Branchée par l’art public et expérientiel, Diane Gougeon a un parcours original depuis 30 ans. Sans critiquer ouvertement le marché de l’art, elle s’en est détachée, optant pour une pratique d’installations qui donnent du sens aux enjeux de notre temps, mais qui sont difficiles à vendre ! Nous l’avons rencontrée dans son atelier de Côte-des-Neiges.

Voie artistique

« Ce n’est pas que je ne veux pas vendre, dit la diplômée de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et de Concordia. Mais mon premier choix a toujours été d’aller vers des œuvres qui font réagir. Pour moi, les objets artistiques sont incomplets. D’où mon intérêt pour les installations, afin que le spectateur puisse interagir. »

Intéressée par la relation de l’être humain avec son environnement, Diane Gougeon — qui a enseigné au Cégep Édouard-Montpetit et au Collège Jean-de-Brébeuf – crée des œuvres au rythme de son envie d’évoquer les enjeux qu’elle constate, tel l’impact de la technologie dans nos vies.

PHOTO DIANE GOUGEON, FOURNIE PAR L’ARTISTE

À demi-mots, 1997-1998, boîtier lumineux en forme de X installé sur le toit du taxi de M. Sully

Élève de la photographe Irene Whittome, elle a aussi touché à la sculpture, a collaboré avec Articule et Optica, et exposé chez Samuel Lallouz, Circa et Joyce Yahouda. Elle a réalisé des interventions poétiques en milieu urbain, comme À demi-mots, en 1997-1998, avec des inscriptions lumineuses en français sur des taxis pour souligner la richesse du vocabulaire français. « Je préférerais d’ailleurs que Montréal soit une ville française plutôt que bilingue, dit-elle. Même si mon conjoint est anglophone et que je parle anglais ! Il faut protéger notre héritage. » La langue, l’environnement, la mémoire. Des thèmes qui ont tracé sa voie artistique, pavée de bonnes intentions.

Papiers peints

  • Le papier peint au motif de plancton à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Le papier peint au motif de plancton à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke

  • Le papier peint au motif de plancton à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Le papier peint au motif de plancton à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke

  • Le plancton vu de près, à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Le plancton vu de près, à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke

  • Motif du papier peint exposé à l’Usine C, avec des petits drones pour l’ensemencement des nuages

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Motif du papier peint exposé à l’Usine C, avec des petits drones pour l’ensemencement des nuages

  • Motif d’abeille et de fleurs, à l’Université de Sherbrooke. En trame de fond, des dessins chimiques de pesticides néonicotinoïdes qui font tant de dégâts chez des espèces animales.

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Motif d’abeille et de fleurs, à l’Université de Sherbrooke. En trame de fond, des dessins chimiques de pesticides néonicotinoïdes qui font tant de dégâts chez des espèces animales.

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Diane Gougeon est en plein dans son projet Les papiers peints de demain, une installation de grandes impressions plaquées sur les murs de sept lieux culturels et scolaires. Aux motifs évoquant la nature dans le contexte des changements climatiques. Chaque lieu a son motif et son sujet de réflexion. Les nuages sont le thème à l’Usine C. Le plancton, à l’Espace culturel du campus longueuillois de l’Université de Sherbrooke. Les abeilles, à l’Université de Sherbrooke. L’extraction minière, au Cinéma du Parc, et la forêt boréale menacée, à l’École nationale d’administration publique.

À partir du 22 novembre, la chaleur sera le sujet évoqué au Cégep Édouard-Montpetit et les icebergs, à l’École nationale d’aérotechnique. Mis à part son aspect esthétique, l’œuvre est interactive grâce à des marqueurs de réalité augmentée imprimés qui permettent d’accéder à des sons. Comme le bruit d’un drone suggérant le bourdonnement d’une abeille. « Des drones font déjà de la pollinisation, dit Diane Gougeon. C’est choquant. On détruit les ressources naturelles et on les remplace par des abeilles mécaniques... »

Consultez le site de Diane Gougeon

Atelier

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Diane Gougeon dans son atelier

Après avoir eu un atelier dans le centre-ville, Diane Gougeon a trouvé, il y a 10 ans, un grand local dans le quartier Côte-des-Neiges. « Ça n’a pas changé de prix depuis, dit-elle. Cinq dollars et demi le pied carré ! J’aimerais bien qu’il y ait d’autres artistes dans l’édifice, car ce sont surtout des églises ! »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

L’espace menuiserie de l’atelier

Diane Gougeon a séparé son atelier en deux, avec une cloison amovible : une partie menuiserie et une autre où se trouvent plusieurs œuvres du passé et des tests des Papiers peints de demain. Également, des photographies d’arbres élagués et deux boîtiers rétroéclairés, avec une image de sédimentation de neige dans un dépôt municipal et de la neige sale prise de proche et qui donne une impression de paysage lunaire.

Ses projets

Diane Gougeon travaille depuis longtemps sur les arbres mutilés à cause d’interventions humaines, notamment pour protéger... les fils électriques. Depuis deux ans, après avoir été touchée par The Overstory, de Richard Powers, sur les forces méconnues de la nature, elle s’intéresse aux forêts primitives du Québec.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Deux œuvres de Diane Gougeon

« J’ai établi des contacts au ministère des Forêts et je suis allée voir les arbres d’une forêt ancienne, dit-elle. Certaines forêts datent du début de la colonie, préservées parce que difficiles d’accès. Peut-être que je ferai un corpus avec de la photographie holographique de grand format. » L’artiste veut mener ce projet en collaboration avec les communautés locales, dont autochtones. « Car je veux que mon projet ait du sens », dit-elle.

Quelques œuvres

  • Les (H/h)istoires que l’on se conte : chez Circa en 2003

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Les (H/h)istoires que l’on se conte : chez Circa en 2003

  • Circulaire, en 2005. Des autocollants de poulpe, aimantés et réfléchissants, appliqués sur des véhicules de livraison et des taxis. Un corpus sur la société de consommation.

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Circulaire, en 2005. Des autocollants de poulpe, aimantés et réfléchissants, appliqués sur des véhicules de livraison et des taxis. Un corpus sur la société de consommation.

  • Glaçage, 2008. Dispositif de réfrigération, motif en flocage blanc, éclairage ultraviolet, afficheur à pastilles électromagnétiques, bassin en styrène blanc. Avec bande sonore.

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    Glaçage, 2008. Dispositif de réfrigération, motif en flocage blanc, éclairage ultraviolet, afficheur à pastilles électromagnétiques, bassin en styrène blanc. Avec bande sonore.

  • Mémoire vive, 2013, Art souterrain, Tour de la Bourse. Quatorze mots et groupes de mots réalisés en tube néon de trois couleurs.

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    Mémoire vive, 2013, Art souterrain, Tour de la Bourse. Quatorze mots et groupes de mots réalisés en tube néon de trois couleurs.

  • Reach out and touch someone, exposé chez Samuel Lallouz en 1995

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Reach out and touch someone, exposé chez Samuel Lallouz en 1995

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