Le Centre d'exposition de Repentigny laisse toute la place à François Gourd qui l'envahit de tout ce qu'il est et fait. «Une rétrospective, genre», dit-il. Place donc au plus grand foulosophe encore en liberté.

«J'ai tellement d'affaires à faire que j'ai pas le temps de faire de l'argent», dit François Gourd en nous entraînant à sa suite dans les salles du Centre d'exposition de Repentigny où ses oeuvres en tous genres sont rassemblées. Peintures, sculptures, collages, photos, vidéos, costumes, meubles, malades manteaux... C'est sans doute la présentation la plus complète à ce jour de toutes les facettes de cet homme aux multiples talents éparpillés, dont l'oeuvre la plus importante est probablement lui-même: François Gourd, alias Yo-Gourd, alias Vaillangourd.

À 58 ans, François Gourd, toujours aussi hyperactif, s'apprête à aller à Cuba où il espère présenter, avec l'aide d'artistes cubains, un «symfolium» comme il en a fait à Montréal, sorte de congrès où l'on rend hommage à la folie. «Vive le Cubec libre!!!»

Mais pour le moment, il fait le tour de lui-même avec nous. Devant ses premiers tableaux, des paysages inspirés par la mer du Mexique sur lesquels il a tracé des grilles, il explique. «Je n'en pouvais plus de m'occuper d'une trentaine de peintres - sont tellement chialeux - j'ai décidé que j'étais capable moi aussi de peindre. J'en ai fait au moins 300 de ces paysages.» Il fait référence ici aux Foufounes électriques, ce bar éclaté où il présentait des spectacles de peinture en direct. Une aventure qui a mené tout ce beau monde dans un bar branché de New York, dans les années 80. Il a continué à peindre par la suite: des personnages, inspirés de son voyage en Guadeloupe où il s'est tenu avec des joueurs de tam-tam. Des collages faits de photos prises dans des magazines exotiques associant coquillages, Africains, Mexicains, légumes et autre dalaï-lama Puis, la peinture s'est étalée sur des vestons achetés dans des friperies, devenant ainsi des malades manteaux. Enfin, elle s'est répandue jusque sur des chaises, des fauteuils et autres objets parfois indéfinissables. Gourd a aussi sculpté du bois avec l'aide d'une loupe et du soleil - «pour attraper l'énergie solaire», précise-t-il. Il y a de tout cela dans l'exposition.

Pour représenter ses activités d'animateur-provocateur, il montre aussi ses costumes de scène, dont l'un est entièrement fait de gros lacets, un autre d'un développeur industriel de photos, sorte de tube accordéon noir et rassemblé sur les murs une multitude d'affiches pour le Parti Rhinocéros qu'il a tenté en vain de ressusciter aux dernières élections, pour ses Symfoliums, ses pièces de théâtre, et autres événements.

Il s'est aménagé une salle qui représente un café dont il a peint le plancher à la manière des automatistes où l'on peut consulter les articles écrits sur lui, de même que les livres et textes importants dans l'évolution de sa pensée. Une pensée inspirée des dadaïstes comme Tristan Tzara dont on peut lire le Manifeste dada.

Mais le mieux pour avoir une idée de l'ensemble de l'oeuvre «gourdienne», c'est d'entrer dans la petite salle de «cinéma-chaise» et de demander à voir l'un des films qu'il a réalisés, celui intitulé L'avis d'un fou. Fait d'extraits de ses aventures, ce film nous ramène aux années 70 et 80 parmi les petites fanfares urbaines fantaisistes et dans les prés à la campagne quand le monde était jeune, fou et tout nu

Et un dernier petit coin pour souligner son rôle de papa, un espace qu'il a laissé à son fils de 17 ans, lui-même habile dessinateur, graphiste et étudiant en musique

Cette visite est accompagnée de bandes sonores réalisées par Gourd et ses amis au fil des ans, de sorte que l'on a l'impression de jouer soi-même dans un film dont il est le réalisateur.

François Gourd sera au Centre d'exposition les 27 et 28 septembre, de 14h à 16h, pour une rencontre foulosophique à laquelle vous êtes tous invités et où il espère trouver de nouvelles idées.

Repentigny zone de foulosophie, François Gourd au Centre d'exposition de Repentigny, 3, Place d'Évry. Jusqu'au 28 septembre. Entrée libre.