Une journée sans Facebook ni Instagram. C’est ce que proposent des journalistes et des professionnels en relations publiques, le 15 septembre prochain, pour dénoncer le blocage des nouvelles par le géant Meta.

« Le 15 septembre, c’est de ne pas aller sur les réseaux sociaux, de s’abstenir pendant une journée, de ne pas interagir, de ne pas y aller pour montrer votre soutien [aux médias] », a expliqué Michaël Nguyen, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), lors d’une conférence de presse, vendredi.

La date du 15 septembre n’est pas choisie au hasard. Il s’agit de la Journée internationale de la démocratie. Lors de cette action, le public est aussi invité à s’abonner à un média québécois et à une infolettre d’un média local.

Patrick Howe, président de la Société québécoise des professionnel(le)s en relations publiques (SQPRD), a qualifié la décision de Meta de bloquer les nouvelles canadiennes d’« inélégante » et d’« inacceptable ».

« Comme vous le savez, c’est sur les réseaux sociaux qu’on retrouve des croyances médiévales qu’on croyait bannies à jamais de la conscience humaine : la terre serait plate, les vaccins seraient dangereux, les changements climatiques seraient un complot », a-t-il dit.

« La présence des médias traditionnels sur les réseaux sociaux permet en partie de contrer cette désinformation », a-t-il ajouté, soulignant le caractère spécial de la conférence de presse puisque les deux organisations de journalistes et de relationnistes étaient assises côte à côte pour une première fois de leur histoire.

Meta bloque les nouvelles canadiennes et étrangères sur Facebook et Instagram depuis le 1er août, en réponse à la loi C-18. La Loi sur les nouvelles en ligne a été adoptée en juin dernier et sera en vigueur dès décembre. Elle oblige les géants du web à verser une redevance aux médias lorsqu’ils partagent leur contenu.

Une vague d’appuis

M. Nguyen a rappelé qu’au fil des années, Meta s’est approprié 80 % des parts de marché de la publicité en ligne, soit huit milliards de dollars « qui rentrent dans les poches d’entreprises étrangères et qui ne sont pas redistribués au Canada. » Il a ajouté que l’entreprise a engrangé des profits de 21 milliards de dollars, dont 193 millions grâce au partage de nouvelles canadiennes, l’année dernière. Si Facebook se plie à la loi C-18, il devra verser environ 63 millions aux médias du pays, évalue M. Nguyen.

« Pour économiser 63 millions de dollars, ils sont prêts à en sacrifier 193 millions […] C’est un choix qui est fait, mais selon nous, ce n’est pas un choix qui est digne d’un bon citoyen corporatif », a commenté M. Nguyen. Ce n’est pas à une entreprise de dicter les lois canadiennes, a-t-il ajouté plus tard.

« Une salle de nouvelle, ça coûte de l’argent. Rappelons que la commission Charbonneau (sur l’octroi de contrat dans l’industrie de la construction) et la Commission Chamberland (sur la confidentialité des sources journalistiques), ça sort d’enquête journalistique. Ça sort de journalistes qui ont parfois travaillé pendant des années pour sortir ces dossiers. Évidemment, ça prend des fonds pour le faire. La crise des médias et l’exode publicitaire, ça rend plus difficile ce genre d’enquête », a évoqué M. Nguyen.

Les maires de Québec, de Laval et de Longueuil ont annoncé qu’ils appuient la journée sans Facebook et Instagram du 15 septembre prochain, en appui aux médias. L’Association canadienne de journalisme, l’Union des artistes, les Amis de la radiodiffusion, la Fédération nationale des communications et de la culture, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Hebdo Québec et le conseil de presse se joignent également au mouvement.

Rappelons que le Bureau de la concurrence du Canada, à la demande de plusieurs médias, a annoncé qu’elle « examine » la décision de Meta de bloquer les nouvelles canadiennes.

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