(Londres) Une œuvre de l’artiste de rue Banksy représentant un parlement britannique peuplé de primates sera mise aux enchères la semaine prochaine à Londres, quelques jours seulement après des sessions particulièrement houleuses à la Chambre des communes sur fond de Brexit.

Baptisée par dérision Devolved Parliament (Parlement dévoyé), cette peinture met en scène des chimpanzés assis sur les banquettes vertes de la Chambre des communes, ayant remplacé les hommes et femmes politiques. La toile, de 2,67 m par 4,46 m est estimée entre 1,5 et deux millions de livres sterling (entre 2,5 et 3,3 millions $) selon la maison de ventes Sotheby’s.

L’œuvre présentée à la presse vendredi sera exposée à partir de samedi, avant sa mise aux enchères jeudi prochain dans un contexte très particulier, à un mois de la date prévue du Brexit, le 31 octobre, et dans un pays toujours très divisé, plus de trois ans après le référendum de juin 2016.

Cette semaine, la Chambre des communes a été le lieu d’échanges particulièrement vifs entre le premier ministre Boris Johnson et les députés de l’opposition, du jamais vu en 22 ans, selon le président de la chambre basse.

« Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour mettre en vente ce tableau », a déclaré à l’AFP Alex Branczik, chef du département d’art contemporain Europe de Sotheby’s, qualifiant de « feuilleton quotidien » les scènes de ces derniers mois et semaines au Parlement.

Pour lui, l’œuvre de Banksy souligne « la régression de la plus ancienne démocratie parlementaire du monde dans une attitude tribale et animale ».

Le tableau avait à l’origine été exposé en 2009 au musée de la ville de Bristol, d’où Banksy est originaire. Mais cette année, l’artiste né en 1973, dont la véritable identité reste toujours un mystère, a « de nouveau exposé l’œuvre pour coïncider avec la date du Brexit, prévue initialement le 29 mars 2019, 10 ans après sa première exposition », a expliqué M. Branczik.

À cette occasion, le tableau, auparavant baptisé Question Time (La séance des questions), en référence à la séance hebdomadaire des questions au premier ministre à Westminster, a été rebaptisé.

C’est aussi chez Sotheby’s que Banksy avait fait parler de lui l’an dernier lorsqu’une de ses toiles s’était partiellement autodétruite, juste après la conclusion de la vente.

Ce n’est pas la première fois que le célèbre artiste de rue s’immisce dans le débat du Brexit. À Douvres, il a réalisé une fresque représentant un homme en train de casser une étoile du drapeau européen à coups de burin, une œuvre que peuvent voir les milliers de chauffeurs routiers et de visiteurs qui entrent au Royaume-Uni chaque jour.