Une exposition où on peut tout toucher, expérimenter, se suspendre, se balancer à travers les sculptures: c'est l'expérience inédite à laquelle invite l'installation Move (Bougez) jusqu'au 9 janvier à la Hayward Gallery de Londres.

Move explore les relations entre l'art et la danse et invite directement le visiteur à participer.

Ici, des dizaines d'anneaux permettent de se suspendre et de progresser d'un bout à l'autre de la pièce sans mettre pied à terre. Là, on vous invite à vous déguiser en gorille pour boxer, grimper sur un tabouret ou vous balancer, tels les singes du film projeté derrière vous sur le mur.

Un étroit couloir contraint le visiteur à se coller à la paroi pour se glisser dans une lumière verte.

«Le couloir de Bruce Nauman vous impose de vous glisser de profil dans la sculpture: ce qui est intéressant c'est la façon dont ces artistes dans les années 60, 70 ont impliqué le visiteur, l'amenant à percevoir l'art avec tout son corps et pas seulement avec ses yeux», explique la commissaire de l'exposition, Nathalie Rosenthal.

«Pour ces artistes, des mouvements comme marcher, grimper à une échelle, étaient aussi de la danse. Et au même moment d'autres artistes commençaient à dire que ramasser de la poussière pouvait être de l'art, donc la vie devenait de l'art, et l'art de la vie, voilà le point de départ de cette exposition».

L'expérience peut être ludique mais aussi inquiétante comme dans l'enfilade de pièces créée par l'artiste cubaine Tania Bruguera. Le visiteur est d'abord plongé dans le noir, puis aveuglé par des spots blancs tandis que des sons font irrésistiblement penser à la gâchette d'un pistolet...

Dans une petite pièce vide, une caméra filme le visiteur, suscitant le malaise. «Nos maisons, nos lieux de travail conditionnent nos mouvements. On s'aperçoit que dans les lieux surveillés par des caméras, on réagit différemment», explique Mme Rosenthal.

Les visiteurs semblent se piquer au jeu. «On n'est pas seulement à rester là debout à regarder des objets, c'est super de participer», réagit Jojo Heather, 20 ans, suspendue aux anneaux.

Pour Daniel Powell, étudiant, «cela montre que la danse n'est pas exclusivement réservée à la scène, tout le monde peut être danseur».