Avis aux automobilistes en fin de contrat de location de leur véhicule : le marché des véhicules usagés en bonne condition s’est tellement resserré depuis un an que la valeur marchande de votre véhicule pourrait être supérieure au coût de rachat à la valeur résiduelle inscrite dans votre contrat de location.

De l’avis des experts, il vaut la peine de bien s’informer sur l’état du marché pour des véhicules semblables au vôtre avant de décider entre son rachat ou sa remise au concessionnaire en fin de contrat de location.

« Un automobiliste qui prend cette décision sans s’être informé auparavant sur la valeur marchande de son véhicule usagé pourrait se retrouver à faire un cadeau de quelques milliers de dollars à son concessionnaire », indique George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA).

Du presque jamais vu

Un cadeau ? « Il faut savoir que la forte demande pour certains types de véhicules d’occasion a fait monter leur valeur sur le marché de la revente. On voit maintenant des écarts de 2000 $ à 6000 $ par rapport à la valeur résiduelle [de rachat] inscrite au contrat de location. D’autant plus que cette valeur avait été estimée il y a quelques années, avant la pandémie et son impact significatif sur l’offre et la demande dans le marché automobile », explique M. Iny au cours d’un entretien avec La Presse.

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George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes

S’ils veulent s’assurer d’obtenir la meilleure offre de rachat pour leur véhicule en fin de contrat de location, les automobilistes doivent faire leurs devoirs pour s’informer de la situation du marché pour des véhicules d’occasion similaires. Aussi, la première offre de leur concessionnaire n’est pas nécessairement la meilleure qu’ils peuvent obtenir.

George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes

À la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), le PDG, Robert Poëti, fait aussi état d’une conjoncture de « marché exceptionnelle pour les véhicules usagés », et en particulier pour les véhicules en bonne condition qui reviennent sur le marché en fin de son contrat de location.

« La hausse de la demande et des prix pour ces véhicules usagés est telle depuis un an qu’elle provoque un phénomène rarement vu depuis la popularisation de la location-achat en automobile, il y a une vingtaine d’années, explique M. Poëti.

« Ce phénomène, en termes comptables, c’est la formation d’une “équité positive” en faveur des détenteurs de contrats de location, c’est-à-dire la différence entre la valeur marchande courante de leur véhicule usagé et sa valeur résiduelle inscrite dans le contrat de location. »

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Robert Poëti, président-directeur général, Corporation des concessionnaires automobiles du Québec

Le marché est exceptionnel pour les véhicules usagés en bonne condition, et les stocks sont anormalement bas parmi les commerçants. D’où la situation très particulière d’une “équité positive” en faveur des clients qui sont en fin de location de véhicules ayant une plus forte demande. Tant mieux s’ils peuvent en profiter !

Robert Poëti, président-directeur général, Corporation des concessionnaires automobiles du Québec

Prévoir la fin de son terme

Pour les automobilistes en fin de contrat de location, comment profiter au maximum de cette « équité positive » dans la valeur de leur véhicule usagé ? D’après George Iny, de l’APA, au moins six mois avant la fin d’un contrat de location, un automobiliste averti devrait s’informer de la valeur marchande de son véhicule (voir encadré à ce sujet) afin de pouvoir ensuite en estimer la valeur potentielle d’équité positive selon les termes de son contrat de location.

Avec cette estimation en main, un automobiliste pourra ensuite décider de l’option la plus avantageuse à la fin de son contrat de location.

Il pourrait ainsi racheter son véhicule à la valeur résiduelle inscrite dans le contrat afin de pouvoir ensuite le revendre à un prix supérieur de quelques milliers de dollars dans le marché des véhicules usagés.

« En procédant ainsi, c’est l’automobiliste qui encaisse le “profit” découlant de cet écart de prix – son équité positive – au lieu que ce soit laissé à l’avantage du concessionnaire automobile », résume le président de l’APA.

Avec une bonne estimation de valeur marchande de son véhicule, l’automobiliste pourra aussi mieux « magasiner » des offres de rachat de son contrat de location avant échéance auprès des commerçants automobiles.

« Les stocks de véhicules d’occasion sont très bas chez la plupart des concessionnaires, admet Robert Poëti, de la CCAQ.

« Par conséquent, pour les véhicules les plus demandés, comme les VUS compacts et les voitures économiques, des concessionnaires peuvent offrir une prime de quelques milliers de dollars à leur client pour s’assurer d’obtenir son véhicule en fin de location, plutôt que de le lui vendre à la valeur résiduelle inscrite dans le contrat de location, et qui date souvent d’avant l’impact de la pandémie sur le marché automobile. »

Mais attention, avertit George Iny, de l’APA, « il ne faut pas accepter la première offre de prime de rachat de la part de son concessionnaire avant de l’avoir comparée avec les offres d’autres acheteurs potentiels du véhicule, autant des commerçants que des particuliers ».

Comment s’informer de la valeur marchande de son véhicule usagé ?

Lorsque vient le temps d’acquérir ou de remplacer un véhicule, les automobilistes avertis ont l’habitude de magasiner les offres de commerçants en fonction de leurs besoins et de leur budget.

Or, vu la « surchauffe » du marché des véhicules usagés en bonne condition, les automobilistes en fin de contrat de location ont maintenant intérêt à magasiner des offres de rachat de leur véhicule avant l’échéance de leur contrat.

Pour bien se préparer à ce magasinage, les interlocuteurs experts de La Presse recommandent de s’informer de la valeur marchande de son véhicule usagé en comparant les offres et les prix de véhicules similaires sur des sites internet comme ceux-ci :

Consultez le site AutoUsagée.ca

(site géré par l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec [AMVOQ], qui regroupe 1300 commerçants automobiles)

Consultez le site AutoHebdo.net

(site d’annonces électroniques géré par la société torontoise Trader Inc., qui gère aussi AutoTrader.ca au Canada anglais)

On peut aussi consulter les sites internet de concessionnaires de marques pour vérifier leurs stocks de véhicules usagés similaires.

Quels véhicules ont le plus fort potentiel de prime de rachat prématuré en fin de location ?

À la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), Robert Poëti, PDG, fait état que « la plupart des modèles de VUS [véhicules utilitaires sport] et de CUS [compacts utilitaires sport] » méritent une prime.

Il mentionne aussi les « automobiles compactes et économiques » parmi les ménages à la recherche d’un deuxième véhicule familial pour les trajets de commodité.

Du côté de l’Association pour la protection des automobiles (APA), le président, George Iny, observe « la plus forte demande » pour des VUS compacts à traction intégrale de marques comme Toyota, Honda et Subaru, ainsi que les marques-sœurs Hyundai et Kia.

Le président de l’APA indique aussi que les camionnettes de marques américaines offrent une certaine prime en raison, notamment, de leur forte demande pour l’exportation vers le marché d’occasion aux États-Unis.