Prenez un agent conversationnel je-sais-tout à la ChatGPT, forcez-le à rester dans la cuisine et à ne donner que des conseils gastronomiques. Vous obtenez ChefTouski, un chef virtuel conçu par deux partenaires de Val-d’Or.

Les deux cofondateurs, Dave Tremblay et Cathy Elliott Morneau, ont décidé de joindre leurs compétences et de tirer profit de l’outil d’intelligence artificielle conçu par OpenAI, qui est derrière le robot conversationnel ChatGPT. M. Tremblay a multiplié les ouvertures de restaurants depuis une décennie, tandis que les expériences de Mme Elliott Morneau ont plutôt touché au multimédia, aux communications et à la gestion.

« On a imaginé un personnage et fait notre propre codage pour programmer un chef sympathique qui a la possibilité de connaître toutes les recettes du monde, explique au bout du fil M. Tremblay. ChefTouski est limité à la cuisine, à la différence de ChatGPT, à qui on peut demander de fabriquer une bombe. »

Blagueur et inventif

L’idée principale derrière ChefTouski, comme son nom l’indique, est de proposer des recettes à partir de tout ce qui reste dans le réfrigérateur. « Il y avait beaucoup de gaspillage dans certains de mes restaurants, malheureusement », avoue Dave Tremblay.

« Nous avions plusieurs intentions, au départ, précise Cathy Elliott Morneau. On s’est rendu compte qu’avec ce qu’il y avait sur le marché, tu n’avais plus de recettes dès que tu demandais d’inclure trois ou quatre ingrédients. Ou qu’il te fallait des ingrédients que tu n’as pas à la maison. On a voulu que notre outil propose de cuisiner avec ce qu’on a. »

Il y a quelques années, un tel outil aurait simplement proposé quelques recettes standardisées à partir d’une base de données. L’évolution fulgurante de l’intelligence artificielle permet aujourd’hui d’aller beaucoup plus loin.

Lancé cette semaine, le ChefTouski peut ainsi combiner des recettes à partir de millions de sources, suggérer des menus selon les préférences alimentaires de chacun, se souvenir des choix précédents et créer des listes de course personnalisées.

On peut par exemple lui demander des repas sans gluten ou sur la thématique de la couleur bleue. Il est bilingue et accepte de bon gré de faire des blagues à la demande. Elles sont toutefois de qualité inégale, parfois incompréhensibles.

L’outil est offert pour 5 $ par mois, avec une semaine d’essai gratuit. La Presse l’a longuement essayé et a hérité de très bonnes idées – pour un menu réunissant végétariens et carnivores, par exemple – et de propositions pour le moins audacieuses. Nous n’avons pas essayé son sandwich végétalien mêlant purée de courge musquée, beurre d’arachide, confiture de canneberges et noix concassées. Il peut refuser certaines combinaisons, comme la viande hachée et la crème glacée.

Garder un bas prix

Y a-t-il une garantie que les recettes proposées ne seront pas immangeables ? « On n’est jamais à l’abri, convient M. Tremblay. ChefTouski va fouiller dans une base de données assez importante pour obtenir un mix de goûts. Quand on lui demande des recettes qui n’ont pas de sens, il va quand même parfois te proposer une recette et te dire que tous les goûts sont dans la nature. »

Offert sur un navigateur web depuis un mois, ChefTouski a été testé par un millier d’utilisateurs de la première heure. « On voulait que d’autres que nous essaient des choses », précise Mme Elliott Morneau. « À court terme », on ne prévoit pas lancer d’applications mobiles, coûteuses à développer avec la multiplication des plateformes et les mises à jour, en plus des frais de serveurs et de la licence auprès d’OpenAI. « À 5 $ par mois, on veut créer une nouvelle niche et on tenait à garder un prix assez bas », dit M. Tremblay.