Ce sont 18 maisons de production qui seront accompagnées dans leur processus de transition écologique cette année, a annoncé le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), mardi, en marge du premier Rendez-vous annuel du programme On tourne vert.

Cette mesure financée pour la deuxième année de suite par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), qui a injecté 150 000 $ dans ce plan de formation de neuf mois, vise à accélérer la mise en place des mesures écoresponsables prévues dans le cadre de la certification On tourne vert, qui possède son livre vert et son guide des bonnes pratiques.

« Avec les 15  producteurs qui ont été formés l’an dernier, ce sont donc 33 producteurs qui seront rompus à des façons de faire qui sont écoresponsables, s’est réjouie la présidente-directrice générale du BCTQ, Christine Maestracci. En plus, ces producteurs reçoivent à la fin de leur formation une bourse pour leur prochaine production. »

Lancé il y a trois ans à la faveur d’une initiative tripartite menée par le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), le Conseil québécois des évènements écoresponsables et le Groupe Québecor, le programme On tourne vert est à l’origine de la certification de près de 90 productions.

Environ 150 producteurs, diffuseurs, cinéastes, animateurs, étudiants et autres membres de l’industrie audiovisuelle du Québec ont donc participé mardi à une journée de réflexion et de discussions visant à réduire au maximum l’empreinte carbone des plateaux de tournage.

La certification d’On tourne vert s’étendra également aux studios d’effets visuels et d’animation, nous confirme Christine Maestracci. « Il faut réfléchir à des manières de réduire l’empreinte de ces studios, notamment en repensant à l’équipement numérique qui est utilisé, comme les serveurs, qui sont très énergivores. »

Christine Maestracci le répète régulièrement, l’industrie audiovisuelle est beaucoup plus polluante qu’on pourrait le croire. « Un long métrage est l’équivalent de 10 000 allers-retours Montréal-Toronto en avion », se plaît-elle à dire pour illustrer l’empreinte carbone d’un plateau de tournage.

Réfléchir à des solutions de remplacement

Plusieurs diffuseurs étaient présents pour ce premier « Rendez-vous » que Christine Maestracci souhaite répéter annuellement. Parmi eux, Radio-Canada a témoigné des initiatives qu’elle a mises en place.

« Au cours de la dernière année, nous avons certifié quatre productions à l’interne, dont Découverte, Carbone et L’Épicerie, nous confirme Emmanuelle Lamarre-Cliche, directrice générale, Opérations, transformation et développement durable. À l’externe, ce sont 11 productions qui ont été certifiées, la dernière en date étant l’émission Zénith. »

Dans un rapport préparé par Radio-Canada, qui fait un « bilan carbone » de ses productions, les activités les plus polluantes ont été calculées, nous dit Emmanuelle Lamarre-Cliche. Il s’agit du transport (terrestre, maritime ou aérien), des matériaux (les décors, les batteries, les aliments) et de l’énergie consommée, notamment par des génératrices (éclairages, tournages mobiles, cantine, etc.).

« On est en voie de remplacer toutes les batteries alcalines des preneurs de son par des batteries rechargeables, donne en exemple Emmanuelle Lamarre-Cliche. Il faut réfléchir à des alternatives. Les génératrices au diesel sont vraiment très énergivores et très polluantes. S’il y a des poteaux et qu’on tourne durant une longue période, on pourrait s’entendre avec Hydro-Québec. »

Le directeur des contenus chez TV5, Jérôme Hellio, a lui aussi souligné l’importance des équipements utilisés sur les plateaux de tournage, évoquant les génératrices électriques ou encore celles alimentées par l’énergie solaire – tout comme son collègue Gilles Couturier de Québecor, qui a parlé de la certification récente du Tricheur et de Révolution.

Jérôme Hellio nous a notamment parlé de la série documentaire Climat d’urgence, qui sera animée par Vincent Graton, et qui documente l’urgence climatique dans différents pays dans le monde.

« Le défi, nous explique-t-il, c’est que ce documentaire a nécessité beaucoup de déplacements en avion vu qu’on se déplaçait d’un pays à l’autre. Il a donc fallu faire des petits gestes, comme partir en équipe réduite, avec du matériel léger. Une fois sur place, on a privilégié les transports les plus écoresponsables. Il y a aussi la compensation, avec des crédits carbone, donc on a mis en place des mesures avec le producteur Philippe Burnet, de Dixit. »

Une période de transition

Si l’objectif du BCTQ est aujourd’hui de déployer le programme On tourne vert auprès du plus grand nombre de producteurs et de diffuseurs, sa présidente-directrice générale ne croit pas qu’il faut imposer des normes.

« On est encore dans une période de sensibilisation, de mobilisation, de transition. Il faut qu’il y ait des incitatifs, évalue Christine Maestracci. Les bailleurs de fonds publics comme la SODEC, Téléfilm Canada ou le Fonds des médias du Canada ont tous des objectifs d’écoresponsabilité, donc ça fait partie des choses que le milieu veut mettre de l’avant de toute façon. »

Jérôme Hellio, lui, estime qu’il y a un travail collectif à faire pour documenter le bilan carbone des productions, par genre (documentaire, fiction, etc.). « Mais à la fin, il faut des incitatifs, peut-être sous forme de crédits d’impôt, mais ça prend une structure industrielle, parce que ça coûte plus cher produire vert, même si on partage le même objectif. »