(Montréal) À cheval entre l’insouciance et l’incompréhension, nombre de travailleurs disent être mal outillés pour évaluer leur bulletin de paie, selon une nouvelle étude de Paiements Canada.

Insouciance des finances personnelles

Chaque année, près de 971 milliards de dollars sont versés aux Canadiens en salaires ou en avantages sociaux, selon Paiements Canada.

Toutefois, plus de la majorité de la population affirme accorder peu d’attention aux revenus et aux déductions qui figurent sur leur bulletin de paie, indique l’étude de Paiements Canada. Quelque 46 % des Canadiens estiment consacrer plus d’attention à la météo qu’à leur talon de paie. Même scénario avec les réseaux sociaux.

« C’est absurde que les gens passent 35, voire 50 heures, à travailler sans prendre 10 minutes pour regarder leur chèque de paie toutes les deux semaines », déplore David-Alexandre Brassard, économiste en chef des Comptables professionnels agréés du Canada.

Des bulletins de paie peu consultés

Pas moins de 34 % de la population évalue les détails de son bulletin de paie seulement au moment de la déclaration des revenus, selon l’étude de Paiements Canada. Il s’agit d’un chiffre « surprenant » aux yeux de Kristina Logue, chef des finances chez Paiements Canada.

Ça signifie que le tiers de la population se préoccupe de sa paie seulement une fois par année.

Kristina Logue, chef des finances chez Paiements Canada.

Par ailleurs, 35 % de la population estime qu’il est « intimidant » d’examiner les détails de son relevé. Près du quart des Canadiens sont embarrassés de demander des précisions sur leur paie à leur employeur, indique l’étude.

Un régime d’imposition complexe

Il existe une « lacune alarmante » dans la compréhension des bulletins de paie chez les Canadiens, révèle l’étude de Paiements Canada. L’organisme affirme que 35 % de la population confirme ignorer certains aspects de son talon de paie et que 38 % prétend ne pas avoir les capacités d’y retracer une erreur.

Selon David-Alexandre Brassard, le régime d’imposition doit être amélioré pour faciliter la tâche aux salariés. Aux deux paliers d’imposition gouvernementaux s’ajoutent les retenues à la source des employeurs et les revenus secondaires : « À la défense des gens, c’est assez complexe », souligne l’économiste.

Les chiffres « importants » du talon de paie

La majorité des paies s’effectuent par dépôt direct. Il n’en demeure pas moins qu’il faut rester discipliné et consulter les relevés, explique David-Alexandre Brassard. Les erreurs d’imposition se font rares, selon lui. Toutefois, il est primordial de réviser les montants du revenu brut et les retenues de l’employeur pour éviter les erreurs de rémunération, ajoute l’économiste.

Selon l’étude de Paiements Canada, 45 % de la population reçoit sa paie sans avoir effectué un plan de gestion des finances. Rester à jour avec leurs bulletins de paie permet aux Canadiens de prendre de meilleures décisions en matière de finances personnelles, souligne David-Alexandre Brassard.

À titre d’exemple, des Canadiens pensent encore que s’ils gagnent plus d’argent, ils vont nécessairement payer plus d’impôts sur tous leurs revenus. « C’est un mythe qu’on doit encore déconstruire », mentionne le spécialiste.

Les innovations technologiques

La modernisation des systèmes de paiement offre une multitude de plateformes efficaces qui facilitent la compréhension et simplifient l’accès à l’information, selon Kristina Logue. Les innovations technologiques représentent également une occasion pour les employeurs d’aider leurs employés à mieux comprendre les détails de leur bulletin de paie et leurs avantages financiers, ajoute-t-elle.

D’après David-Alexandre Brassard, la transition numérique facilite également l’éducation en matière de finances personnelles par l’intermédiaire de cours en ligne, d’infolettres et d’accessibilité. Selon lui, un curriculum scolaire pour les jeunes assurerait une meilleure compréhension du régime d’imposition dans le futur.