L’un des plus grands câblo-opérateurs des États-Unis a un message pour les entreprises de médias : le modèle traditionnel de télévision par câble est cassé et il doit être réparé ou abandonné.

La télévision par câble est trop chère pour les consommateurs et les fournisseurs, déclarait Charter Communications, qui compte près de 15 millions d’abonnés à la télévision payante, dans une présentation de 11 pages aux investisseurs le 1er septembre. La société ajoutait que les abonnés qui se débranchent et l’augmentation des tarifs contribuaient à un « cercle vicieux de la vidéo ».

Cette présentation intervient alors que les négociations entre Charter et The Walt Disney Company, propriétaire de chaînes câblées populaires comme ESPN et FX, ont été rendues publiques. Les chaînes ne seront pas offertes aux abonnés de Charter tant que les deux parties ne se seront pas mises d’accord sur la somme que Charter devra verser à Disney pour diffuser ses chaînes. Ces luttes pour la distribution sont monnaie courante dans le secteur des médias, les chaînes restant inaccessibles pendant des jours ou des semaines sur les réseaux câblés appartenant à des sociétés comme Charter, tandis que les deux parties se chicanent sur la valeur de ces chaînes.

Mais la présentation de Charter va plus loin. Charter dresse un réquisitoire cinglant contre l’industrie de la télévision par câble, qui a généré des milliards de dollars pour des sociétés comme Disney et Charter pendant des décennies. Il s’agit d’une reconnaissance notable de la part de Charter, l’une des entreprises à l’origine d’une grande partie de cette croissance.

« Les clients quittent l’écosystème vidéo traditionnel et les pertes se sont accélérées », selon la présentation de Charter.

Négociations

Dans une déclaration faite au début de la semaine dernière, Disney a indiqué qu’il était en négociation avec Charter Communications et que nombre de ses chaînes étaient devenues inaccessibles aux abonnés de Charter en raison de l’impasse dans laquelle ils se trouvaient.

« Nous sommes déterminés à trouver une solution mutuellement acceptable avec Charter, et nous lui demandons instamment de travailler avec nous pour minimiser les perturbations pour ses clients », a déclaré Disney dans son communiqué.

Le litige porte sur les tarifs que Charter paiera pour les programmes de Disney et sur la manière dont ces films et émissions seront distribués aux clients de Charter. Charter affirme ne pas vouloir payer de prime pour des chaînes que ses clients ne regardent pas, ajoutant que les augmentations de tarifs poussaient les clients à se départir du câble.

Aller de l’avant

Christopher Winfrey, PDG de Charter, a déclaré vendredi lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs qu’il était « déçu » de l’impasse dans laquelle il se trouvait avec Disney. Il a ajouté que l’entreprise avait proposé un modèle alternatif que Disney n’avait pas accepté.

« Nous allons de l’avant avec un nouveau modèle de vidéo en collaboration, ou nous passons à autre chose », a déclaré M. Winfrey.

Alors que les téléspectateurs délaissent la télévision câblée au profit de services de diffusion en continu comme Netflix, des sociétés comme Charter et Comcast se concentrent de plus en plus sur la fourniture d’autres services aux consommateurs, notamment des services internet et sans fil. Elles se sont détournées de la télévision payante, qui connaît un lent déclin, et trouvent frustrant de payer un supplément pour un contenu que de moins en moins de gens regardent par des moyens traditionnels.

Les fournisseurs de contenu comme Disney procèdent eux-mêmes à des ajustements. Le géant des médias a déclaré qu’il envisageait de proposer une version en continu d’ESPN, l’une de ses chaînes de télévision les plus précieuses, qui a longtemps été un pilier de l’offre traditionnelle du câble. Robert Iger, le PDG de Disney, a déclaré qu’il étudiait différentes options pour ESPN, notamment la recherche d’un nouveau partenaire pour la distribution ou le contenu.

Vendredi, Charter a déclaré qu’elle avait proposé une formule d’abonnement comprenant à la fois la télévision traditionnelle et des applications de diffusion en continu, mais Disney a rejeté ses conditions. Charter s’est dite prête à renoncer aux chaînes de Disney et à adopter des « solutions vidéo alternatives », notamment des services proposés par Apple et Roku.

Charter envisage de séparer certains programmes sportifs, y compris les réseaux sportifs régionaux, dans un forfait plus coûteux appelé Spectrum Select Plus. Mme Winfrey a déclaré vendredi qu’elle n’avait pas poussé Disney à accepter d’inclure ESPN dans ce bouquet.

Cet article a été publié à l’origine dans The New York Times.

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