La notoriété de ChatGPT au Québec est incontestable. Un an après son lancement, près de six Québécois sur dix connaissent cette intelligence artificielle générative et, parmi ces dernier, 39,8% l’ont déjà utilisée, révèle un sondage SOM. Et étonnamment, 89,8 % s’en disent satisfaits, même si la majorité avoue avoir obtenu à l’occasion des informations erronées.

Star chez les 18-24 ans

Plus on est jeune, plus on connaît et on a au moins une fois utilisé ChatGPT. Le sommet est atteint par les 18-24 ans, qui sont 91,1 % à le connaître et 68,3 % à l’avoir utilisé.

« Le fossé des générations saute aux yeux, note sur le blogue de SOM l’analyse Mathieu Guimont. En effet, [...] la connaissance diminue progressivement avec l’âge, pour se situer autour de 35 % chez les personnes de 65 ans ou plus. »

On note par ailleurs une différence assez marquée entre les hommes et les femmes dans ce sondage SOM mené en novembre 2023 auprès d’un panel de 1002 internautes. Si les hommes affirment connaître cette intelligence artificielle (IA) à 67,8 %, les femmes ne sont que 50,5 % à répondre ainsi.

Fait plutôt rigolo, les répondants ont largement sous-estimé leurs connaissances dans le domaine plus large de l’intelligence artificielle. Quand on leur demande « Connaissez-vous des applications basées sur l’intelligence artificielle ? », 88 % répondent par la négative. Considérant l’omniprésence de telles applications dans les appareils électroniques, que 84 % des Québécois ont un téléphone intelligent, 59 % une tablette et 83 % un ordinateur selon le plus récent Portrait numérique NETendances, il est invraisemblable que seulement 12 % aient utilisé des applications basées sur l’IA. Siri, le moteur de recherche de Google ou la reconnaissance vocale sur un téléviseur ne sont manifestement pas encore synonymes d’IA pour le commun des mortels.

Ce qu’ils en font

Aux États-Unis, le réputé Pew Research Center a établi en août dernier que l’utilisation la plus populaire de ChatGPT, à 20 %, était le « divertissement », pratiquement à égalité avec le « fait d’apprendre quelque chose de nouveau », à 19 %.

Et au Québec ?

Évidemment, la comparaison est difficile puisque les questions posées ne sont pas nécessairement les mêmes qu’aux États-Unis. La réponse la plus populaire, selon le sondage SOM, a été « l’aide à la recherche d’information » (66,2 % des répondants affirment y avoir recouru à cette fin).

Quant au divertissement, il arrive très loin dans la liste, au 10rang, alors que 4,3 % seulement des répondants affirment avoir utilisé ChatGPT dans ce but.

Notons par ailleurs que près d’un répondant sur deux, soit 49,9 %, affirme avoir utilisé ce robot dans le cadre de son travail, ce qui explique peut-être pourquoi les demandes au Québec semblent plus sérieuses.

Tolérants aux erreurs

Les Québécois sont par ailleurs plutôt satisfaits des résultats de leurs demandes, 89,8 % estimant que ChatGPT y a bien ou très bien répondu. Petit paradoxe, 58,3 % avouent tout de même que l’IA leur a « parfois » ou « rarement » transmis de l’information erronée.

Si on scrute plus attentivement les résultats, on constate que cette réponse augmente avec le niveau de scolarité. Alors que 51,9 % des répondants détenant un diplôme d’étude secondaire ou moins ont eu droit à de l’information erronée, ce sont 64,7 % des diplômés universitaires qui l’ont relevé.

Plutôt optimistes

Sur la question plus large de l’intelligence artificielle, on ne pourrait qualifier les Québécois de particulièrement inquiets quant à son déploiement : 42,1 % croient ainsi qu’elle va avoir un effet positif ou très positif sur leur vie de tous les jours et 21 % ont une opinion plus négative sur les impacts de cette technologie. Les hommes, ici, sont beaucoup plus enthousiastes, estimant à 50,8 % que l’impact sera positif, contre 33,9 % des femmes.

Quand on leur demande dans quel domaine l’IA pourrait apporter le plus de bénéfices à l’humanité, on obtient des réponses plutôt terre-à-terre. La réponse la plus populaire : la cybersécurité et la détection de fraudes, choisie par 53,1 % des répondants. Viennent ensuite la traduction de textes (50,4 %) et la santé (48,9 %). Le choix suivant laisse quelque peu perplexe : l’exploration spatiale est choisie par 43,8 % des répondants.

Enfin, concernant le sujet chaud de l’encadrement de l’IA, le premier choix des répondants serait de le confier à « une instance internationale (ex. : ONU) ». Ils sont 44,8 % à la désigner. On ferait ensuite confiance à des « comités éthiques indépendants » (43,2 %) et aux gouvernements de chaque pays (41 %). Quant à l’industrie elle-même, elle arrive en sixième position, choisie par seulement 22,3 % des répondants. Notons ici qu’une fraction minime, à peine 0,6 %, estime qu’« on devrait stopper le développement de l’IA ».

L’étude a été menée du 24 au 28 novembre 2023 auprès de 1002 adultes québécois inscrits au panel d’internautes de SOM. Les résultats ont été pondérés selon la composition de la population québécoise. La marge d’erreur maximale est de +/- 4,0 points, 19 fois sur 20.

*Dans une version précédente, nous mentionnions que 39,8% des Québécois ont utilisé ChatGPT. Il s’agit en fait de la proportion parmi ceux qui le connaissent. Le taux global dans la population est plutôt de 23%.