La controverse entourant la nomination de la percussionniste Mélissa Lavergne comme porte-parole du 36Festival international Nuits d’Afrique a teinté le dévoilement de sa programmation, mardi. Se disant « dépassé » par la tournure des évènements, son fondateur estime que les réactions vives relèvent davantage de l’ignorance que du racisme.

« Ça fait 36 ans qu’on fait Nuits d’Afrique et on n’a jamais vu le problème. Jamais », a insisté Lamine Touré, en entrevue avec La Presse. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une personne blanche est porte-parole du festival, a-t-il rappelé, citant notamment Chantal Jolis et Francine Grimaldi.

Lisez notre texte sur la controverse

Il juge que les gens qui ont réagi négativement à la nomination de Mélissa Lavergne – qui s’est retirée vendredi de son rôle de porte-parole – ne connaissent pas la mission du festival, qui est de créer des ponts entre les communautés.

On a toujours été là pour le grand public, pour tout le monde.

Lamine Touré

« J’ai toujours été contre les ghettos. Je cherche une façon pour que les Montréalais, on puisse vivre ensemble, manger ensemble, s’amuser ensemble, dialoguer ensemble », insiste-t-il, tout en refusant de se prononcer sur un changement de sensibilité dont son évènement devra tenir compte dans l’avenir.

Des réactions aux critiques ayant mené au retrait de Mélissa Lavergne se sont fait entendre, certains allant jusqu’à parler de discrimination ou de racisme anti-blanc. « Je ne prends pas ça pour du racisme, dit Lamine Touré. Je prends ça pour de l’ignorance. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly

Derrière les vedettes, des découvertes

La programmation dévoilée mardi est l’une des plus ambitieuses de l’histoire du FINA. En plus des concerts en salle, l’évènement sera déployé sur deux scènes dans le Quartier des spectacles. Le reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly, un habitué, sera de retour à Montréal en juillet. Sa compatriote Dobet Gnahoré sera aussi de l’évènement, tout comme Femi Kuti avec son groupe The Positive Force et son fils Made. Coup d’œil sur cinq autres artistes internationaux à découvrir.

Moktar Gania & Gnawa Soul

Moktar Gania, joueur de guembri, est issu d’une lignée de musiciens versés dans la tradition gnaoua. On reconnaît sur Gnawa Soul des sonorités caractéristiques de cette musique (les castagnettes marocaines, notamment), mais il enrichit son univers d’un peu de jazz (sur Kouyou Kouyou, par exemple) et intègre tant des motifs moyen-orientaux que des influences occidentales. Son approche assez brute pourrait plaire aux amateurs du genre, mais peut-être aussi à ceux qui apprécient le blues du désert.

Le 18 juillet, 20 h, au Théâtre Fairmount

Pongo

Originaire de l’Angola, Pongo a grandi au Portugal, où elle a découvert un peu par hasard la musique kuduro, style issu de la samba et marqué par l’utilisation de percussions électroniques. La chanteuse de 30 ans s’est fait remarquer avec la chanson Kalemba (Wegue Wegue), en collaboration avec Buraka Som Sistema, avant de se lancer en solo. Elle arrivera à Montréal avec un album encore tout frais – Sakidila – où elle mélange habilement rap, électro et ses racines angolaises dans une pop qui a du chien.

Le 15 juillet, 20 h, au Théâtre Fairmount

Cheikh Ibra Fam

Cheikh Ibra Fam a fait partie du célèbre Orchestra Baobab. Le Sénégalais a fait le saut en solo l’an dernier avec une série de singles qu’on retrouve aujourd’hui sur Peace in Africa, disque où l’afropop groove avec la kora, le reggae et la soul. Cheikh Ibra Fam propose des univers musicaux à la fois riches et légers, qui laissent présager un concert convivial et tout en douceur.

Le 22 juillet, 21 h 45, au parterre du Quartier des spectacles

Ghetto Kumbé

Esprit afrofuturiste, « rituel » électronique, la formation Ghetto Kumbé, originaire de Bogotà, capitale colombienne, mêle rythmes tribaux et house pour créer une musique électro-organique trépidante. Ils appellent ça la « rumba digitale », une étiquette qui colle en effet très bien à cet univers sonore. Ghetto Kumbé met mise sur des voix rappées (surtout), qui ajoutent encore plus de dynamisme à ses morceaux clairement conçus pour allumer le plancher de danse. Écoutez la chanson Pila Pila pour avoir une idée d’où cette transe moderne ancrée dans l’ancien peut mener.

Le 12 juillet, 21 h, au Ministère

Yemi Alade

Connue pour ses spectacles aux chorégraphies énergiques, la Nigériane Yemi Alade est qualifiée par Nuits d’Afrique de « Beyoncé africaine ». Son univers prend racine dans les rythmes et les mélodies de son pays, mais l’approche est effectivement très pop, loin de l’afrobeat qu’on connaît. Yemi Alade se produira pour la toute première fois sur une scène québécoise.

Le 24 juillet, 21 h 30, au parterre du Quartier des spectacles

Le Festival international Nuits d’Afrique se tient du 12 au 24 juillet.

Consultez le site du Festival international Nuits d’Afrique