopter, et paf ! une œuvre est ainsi créée. « C’est ultraréaliste », nous dit Valentine Goddard, qui espère ouvrir la discussion sur la manière d’encadrer ces œuvres.
La Foire Plural aura lieu du 21 au 23 avril au pavillon du Grand Quai du Vieux-Port de Montréal.
Consultez le site de la Foire Plural