Résidante des Laurentides, Marjolein Dallinga fait partie des grands artistes spécialisés dans le feutre, un matériau à la mode en art contemporain. Nous avons rencontré l’artiste réputée d’origine néerlandaise, qui travaille régulièrement avec le monde du spectacle, notamment avec le Cirque du Soleil et le Théâtre du Nouveau Monde.

Son parcours

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Une de ses pièces en feutre

Née aux Pays-Bas, Marjolein Dallinga a appris à coudre quand elle était jeune. Ayant remarqué ses prédispositions, ses parents l’ont envoyée, chaque fin de semaine, dans une école d’art, dès l’âge de 8 ans. Plus tard, elle a étudié l’histoire de l’art et les beaux-arts. Après avoir rencontré son conjoint québécois à Paris, elle s’est installée à Montréal en 1989. « J’ai commencé à faire des bijoux en papier mâché que je vendais à la boutique du Musée des beaux-arts, dit-elle. Ça me fournissait de l’argent pour mes peintures. »

Marjolein Dallinga a appris le b.a.-ba du feutre grâce à une éleveuse de moutons de Saint-Faustin. « Elle avait fait une démonstration en faisant une petite balle en feutre. J’ai alors acheté de la laine et commencé, en autodidacte, il y a 26 ans. J’avais un bébé. Je lui ai fait des jouets en feutre, car je ne pouvais plus peindre avec un bébé à côté de moi. »

PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

Sa première collaboration artistique avec le Cirque du Soleil

Depuis, elle a si bien développé son art que le cirque, le théâtre et le cinéma ont requis ses services. Elle a créé tentures, costumes, écharpes, gants, chapeaux et sacs à main. Mais l’homme de théâtre et costumier François Barbeau (mort en 2016) l’a persuadée de se lancer en art contemporain. Ce fut décisif. Elle expose maintenant dans des musées en Europe et aux États-Unis, et a acquis une belle réputation internationale. Une de ses créations a été récompensée au World of WearableArt (WOW), en Nouvelle-Zélande.

Le feutre

Le feutre est une matière plus ancienne que le textile tissé. « Dans tous les pays où tu vois des moutons, il y a une tradition du feutre, dit Marjolein Dallinga. Au musée de l’Ermitage, en Russie, des œuvres en feutre datent de 300 ans avant Jésus-Christ. »

Pour créer son feutre, Marjolein Dallinga travaille, à la main, de la laine européenne de qualité, du mérinos espagnol ou du mouton des Alpes. Elle la teint et la transforme en apposant des couches de fibres qu’elle humidifie avec de l’eau savonneuse. Elle les croise et les presse sans cesse pour que les fibres s’enchevêtrent et s’amalgament. Ses fibres de plusieurs couleurs donnent des feutres magnifiquement chamoirés.

« Je dois rouler le matériel, le masser, le lancer. C’est un art très doux, mais aussi physique, surtout quand les pièces de feutre sont très grandes. Le feutre est comme une peau. Très intime, il protège, enveloppe et permet d’exprimer quelque chose qui vient de l’intérieur. Je rêve parfois que je suis entre les couches du feutre ! »

L’atelier

  • À gauche, l’atelier sur deux niveaux de Marjolein Dallinga

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    À gauche, l’atelier sur deux niveaux de Marjolein Dallinga

  • Des œuvres récentes suspendues dans l’atelier

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Des œuvres récentes suspendues dans l’atelier

  • Quelques boules en feutre

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Quelques boules en feutre

1/3
  •  
  •  
  •  

Marjolein Dallinga et son mari vivent à Gore, dans les Laurentides. C’est là qu’elle crée, au milieu de la forêt. Elle y reçoit des élèves logés au cœur de l’atelier quand ils viennent apprendre l’art du feutrage. Dans son atelier, on trouve plusieurs de ses œuvres d’art contemporain et les essais de vêtements créés pour des spectacles. Elle a travaillé pour Les chaises, au TNM, et pour le Cirque du Soleil, notamment pour les productions Z, Dralion et Ovo.

Intuitive, elle est parvenue, grâce à l’expérience, à découvrir toutes les facettes de ce matériau si volubile. « L’inspiration me vient en marchant dans la forêt et grâce à la photographie. J’ai aussi été influencée par le cinéaste Andréï Tarkovski et les artistes Kiki Smith, Louise Bourgeois, Dale Chihuly, Anish Kapoor et Joseph Beuys. »

Marjolein Dallinga a déjà exposé à la Biennale internationale du lin de Portneuf, à la Mary E. Black Gallery d’Halifax, au centre Materia, à Québec, au Museo del Tessuto, en Toscane. Jusqu’au 10 octobre, elle est la seule Canadienne d’une expo collective au Brattleboro Museum & Art Center, au Vermont.

Consultez le site du Brattleboro Museum & Art Center (en anglais)

Expertise

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Ses œuvres ont parfois l’air de coraux.

Marjolein Dallinga adore enseigner. Son expertise étant reconnue, elle enseigne et donne des conférences partout : Irlande, Chili, Oregon, Uruguay en novembre prochain, France et Pays-Bas en 2023.

L’art du feutre a repris du poil de la bête depuis les années 1990. « On a commencé à avoir de meilleures laines, dit-elle. Cela a permis de développer la qualité du feutre. Avant, c’était surtout des choses portables qu’on créait. » Plus d’artistes contemporains se mettent à créer avec du feutre. La galerie Bradley Ertaskiran exposait, au printemps dernier, des tableaux en feutre de l’artiste américaine Melissa Joseph.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Une œuvre en feutre de Melissa Joseph exposée à la galerie Bradley Ertaskiran

Consultez la page de Marjolein Dallinga

Quelques œuvres

  • Les sculptures en feutre que Marjolein Dallinga place à l’extérieur se dégradent graduellement, devenant poussière au bout de quelques mois.

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Les sculptures en feutre que Marjolein Dallinga place à l’extérieur se dégradent graduellement, devenant poussière au bout de quelques mois.

  • Une sculpture de Marjolein Dallinga sur la façade de son atelier

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Une sculpture de Marjolein Dallinga sur la façade de son atelier

  • Une autre œuvre créée lors de sa collaboration avec le Cirque du Soleil

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une autre œuvre créée lors de sa collaboration avec le Cirque du Soleil

  • Gilles Renaud et Monique Miller portaient des costumes en feutre de Marjolein Dallinga pour Les chaises, au TNM, en 2018.

    PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

    Gilles Renaud et Monique Miller portaient des costumes en feutre de Marjolein Dallinga pour Les chaises, au TNM, en 2018.

  • Une des œuvres exposées au Vermont

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une des œuvres exposées au Vermont

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •