Les mois se suivent et se ressemblent au chapitre des mises en chantier. Avec la hausse des taux d’intérêt, la construction résidentielle ralentit. Juin n’a pas fait exception. La région montréalaise a même connu son pire mois de juin en 25 ans, rapporte une association de constructeurs de maisons.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a dénombré seulement 908 mises en chantier dans la région montréalaise en juin, une dégringolade de 71 % par rapport aux 3110 nouveaux logements de juin 2022.

Au Québec, 2897 habitations sont sorties de terre le mois dernier, en recul de 44 % par rapport aux chiffres d’il y a 12 mois. « Il s’agit d’une 10e baisse mensuelle consécutive et d’un 12e recul au cours des 13 derniers mois », écrit l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) dans son Bulletin de l’habitation paru mardi.

Les mauvais résultats de juin sont grandement attribuables à la performance de la région métropolitaine de Montréal, qui vient de connaître son pire mois de juin en 25 ans au moins.

Paul Cardinal, directeur du service économique de l’APCHQ, dans un communiqué

En juin, la construction de logements a diminué dans cinq régions métropolitaines de recensement (RMR) sur sept. Seules Gatineau, avec 427 unités, et Trois-Rivières, avec 277 unités, ont connu une augmentation des mises en chantier.

Un portrait négatif

Le portrait du premier semestre de l’année est clairement négatif. Au moment où il manque de logements disponibles, ce qui se traduit par des loyers et des prix d’achat élevés, le nombre de mises en chantier a reculé de 48 % comparativement au premier semestre 2022.

De tous les secteurs à l’étude, c’est dans les régions de Montréal et de Drummondville que le recul des nouvelles habitations est le plus marqué, avec une glissade de 58 % en un an. De janvier à juin, les fondations de 5927 unités ont été coulées dans la RMR de Montréal, comparativement à 14 110 au cours de la même période l’an dernier.

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Quant à savoir pourquoi Montréal souffre davantage que les autres régions québécoises, M. Cardinal n’a pas d’explications définitives à donner, mais montre du doigt le recul considérable observé dans la construction de logements collectifs (condos et appartements locatifs). Les mises en chantier sont passées de 13 038 logements à 5439 en un an, là encore une chute de 58 %.

« Ça reste le locatif qui traîne plus de la patte, dit l’économiste dans un entretien. C’est sûr qu’à Montréal, les loyers économiques sont plus élevés qu’ailleurs. » Le loyer économique correspond au montant mensuel que le promoteur doit demander pour rentabiliser une construction neuve.

Des conditions « difficiles » dans la métropole

M. Cardinal évoque aussi la détérioration marquée de l’abordabilité du logement, ce qui freine, d’après lui, la construction de logements pour propriétaire-occupant.

L’indice d’abordabilité RBC au premier trimestre était révélateur à ce chapitre : « les acheteurs montréalais n’ont jamais été soumis à des conditions aussi difficiles », écrivait en mars l’économiste de l’institution bancaire, Robert Hogue. La faute revient à la remontée des taux hypothécaires et aux prix élevés des propriétés.

Au premier trimestre 2023, la mesure globale de RBC se situait près de son plus haut niveau jamais atteint (51,9 %).

Ce niveau signifie que les nouveaux acheteurs doivent consacrer l’équivalent de 52 % du revenu médian des ménages pour payer les coûts de leur propriété.

Rare aspect positif à tirer des données de la SCHL sur les mises en chantier au Québec, le rythme de construction s’est accéléré en juin par rapport à mai, selon les données désaisonnalisées et annualisées (DDA). Ces données corrigées des variations saisonnières permettent de comparer des mois consécutifs. Le rythme annuel des mises en chantier au Québec est ainsi passé de 21 309 en mai à 25 049 unités en juin, une accélération de 18 %.

Les perspectives s’annoncent malgré tout mitigées à moyen terme. Les ventes de terrains à des fins résidentielles ont été timides en mai, avant de remonter en juin dans la région de Montréal. Les ventes de terrains interviennent environ 18 mois avant les mises en chantier.

Selon la firme Landerz, qui analyse ce type de transactions, les ventes de terrains à des fins résidentielles se sont chiffrées à 75,6 millions en mai, puis à 98,3 millions en juin sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.

Pour l’île de Montréal, il y a eu 37,4 millions en transactions dans les derniers jours de mai et 43 millions en juin. Rappelons qu’il n’y avait eu aucune transaction de terrain résidentiel dans l’île en avril.

Lisez « Montréal : recul dans les transactions de terrains »