Le retour des belles journées du printemps coïncide toujours avec une reprise immobilière, notamment dans le marché montréalais. Avec la Banque du Canada qui maintient son taux directeur stable pour le deuxième mois consécutif, de nombreux acheteurs seront tentés de magasiner leur nouvelle maison. La pandémie et l’inflation influenceront-elles le choix de leur toit ?

- 10 %

Le prix d’une maison unifamiliale a diminué de 10 %, entre 2022 et 2023. Il atteint maintenant 809 000 $ à l’échelle nationale – ce qui comprend à la fois les reventes et les nouvelles constructions, calcule Royal LePage dans ses prévisions pour le marché publiées jeudi. Ce qui cache évidemment de belles différences. À Montréal, la valeur moyenne de cette maison individuelle est plutôt de 616 000 $, en légère baisse.

Par contre, le prix des condos est à la hausse, légèrement – pour atteindre une moyenne de 450 000 $ dans la région montréalaise. Phénomène poussé par un mouvement de baby-boomers qui amorcent leur retraite, explique le courtier Marc Lefrançois. Il souligne toutefois que le marché est encore difficile à prévoir puisqu’on aurait pu croire que cette tranche de la population bouge davantage vers plus petit, maintenant. Or, plusieurs semblent retarder le mouvement. « La copropriété est toute désignée pour eux », précise Marc Lefrançois. Pas les petits condos de 600 pi2 plutôt destinés aux premiers acheteurs, dit-il, mais le condo plus spacieux ou l’ancien plex converti.

32 %

On le voit dans les rues de Montréal, les pancartes à vendre sont de retour – et les bannières « vendu » aussi ! La reprise des ventes est observée dans plusieurs marchés : dans le Grand Montréal, l’augmentation est de 32 % de février à mars 2023. Il y a aussi plus de propriétés disponibles sur le marché – une hausse de 20 %.

Les acheteurs doivent être prudents, dit Marc Lefrançois, courtier immobilier agréé chez Royal LePage Tendance. Selon lui, on vient de passer à travers ce qui était perçu comme « une grève d’acheteurs », alors il ne faut pas voir cette reprise comme un eldorado pour les acheteurs, ce que quelques-uns croient, à tort.

Selon Marc Lefrançois, on assiste actuellement à un jeu de chaises musicales : les acheteurs vont changer de quartier cible pour accéder à une propriété qui correspond à leurs critères. Une jeune famille qui cherchait une maison à Westmount est maintenant en visite à Mont-Royal, explique le courtier, spécialiste du marché montréalais.

[Les acheteurs] ont ajusté leur budget un peu à la baisse. C’est une chaise musicale.

Marc Lefrançois, courtier immobilier agréé chez Royal LePage Tendance

35 %

Dans ce marché atypique, les acheteurs sont plus optimistes qu’ils ne l’étaient : 35 % des Québécois s’attendent à payer moins cher leur maison que s’ils l’avaient achetée l’année dernière, révèle l’Enquête annuelle RBC sur les tendances du marché résidentiel. Ce sondage montre plusieurs distinctions entre les Québécois et l’ensemble des Canadiens, lorsqu’il est question de comportement à propos de l’immobilier. Par exemple, sept répondants sur dix (68 %) ne veulent pas donner de l’argent à une membre de la famille qui souhaite acheter une maison, alors que la moyenne nationale est plutôt de 58 %. Ce qui ne veut pas nécessairement dire que les Québécois sont pingres ou manquent de compassion immobilière : quatre répondants sur dix affirment être prêts à aider un membre de la famille ou un enfant en le laissant vivre à la maison plus longtemps. C’est quand même relativement faible, comparé à la moyenne nationale.

3 %

Cet optimisme des acheteurs risque d’être mis à mal : selon les prévisions de Royal LePage, les prix des propriétés vont remonter, car il n’y a toujours pas beaucoup d’inventaire. On s’attend à une hausse de 3 % cette année.

Dans le marché du haut de gamme, l’activité est aussi moins importante, détaille Marc Lefrançois, de Royal LePage. On parle de maisons au-delà du million de dollars, souvent achetées par des propriétaires qui sont en processus de surclassement immobilier. « Avec des taux d’intérêt de 5 % alors qu’ils étaient à 2 %, les gens y pensent deux fois », dit le courtier.

« Par contre, ce qui est en bas de 1 000 000 $ – 800 000 $, ça bouge à Montréal, poursuit-il. Dans des quartiers comme Villeray ou Rosemont, il y a plusieurs offres quand les propriétés sont bien inscrites. »

Au Canada, la hausse est estimée à 4,5 % au quatrième trimestre de 2023, comparativement au même trimestre de 2022. « La prévision précédente de Royal LePage a été révisée à la hausse pour refléter le regain d’activité plus rapide que prévu observé dans les principaux marchés du logement au pays. »