(Washington) La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, exhorte les États-Unis à s’allier au Canada pour réglementer les géants du web afin de protéger l’industrie de l’information, qui, selon elle, est essentielle à la préservation des démocraties occidentales.

Mme St-Onge a prononcé un discours au Center for Journalism and Liberty de l’Open Markets Institute à Washington.

« Plus que tout, nous devons être forts ensemble. Facebook essaie peut-être d’intimider le Canada, mais en réalité, il essaie de parler au monde entier », a affirmé Mme St-Onge.

Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, a récemment supprimé les informations locales de ses plateformes en réponse à la Loi sur les nouvelles en ligne du Canada.

L’entreprise a menacé de faire de même dans d’autres pays, y compris les États-Unis, s’ils mettaient en œuvre des politiques similaires.

La Loi sur les nouvelles en ligne, qui est actuellement dans sa phase réglementaire et entrera en vigueur en décembre, obligera les entreprises technologiques à rémunérer les éditeurs de presse pour le travail partagé ou autrement réutilisé sur leurs plateformes.

Mme St-Onge a fait allusion à l’idée que Meta ouvre ses plateformes à la désinformation en supprimant les sources d’information. Elle estime que les pays du G7 ne devraient pas accepter que les géants du numérique contournent les lois, car cela nuit en fin de compte à leurs démocraties.

Ils ne veulent pas être réglementés, point final. Ils façonnent et organisent l’environnement en ligne pour nous. Ils prennent des décisions à notre place. Et ce n’est pas ainsi que fonctionnent nos pays ou nos démocraties.

Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien

La sénatrice américaine Amy Klobuchar, qui a parrainé un projet de loi similaire aux États-Unis, a indiqué qu’elle avait consacré beaucoup de temps à consulter le Canada à ce sujet.

Ce projet de loi propose que Meta et Google négocient des accords avec les organismes de presse pour l’accès à leur contenu. Meta a réagi en menaçant de retirer les nouvelles aux États-Unis.

Contrairement à ce qui se passe au Canada, le projet de loi américain a reçu un soutien bipartisan, ce qui, selon Mme Klobuchar, « ne peut être plus important ».

PHOTO J. SCOTT APPLEWHITE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar

Au Canada, les conservateurs ont déclaré que la Loi sur les nouvelles en ligne était synonyme de censure, bien que le parti ait présenté une politique similaire lors des dernières élections fédérales.

S’exprimant lors du même évènement que Mme St-Onge, Mme Klobuchar a déclaré qu’elle avait beaucoup d’espoir pour son projet de loi « en raison du fait que le Canada avance dans ses négociations ».

Elle a félicité le premier ministre Justin Trudeau d’avoir « à juste titre » critiqué Facebook « pour avoir fait passer les profits de l’entreprise avant la sécurité des gens ».

« Les gens peuvent se draper dans la Constitution, mais s’ils veulent vraiment faire quelque chose pour le premier amendement, ils doivent s’assurer que nous avons des médias, des journalistes et un journalisme forts », a affirmé Mme Klobuchar, une démocrate du Minnesota.

Les deux pays affirment que ces réglementations sont nécessaires pour sévir contre Google et Meta, dont la domination du marché publicitaire a retiré des revenus aux organismes de presse et a entraîné des suppressions de postes dans les rédactions.