Noémie Étienne se passionne pour les dioramas. Professeure à l’Université de Berne, en Suisse, elle publie en janvier Les autres et les ancêtres, aux Presses du réel.

Cet essai porte sur les dioramas du début du XXe siècle, aux États-Unis. L’ajout d’étiquettes explicatives sur l’Old New York Diorama, au Musée américain d’histoire naturelle, est « intéressant comme proposition », selon elle.

PHOTO FOURNIE PAR NOÉMIE ÉTIENNE

« Les dioramas fabriquent une histoire qui est toujours historiquement et politiquement située », dit Noémie Étienne, professeure à l’Université de Berne, en Suisse.

Comme tous les dispositifs d’exposition, les dioramas ne sont pas neutres. Ils présentent une perspective qui peut être biaisée et blessante. Ils sont néanmoins le produit d’une collaboration étroite entre différents peintres, sculpteurs, anthropologues et artisans.

Noémie Étienne

« Les démanteler équivaut à les effacer, mais ne répare pas l’histoire, croit la professeure. Un travail de fond doit être effectué dans les musées qui les conservent. À mon sens, les contextualiser de manière critique est plus efficace pour comprendre leur dimension problématique, susciter la discussion et proposer des lectures alternatives. »

Dioramas « alternatifs »

Des dioramas offrant d’autres perspectives existent déjà. « Le National Great Blacks in Wax Museum, à Baltimore, ou le Mashantucket Pequot Museum, au Connecticut, sont des musées qui utilisent les dioramas pour raconter des histoires différentes : traite des esclaves, colonisation, etc. », illustre Noémie Étienne. Ces musées présentent respectivement l’histoire des Afro-Américains et du peuple amérindien Pequot.

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Les autres et les ancêtres. Les dioramas de Franz Boas et d’Arthur C. Parker à New York, 1900. Noémie Étienne, Les Presses du réel, à paraître

Des artistes contemporains se sont aussi emparés du diorama. C’est le cas de Kent Monkman, artiste canadien d’ascendance crie, « qui réalise des installations reprenant les codes de ce dispositif », note la professeure. 

Sa Nativity Scene (2017) montre un mannequin représentant la Vierge Marie vêtue d’un chandail des Blackhawks de Chicago, tandis que l’enfant Jésus est couché sur une couverture de La Baie. 

Cette installation a fait partie de l’exposition Honte et préjugés : Une histoire de résilience, présentée au musée McCord, à Montréal, plus tôt en 2019.

Les autres et les ancêtres. Les dioramas de Franz Boas et d’Arthur C. Parker à New York, 1900. Noémie Étienne, Les Presses du réel, à paraître