(Toronto) BCE a annoncé mercredi la suppression de 1300 postes, soit environ 3 % de son effectif, et la fermeture ou la vente de 9 stations de radio, alors que la société prévoit « d’adapter considérablement » sa façon de diffuser les informations.

Les suppressions d’emplois constituent une réponse à des politiques publiques et à des conditions réglementaires défavorables, a fait valoir l’entreprise.

Le plan implique « de passer à une approche de salle de presse unique pour toutes les marques, permettant une collaboration et une efficacité accrues », a expliqué le vice-président des nouvelles chez Bell Média, Richard Gray, dans une note de service interne distribuée au personnel mercredi matin et que La Presse Canadienne a obtenue.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le vice-président exécutif et chef des affaires juridiques et réglementaires de Bell, Robert Malcolmson, a indiqué que la division des médias de l’entreprise « ne pouvait pas se permettre » de continuer à fonctionner avec différentes marques – telles que CTV National News, BNN, CP24, ses stations d’information télévisées et ses chaînes de radio locales – qui fonctionnent indépendamment les unes des autres.

« C’est une consolidation dans la façon dont nous recherchons l’actualité et la façon dont nous la distribuons », a-t-il expliqué.

Les postes éliminés comprennent une réduction de 6 % chez Bell Média, dont les actifs comprennent le réseau de télévision CTV, des chaînes de télévision spécialisées, des stations de radio et des studios de production.

Cependant, a précisé M. Malcolmson, des coupes auront lieu à travers l’ensemble de l’organisation. « Cette opération affecte toutes les couches de l’entreprise et ne vise pas seulement un groupe d’employés. »

Trois stations québécoises touchées

Le nombre de postes de cadres est réduit de 6 %, tandis que le nombre de postes dans la haute direction de l'entreprise diminuera de 20 % par rapport à 2020.

Selon ce qu’a appris La Presse, des employés et des gestionnaires ont été licenciés dans au moins trois stations de radio appartenant à Bell Média au Québec : en Montérégie, à Drummondville et à Rimouski. Ces stations ne seraient toutefois pas en danger.

Environ 30 % des postes éliminés sont des postes actuellement non occupés.

Les bureaux étrangers du réseau CTV à Londres et à Los Angeles fermeront leurs portes, tandis que sa présence dans la ville de Washington sera réduite.

L’effectif de la chaîne télévisée Noovo n’est pas touché par les mises à pied.

Bell Média a en outre annoncé la fermeture des stations de radio Funny 1290 de Winnipeg, Funny 1060 de Calgary, TSN 1260 Radio d’Edmonton, BNN Bloomberg Radio 1410 et Funny 1040, de Vancouver, ainsi que NewsTalk 1290 de London.

La société vend également AM Radio 1150 et AM 820 de Hamilton, ainsi que AM 580 de Windsor, à un tiers non divulgué, sous réserve de l’approbation du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Migration des revenus publicitaires

Dans une note interne distincte envoyée mercredi, le président de Bell Média, Wade Oosterman, a indiqué que la société faisait face à « la migration en cours des revenus publicitaires vers des plateformes numériques étrangères » telles que Facebook et Google, et un passage des abonnés au câble, au satellite et à la télévision par fibre vers les plateformes de diffusion en continu.

« Nous sommes également confrontés à de fortes pressions économiques et inflationnistes, à une baisse des budgets des annonceurs et à un environnement réglementaire difficile, qui a été trop lent à s’adapter », a ajouté M. Oosterman dans sa note au personnel.

Dans une lettre ouverte publiée en ligne mercredi, le président et chef de la direction de Bell Canada, Mirko Bibic, a indiqué que Bell Canada s’attendait à perdre plus de 250 millions en revenus de services téléphoniques traditionnels par an, tandis que ses activités en matière d’information ont subi des pertes annuelles d’exploitation de 40 millions. Il a ajouté que les stations de radio Bell avaient vu leur rentabilité diminuer de moitié depuis le début de la pandémie de COVID-19.

« La réduction de nos effectifs s’aligne avec les annonces semblables faites au cours des derniers mois par d’autres joueurs importants du domaine des technologies et des médias en Amérique du Nord, a écrit M. Bibic. Nos [coupes] sont toutefois moins importantes que celles de nos concurrents. »

Dwayne Winseck, professeur à l’École de journalisme et de communication de l’Université Carleton, a observé que le passage à une salle de presse plus centralisée nuirait au journalisme local, en particulier sur les ondes radio.

« Je pense que l’un des éléments clés qui ont aidé la radio est sa prétention à la représentativité locale, et donc cela assène un dur coup à cette idée », a-t-il affirmé.

Avec la collaboration de Karim Benessaieh, La Presse