La Galerie 3 ouvrira, le 30 mars, un nouvel espace dans l’édifice du Belgo, à Montréal. La galerie d’art de Québec change aussi de nom. Elle s’appellera dorénavant la galerie Chiguer Art contemporain, du nom d’Abdelilah Chiguer, cofondateur de la Galerie 3 en 2015.

Le Belgo poursuit son retour en force en tant qu’épicentre du marché montréalais des galeries d’art. La Galerie 3, qui représente, à Québec, les artistes BGL, Laurent Craste, Dan Brault, Daniel Barrow, François Morelli, Paryse Martin, Jean-Pierre Morin, Mathieu Valade, Martin Bureau ou encore Claudie Gagnon, s’y installera dès la fin du mois.

La Galerie 3 a été créée par Abdelilah Chiguer, Norbert Langlois et Pascal Champoux. Ce dernier est mort accidentellement en 2017 et Norbert Lacroix a vendu ses parts à M. Chiguer à la fin de 2022. La Galerie 3, c’est celle qui a vendu en 2017 au collectionneur Marc Bellemare, pour 220 000 $, l’œuvre L’Atelier que BGL avait présentée à la Biennale de Venise deux ans auparavant, dans le cadre de son installation Canadisssimo.

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Abdelilah Chiguer et Norbert Langlois, devant Les embaumeurs, œuvre d’Annie Baillargeon

La nouvelle galerie de 1250 pi⁠2 sera située au 4étage du Belgo, dans le local 416 qu’occupait auparavant la galerie d’art photographique La Castiglione. Un étage qu’Abdelilah Chiguer connaît bien puisque la Galerie 3 y a présenté, en 2015, sa première expo hors de Québec – un pop up, comme on dit dans le milieu – avant d’y organiser d’autres pop up, les années suivantes.

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE 3

Abdelilah Chiguer à l’entrée de son nouvel espace

« On vient au Belgo car il y règne un nouveau dynamisme, dit M. Chiguer. Depuis la création de notre galerie, on voulait venir à Montréal. On y a fidélisé des clients. La pandémie a retardé notre projet. Mais la base est solide maintenant pour aller de l’avant. »

L’exposition inaugurale, du 30 mars au 30 avril, comprendra des œuvres des artistes de la Galerie 3, notamment de deux recrues, le bicéphale Cozic et le sculpteur Gilles Mihalcean. « Il y aura aussi des œuvres de Pierre Ayot, dit Abdelilah Chiguer. Je travaille avec Madeleine [Forcier] pour permettre de faire des liens entre Pierre Ayot et BGL ou encore avec les Cozic, Paryse ou Claudie. »

  • Ruse, œuvre de Claudie Gagnon

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    Ruse, œuvre de Claudie Gagnon

  • Replis et turbulences 2, 2019, Paryse Martin, carton, 175,3 x 139,7 x 63,5 cm

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    Replis et turbulences 2, 2019, Paryse Martin, carton, 175,3 x 139,7 x 63,5 cm

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Ensuite, la galerie présentera au Belgo des solos de Dan Brault, du 11 mai au 3 juin, et d’Annie Baillargeon, du 8 juin au 9 juillet. Abdelilah Chiguer veut générer huit expos par an, chacune d’une durée de quatre à cinq semaines. Certaines expos seront présentées aux deux endroits. L’espace du Belgo aura une directrice, Marie-Christine Dubé, et un responsable des expositions, Léo Rivest. Tous deux ont fait leurs classes dans le milieu des galeries et des centres d’art.

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE 3

Noyade, 2011 (revisitée en 2021), Annie Baillargeon, impression jet d’encre et aquarelle, 30,5 x 30,5 cm

Abdelilah Chiguer a de l’ambition. Il veut consolider son projet montréalais et vise ensuite, en 2024, à se rendre à deux foires d’art contemporain de New York et de Miami. « Par la suite, j’aimerais participer à des biennales et voir grand pour la galerie et les artistes que je représente », dit-il. Le galeriste est très attaché aux artistes. Il a créé Artroduction, en 2021, afin d’aider les artistes émergents et les collectionneurs en herbe⁠1.

Avec cette arrivée au Belgo, Abdelilah Chiguer veut séduire les collectionneurs et institutions qui se déplacent peu dans la Vieille-Capitale. Et il s’offre un cadeau pour ses 20 ans au Québec. Né au Maroc, il est venu en 2003 étudier à l’Université Laval grâce à une bourse d’études. Il devient le premier Québécois d’origine maghrébine à diriger une double galerie d’art. « Je n’avais jamais pensé être galeriste ni même immigrer ici, dit-il. J’étais venu pour ma maîtrise en gestion manufacturière et logistique. J’ai adoré Québec et sa qualité de vie. J’y ai rencontré ma conjointe. J’ai travaillé comme directeur de l’approvisionnement dans le privé pendant 15 ans. Je collectionnais de l’art et ça m’a amené à devenir galeriste. »

Actuel coprésident de l’Association des galeries d’art contemporain, M. Chiguer a toujours eu une fibre artistique. Auteur, il a mis en scène sa pièce Femmes… et femmes, sur la situation des femmes en temps de guerre, en 2005 à Québec. Il a étudié le cinéma au Maroc, y a réalisé des courts métrages et fait du théâtre. « J’ai gagné deux prix de mise en scène au Maroc », dit-il. C’est grâce à un de ces prix qu’il a découvert les musées parisiens en 2002 et été bouleversé par les peintures impressionnistes du musée d’Orsay. Avant de craquer, au Québec, pour une toile de Rafael Sottolichio, L’Apocalypse, qui l’avait tant ému qu’il l’a acquise après avoir passé une nuit d’insomnie !

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE 3

L’Apocalypse, 2012, Rafael Sottolichio

« Malheureusement, je ne peux pas représenter tous les artistes que j’adore, dit-il. Mais je peux les exposer. C’est ainsi que j’ai été agréablement surpris par une exposition de la commissaire Camille Larivée montée, l’an dernier, chez DRAC, à Drummondville, avec le travail de Glenn Gear, Carla Hemlock et Christine Sioui Wawanoloath. L’expo viendra à Québec et à Montréal. C’est ce genre de projets que je peux faire maintenant que j’ai deux lieux d’exposition. »

1. Consultez le site Artroduction Consultez le site de la Galerie 3