Le premier long métrage de Sébastien Pilote, Le vendeur, a décidément le vent en poupe. Couronné au Festival de Sundance, à Mumbai, à San Francisco et plus récemment au Festival du film de Turin, le drame mettant en vedette Gilbert Sicotte, Nathalie Cavazelli et Jérémy Tessier était présenté mercredi soir en clôture de la 11e Semaine du film français de Berlin.

Le cinéma québécois n'a possiblement jamais été aussi largement représenté en terre germanique que dans la dernière année. L'omniprésent Xavier Dolan et ses Amours imaginaires ont fait une entrée en salle remarquée, à la fois par le public et la critique; ironie suprême, la Semaine du film français était inaugurée cette année par le plus récent opus d'un autre jeune cinéaste québécois, À l'origine d'un cri de Robin Aubert. Ironie dont il faut sourire plus qu'autre chose: dans son discours, la directrice de l'événement, Nathalie von Bernstorff, parle plutôt de «semaine du cinema français et francophone», tant il est vrai que des films suisses, belges et canadiens tiennent aussi régulièrement l'affiche de cet événement international, une initiative conjointe de l'Institut français de Berlin et de l'Ambassade de France en Allemagne.

Si loin mais si proche

À l'applaudimètre, on peut conclure que la sombre histoire du vendeur d'automobiles obsédé par son travail - confondant Gilbert Sicotte - a touché une corde sensible chez les Berlinois. Le chemin entre une Dolbeau-Mistassini désertée (le film y a été tourné), prisonnière de l'hiver, et l'hyper branchée capitale allemande peut certes sembler long. Les affinités entre les deux sont néanmoins surprenantes. Le visage de Berlin change, encore et toujours, et à une vitesse vertigineuse. Dans cette ville au climat rude, à moitié sous le joug de l'ancienne U.R.S.S. jusqu'à la chute du Mur, en 1989, la «tragédie industrielle», à la fois personnelle et collective, de Sébastien Pilote résonne dans les consciences avec une éloquence certaine.