Chapelle ardente pour Paul Houde Les personnalités défilent au Planétarium

Un communicateur hors pair, un homme doté d’une soif d’apprendre insatiable, un modèle d’intégrité, une étoile… De nombreux citoyens et personnalités publiques sont venus rendre un dernier hommage à Paul Houde vendredi au Planétarium de Montréal.

L’idée de tenir une chapelle ardente en l’honneur de Paul Houde dans l’enceinte du musée de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve était signée Francine Audette, sa veuve. En entrevue, le commentateur sportif Pierre Houde a expliqué que son frère était astronome amateur depuis toujours. « Il avait son propre télescope. Avec le temps, il était aussi devenu un chasseur d’éclipses. »

Paul Houde avait d’ailleurs amené son fils Karl en Autriche, en 1999, pour observer la dernière éclipse du siècle, une aventure documentée dans Les chasseurs d’ombre, un film du cinéaste Jean Marc Larivière.

Après les funérailles, qui seront célébrées ce samedi en privé à la chapelle Notre-Dame du Sacré-Cœur à Montréal, où Paul Houde a épousé Francine Audette en 1982, Karl Houde et toute sa famille se rendront près de l’océan, lundi, dans la zone de totalité de l’éclipse solaire à Terre-Neuve, pour une cérémonie intimiste.

« Ça va être très cérémonial, ce moment-là. Je veux boucler la boucle avec un beau moment, une belle pensée, je veux faire ce qu’il aurait fait un peu, lui », a résumé le fils du disparu.

Preuve de l’affection que le public portait à Paul Houde, des téléspectateurs, qui avaient entendu Pierre Houde mentionner cette passion pour l’astronomie vendredi matin sur ICI RDI, lui avaient apporté des lunettes qui avaient été distribuées avant l’éclipse totale de 1963, la première que Paul, alors âgé de 10 ans, et Pierre, alors âgé de 7 ans, ont vécue.

« C’est incroyable ! », s’est exclamé Pierre Houde en fixant l’objet du regard.

« Il y a des gens qui ont pris des journées de congé pour venir. J’ai vu une dame qui vient de Shédiac [au Nouveau-Brunswick]… L’infirmière qui a pris mon frère dans ses bras dans ses dernières secondes est aussi venue… Comment ne pas être sensible à tout ça ? », a poursuivi le commentateur, la voix brisée par l’émotion.

« C’est ce qu’il aurait souhaité »

La famille de Paul Houde a passé la journée au Planétarium de Montréal. Aux dires des personnes croisées à la sortie, les proches du défunt ont pris la peine de rencontrer « tout le monde, sans exception ».

L’urne de Paul Houde était entourée de roses blanches, sous le ciel étoilé de Montréal, projeté sur l’écran en forme de dôme. Sur l’objet, une inscription toute simple : « Paul Houde, un homme de radio ».

« C’est ce qu’il aurait souhaité, a signalé Pierre Houde. Paul disait souvent qu’il était un homme de radio. La première piqûre qu’on a eue des médias, c’est la radio. On avait de petites radios à transistor que nos parents nous avaient achetées à Noël. On adorait écouter la radio le soir, et même la nuit, avec les vieux écouteurs qu’on mettait dans nos oreilles. »

Malgré la pluie, les visiteurs étaient heureux de s’arrêter, à l’extérieur du Planétarium, pour répondre aux questions des journalistes et témoigner leur admiration pour Paul Houde, mort le 2 mars dernier, de complications découlant d’une opération au cerveau.

« Paul Houde a été une inspiration pour plusieurs générations de communicateurs, a déclaré Patrick Masbourian, animateur de Tout un matin, une émission d’ICI Première où Paul Houde a livré des chroniques jusqu’à la fin. Il incarnait très bien ce type de communicateur Mini-Wheats ; avec un côté givré et nutritif. Il avait cette volonté de divertir et d’informer. »

Patrick Masbourian connaissait Paul Houde depuis La fin du monde est à 7 heures, une émission de TQS à laquelle ils collaboraient tous deux au tournant des années 1990 et 2000. L’animateur du matin de Radio-Canada a salué la folie qui l’habitait.

Un érudit humble

Le journaliste Claude Poirier, qui connaissait le défunt depuis une cinquantaine d’années, a parlé d’un homme qu’il respectait énormément. « On perd un grand communicateur qui n’a pas eu le crédit qui lui revenait », a souligné le chroniqueur judiciaire de 85 ans.

Pour sa part, Esther Bégin s’est rappelé un homme qui s’est montré « très affable, généreux et accueillant » lorsqu’elle l’a remplacé au micro du 98,5 FM, le temps d’un été en 2008. « J’étais terrorisée de remplacer Paul Houde parce qu’il était irremplaçable, a raconté la journaliste, visiblement émue. C’était une personne intègre et honnête. Malgré son immense savoir, il restait humble. »

Marc Messier a évoqué les tournages des comédies à succès Les Boys, au cours desquels ils avaient eu « beaucoup de plaisir ensemble ».

Admiration

Plusieurs figures connues des amateurs de sport ont également exprimé leur admiration pour Paul Houde, qui s’est notamment démarqué en couvrant plusieurs fois les Jeux olympiques, pour Radio-Canada et pour TVA.

Le descripteur des matchs de hockey du Canadien de Montréal à TVA Sports, Félix Séguin, qui a côtoyé Paul Houde en 2014, a vanté « sa mémoire phénoménale » et « sa grande polyvalence ».

Pilote désigné du Canadien de Montréal de 2004 à 2006, Michel Allard a fait quelques vols avec Paul Houde parmi ses passagers. « Je garde le souvenir d’un homme généreux qui nous faisait beaucoup rire », a-t-il déclaré.

Le journaliste Alain Crête, de RDS, a qualifié Paul Houde d’« homme très curieux » avec « beaucoup d’humour ». « J’ai été très surpris d’apprendre son décès. Ça m’a secoué. »

Du côté des auditeurs de Paul Houde, Diane Routhier, de Montréal, tenait à saluer la mémoire de celui qu’elle a suivi durant plusieurs années à la radio, à la télé et au cinéma. « J’ai vu tous les films des Boys, a précisé la femme de 55 ans. J’ai tellement ri avec lui ! Sa mort m’a beaucoup ébranlée. »

Paul Houde s’est éteint à l’âge de 69 ans.

Durant sa carrière de 48 années, le chouchou du public a notamment travaillé à CKAC, ainsi qu’au 98,5 FM. Paul Houde a piloté plus de 600 émissions radiophoniques.

Avec La Presse Canadienne