(Ottawa) « Ce n’est pas ma décision si j’obtiens une prime ou non », a affirmé la grande patronne de CBC/Radio-Canada en comité parlementaire mardi. Catherine Tait avait été convoquée pour s’expliquer sur les compressions à venir au sein du diffuseur public qui est « le moins bien financé au monde ».

« C’est en fait la décision du conseil d’administration et cette décision est prise à la fin de l’année financière », a-t-elle précisé.

La présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada n’a pas voulu dire si elle renoncerait à sa prime en période de compressions, mais a indiqué que « tout est sur la table ».

Le diffuseur public avait annoncé en décembre qu’il réduirait de 10 % son effectif à la grandeur du pays dans un contexte où bon nombre de médias d’information vivent des difficultés financières. Mme Tait prévoyait alors abolir 600 emplois et 200 postes vacants.

« Ce sont des projections, a-t-elle souligné. Si jamais on arrive avec un financement du gouvernement ou une amélioration des résultats des revenus publicitaires, on va ajuster le nombre et, surtout, l’impact sur la programmation. »

Dans une courte mêlée de presse après son témoignage, elle a dit avoir espoir que la situation s’améliore.

La PDG s’était attiré les critiques en décembre parce qu’elle avait refusé d’écarter le versement de primes en période de compressions, avant d’indiquer quelques jours plus tard qu’elle était prête à revoir la rémunération des hauts dirigeants. Mme Tait avait également été critiquée pour avoir effectué un voyage en Australie la semaine suivant l’annonce des coupes.

Des élus inquiets

Les questions de la députée conservatrice Rachel Thomas sur les primes ont donné lieu à quelques prises de bec en comité. Mme Tait a défendu le « processus rigoureux » par lequel elles sont déterminées. Elle a souligné que ces primes ne constituent que 15 millions sur la rémunération de 950 millions versée à l’ensemble des employés de CBC/Radio-Canada.

Le chef de la transformation et vice-président principal de la section Personnes et culture de CBC/Radio-Canada, Marco Dubé, a indiqué que le versement des primes était basé sur sept critères de performance, dont la performance numérique et la performance radio.

« On ne peut pas continuer à donner des primes en même temps qu’on fait des compressions », a déploré le député néo-démocrate Peter Julian en mêlée de presse. Le gouvernement devrait plutôt cesser d’acheter un milliard de dollars en publicité sur Meta chaque année pour investir dans le journalisme local, selon lui.

Mme Tait et son équipe ont affirmé que le diffuseur public faisait face à un déficit structurel causé par l’inflation et le déclin des revenus publicitaires. L’écart à combler annuellement est passé de 21 millions en 2018 à 36 millions.

« Ça veut dire, en pratique, que nous commençons chaque année avec des coupes dans notre budget », a-t-elle fait valoir.

La PDG avait été convoquée par le Comité permanent du patrimoine canadien pour s’expliquer sur les compressions à venir et les primes versées à ses cadres.

Le député bloquiste Martin Champoux a tenté de savoir si Radio-Canada ferait les frais des compressions. Dans sa réponse, Mme Tait a fait la différence entre les postes et les sommes allouées pour la production indépendante. Ces montants seront réduits de 25 millions à CBC et de 15 millions à Radio-Canada, « une différence de 20 % ». Sa réponse n’a pas rassuré l’élu, qui craint l’impact négatif de ces compressions sur la culture québécoise.

Le diffuseur public, qui est indépendant, a reçu environ 1,3 milliard du gouvernement fédéral en 2022-2023. La part de ses autres sources de revenus était de 516 millions.