La perspective d'un ralentissement économique ne devrait pas terrasser les musées québécois. Près du tiers des budgets des institutions muséales provient dorénavant de revenus autonomes. En outre, la diversification de leurs activités et l'appui de leur région ont de quoi rassurer, souligne le chercheur Yves Bergeron.

«Ils vont passer à travers la tempête, explique le muséologue de l'UQAM, La vitalité du réseau tient aux grands musées qui vivent avec des expositions populaires appuyées par d'importants commanditaires. Ça devrait continuer. Les petits musées vont se maintenir aussi grâce à l'appui des communautés. On ferme les églises, mais pas un ministre ou un député n'accepterait qu'un musée ferme au Québec.»

 

Par contre, entre les grands et les petits, certains musées régionaux de grandeur moyenne, comme ceux de Joliette, Trois-Rivières, Sherbrooke, ou même le Musée McCord, à Montréal, pourraient connaître quelques difficultés, ajoute-t-il, en raison de la non-indexation de leurs budgets.

État de santé stable

Sinon, la santé des musées québécois est stable depuis quelques années, comme le constate l'Observatoire de la culture et des communications dans son dernier ouvrage sur l'état des lieux des institutions muséales. Cette publication s'attarde aux activités et au rayonnement des musées québécois.

Une enquête auprès des musées révèle que 94% des institutions offrent de l'animation et des activités culturelles, près des trois quarts comptent sur des programmes éducatifs et environ la moitié tiennent des activités hors de leur enceinte.

Les musées présentent plus de 1700 expositions annuellement au Québec. Il s'agit d'expositions temporaires dans 60% des cas, permanentes (30 %) et itinérantes (10 %). «Il y a 15 ans à peine, c'était très rare de voir nos expositions se promener à l'étranger. Aujourd'hui, la muséologie québécoise est reconnue partout dans le monde», souligne Yves Bergeron.

Le profil de la clientèle a aussi changé dans les musées québécois depuis une vingtaine d'années. Plus de femmes que d'hommes les fréquentent. Les visiteurs ont des revenus plus élevés et 80 % d'entre eux ont, à tout le moins, entrepris des études supérieures. Cette tendance «élitiste» est au diapason du fait que les visiteurs voient de plus en plus de musées à l'étranger et deviennent davantage exigeants.

Un million d'enfants québécois se rendent dans les institutions muséales tous les ans, mais la clientèle adolescente pourrait augmenter.

«Le problème c'est qu'il y a encore trop de musées qui ferment à 17 h quand, pourtant, les gens sont disponibles», conclut M. Bergeron.