Un entrepreneur actif dans le domaine de la publicité numérique a déposé une offre d’achat à un prix cassé pour les restes du journal Métro.

Pierre-Antoine Fradet, PDG d’Atedra, de Montréal, et d’Adstanding, de New York, offre 50 000 $ pour les ordinateurs, le nom, les données analytiques et la propriété intellectuelle de l’entreprise en faillite, ont dit à La Presse des employés au fait du dossier.

L’offre, qui a été communiquée aux ex-employés, n’implique pas la continuité des affaires de ce média local qui a déjà employé près de 70 personnes, dont la moitié à la rédaction, avant de cesser ses activités le 11 août.

Il s’agit d’une déception pour ces derniers, puisque M. Fradet avait déposé au mois d’octobre une offre qui impliquait la continuité des affaires, à certaines conditions.

M. Fradet avait alors offert une somme à préciser entre 500 000 $ et 2 millions de dollars et proposait d’offrir des emplois aux journalistes et autres employés de Métro responsables du contenu, à condition de s’entendre sur les conditions de travail et les modalités d’emploi.

Cette offre avait été jugée insatisfaisante par le syndic au dossier, Stéphane De Broux, de KPMG, qui avait invité M. Fradet à la préciser et lui avait donné du temps pour ce faire.

Dernier clou dans le cercueil ?

Selon les employés, l’offre récente beaucoup plus basse – et sans mention d’une relance – s’explique essentiellement par l’abandon par l’acheteur, cette fois, des crédits d’impôt qui demeurent dans les actifs de l’entreprise et qui auraient pu aider à la reprise des activités : « En gros, il offre 27 000 $ pour les ordinateurs et 23 000 $ pour le nom du journal, la propriété intellectuelle et les archives, qui contiennent probablement des données analytiques qui ont de la valeur pour un publicitaire », a dit à La Presse un ex-journaliste du Métro. « L’idée de réembaucher les employés n’est plus là. Ce n’est pas clair ce que l’acheteur veut faire. C’est décevant pour nous, malgré qu’après 4 mois, plusieurs se soient replacés ailleurs. »

M. Fradet n’a pu être joint au numéro téléphonique de son entreprise montréalaise.

Sa deuxième offre a été faite le 18 décembre et expire le 21 décembre à 17 h.

Publicité native et marketing numérique

Dans son offre du mois d’octobre, qui proposait une continuité des affaires, M. Fradet ne précisait pas quelle orientation il entendait donner à l’entreprise ni quelles fonctions pourraient être confiées aux employés.

Sur sa page LinkedIn, M. Fradet indique que Atedra, fondée en 2006 à Montréal, « exploite ses propres plateformes programmatiques et marketing […] et travaille avec les agences de publicité et les annonceurs nationaux […] et offre une des plus grandes offres dans la publicité numérique au Canada ».

Le site internet d’Atedra revendique notamment des compétences en « publicité native », qui consiste à créer du contenu publicitaire ressemblant aux articles d’information.

L’autre entreprise de M. Fradet, Adstanding, qui a une adresse à New York, offre des services de publicité numérique connue en anglais sous l’acronyme DOOH (Digital Out-Of-Home). Ce type de publicité est diffusée sur de grands écrans extérieurs en milieu urbain ou intérieurs dans les centres commerciaux, aéroports et autres espaces publics.

« Si le dénouement de cette affaire est la mort du Métro, je suis catastrophée », a dit Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications, affiliée à la CSN, qui représentait les employés du journal. « Ce serait la fin de l’information locale à Montréal. »

La Presse a laissé un message dans la boîte vocale du syndic Stéphane De Broux, qui n’a pas rappelé.

Rappelons que le propriétaire du journal Métro et du holding Métro Média, Michael Raffoul, avait encaissé un dividende de 2,67 millions de dollars à l’été 2021, quelques mois avant que l’entreprise connaisse des difficultés financières.