La photographe montréalaise Geneviève Cadieux recevra, jeudi prochain à Québec, le prix Paul-Émile Borduas. Ce prix est décerné depuis 1977 par le ministère de la Culture du Québec à un artiste visuel pour l'ensemble de son oeuvre.

De réputation internationale, Geneviève Cadieux a appris la nouvelle qu'elle recevrait le prix Borduas l'été dernier. Elle a dit, ce vendredi à La Presse, avoir été alors « très touchée, très émue et très honorée » par cette reconnaissance du Québec.

« J'étais à Paris quand je l'ai su, dit-elle. On m'a appelée pour me le dire. Je me rendais voir l'exposition Delacroix au Louvre. On sait que Borduas a fini ses jours à Paris, qu'il est l'initiateur d'un mouvement important, de Refus global, alors ce prix me fait vraiment très plaisir. C'est le prix du Québec et je réside ici. Alors c'est important. »

Quand on demande à Geneviève Cadieux à qui elle voudrait dédier cet honneur qui lui est fait, elle répond spontanément « Françoise Sullivan ».

« Françoise Sullivan a en ce moment une rétrospective au Musée d'art contemporain de Montréal, elle a été signataire de Refus global et puis Françoise Sullivan, comme Betty Goodwin, fait partie de cette génération de femmes qui ont été des pionnières, dit-elle. Je fais partie de la première génération de femmes artistes qui sont plus reconnues qu'avant. J'ai été la première femme à représenter le Canada en solo à la Biennale de Venise, en 1990. »

Geneviève Cadieux ajoute avoir été chanceuse de pouvoir bénéficier des expériences artistiques de Françoise Sullivan et de Betty Goodwin. « Elles ont été des modèles pour moi, dit-elle. Car à l'époque, il n'y avait pas beaucoup de femmes artistes. Et j'ai toujours été très sensible au travail des femmes artistes. La parole féminine m'intéresse. »

Les amateurs du travail de Geneviève Cadieux pourront retrouver son regard photographique singulier et sensible dans une exposition qui sera présentée chez son galeriste René Blouin en février prochain. Elle exposera la suite de sa série d'images très picturales découlant de ses pérégrinations dans le désert du Nouveau-Mexique. Elle en avait montré un échantillon en 2016 à la galerie René Blouin, avec notamment son oeuvre Ghost Ranch, une photo retravaillée qui suggère l'ambiance irréelle d'un relief désertique près de Santa Fe, un paysage qui plaisait énormément à la peintre Georgia O'Keeffe.

Par ailleurs, Geneviève Cadieux verra une de ses oeuvres installée prochainement au coeur de la nouvelle station de métro Rideau, à Ottawa. « L'oeuvre Flot est constituée d'un cours d'eau et représente une réflexion autour du thème de l'eau, dit-elle. C'est stylisé avec des reflets dorés. L'oeuvre est disposée sur deux murs de 13 pieds par 40 pieds. »

Avant Geneviève Cadieux, 41 grands artistes plasticiens ont reçu le prix Paul-Émile Borduas, notamment Guido Molinari (1980), Jean-Paul Riopelle (1981), Alfred Pellan (1984), Betty Goodwin (1986), Françoise Sullivan (1987), Fernand Leduc (1988), Claude Tousignant (1989), Michel Goulet (1990), Armand Vaillancourt (1993), René Derouin (1999), Jocelyne Alloucherie (2002), Gabor Szilasi (2009), John Heward (2012), Marcel Barbeau (2013), Cozic (2015), Rita Letendre (2016) et Jana Sterbak, l'an dernier.