La période des déclarations de revenus arrive à grands pas et ceux qui ont bénéficié de programmes de soutien pourraient avoir des surprises. Survol des programmes d’aide et des impacts possibles pour vos impôts.

Prestation canadienne d’urgence (PCU)

Ce sont 8,9 millions de Canadiens qui ont bénéficié de ce programme, soit 30 % des 28 millions qui remplissent une déclaration d’impôts chaque année. Bien que les chèques de 2000 $ reçus par périodes de quatre semaines n’aient pas eu de retenues à la source, ils sont imposables. Si vous êtes un prestataire de la PCU, vous recevrez bientôt, si ce n’est pas déjà fait, un feuillet d’impôt du gouvernement indiquant le montant à inclure comme revenu dans votre déclaration de 2020.

Le montant maximal de la PCU reçu s’élève à 14 000 $. Après le 26 septembre, ceux qui ont poursuivi avec la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) pourraient avoir reçu 20 000 $.

Plusieurs s’inquiètent du montant qu’ils auront à payer, car ils n’ont pas encore de nouvel emploi. Josée Cabral, spécialiste de l’impôt supérieur chez H&R Block, a suggéré à ses clients de garder 20 % de la somme reçue, soit 400 $ pour chaque tranche de 2000 $.

« Ce n’est pas vraiment idéal en ces temps de période difficile, dit-elle, mais c’est plus prudent, car on peut s’attendre à ce que la majorité des gens payent entre 15 et 20 % d’impôts. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Luce Morin, CPA et C.A. chez Activ services comptables et fiscaux

Le montant est établi en fonction du taux d’imposition marginal de chacun, des déductions et crédits d’impôt applicables, ainsi que des autres sources de revenus en janvier et février et après la première vague de COVID-19. Pour nous donner une idée des sommes à payer, la comptable et fiscaliste Luce Morin, CPA et C.A. chez Activ services comptables et fiscaux, a fait quelques simulations.

« Prenons, par exemple, un Québécois qui, en temps normal, a un revenu annuel de 100 000 $ et qui a dû recevoir de la PCU pendant six mois, explique-t-elle. Il aura donc fait 50 000 $ de revenus en salaire avec de l’impôt retenu et 12 000 $ de PCU sans retenue à la source pour un total imposable de 62 000 $. Imposée à 37 %, cette personne devra payer 4500 $ d’impôts. »

Ce montant comprend ce qu’on appelle le montant personnel de base, qui permet de gagner 13 229 $ en 2020 sans impôt à payer.

Une personne ayant eu un revenu de salaire de 10 000 $ en plus des 12 000 $ de la PCU aura un taux d’imposition de 25 %, calcule-t-elle, donc environ 3000 $ d’impôts à payer.

Les gens qui n’ont eu que des revenus de PCU et de PCRE sur lesquelles 10 % d’impôt était retenu auront à payer 963 $ au fédéral et 0 $ au provincial, indique Luce Morin.

Prestation canadienne de la relance économique (PCRE)

Jusqu’à présent, 1,6 million de Canadiens ont demandé la PCRE. Même s’il y a eu un prélèvement à la source de 10 % sur les 1000 $ versés toutes les deux semaines, il est fort probable que les 100 $ prélevés ne soient pas suffisants, surtout quand ces montants s’ajoutent à la PCU.

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Josée Cabral, spécialiste de l’impôt supérieur chez H&R Block

« En temps normal, ceux qui retirent de l’assurance-emploi ou des prestations de congé parental se retrouvent toujours avec de l’impôt à payer, soutient Josée Cabral, de H&R Block. Il n’y a jamais assez de retenues à la source. »

Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE)

La majorité des 708 440 étudiants qui ont reçu 1250 $ pour quatre semaines ou sa version bonifiée à 2000 $ ne devraient pas avoir d’impôts à payer. Le montant maximal des prestations était de 5000 $, et 8000 $ pour la version bonifiée.

« En tenant compte du montant personnel de base de 13 229 $ et du 10 % qui était prélevé sur la PCUE, les étudiants qui gagnent le salaire minimum ne devraient pas avoir de surprise. À moins d’avoir gagné plus de 20 000 $ en 2020 », soutient Luce Morin, d’Activ services comptables et fiscaux.

Épargner de l’impôt

Quelle stratégie devrait-on utiliser pour réduire sa facture fiscale ? « Le premier réflexe pour épargner de l’impôt, c’est de prendre des REER, observe Luce Morin, mais pour le faire, il faut avoir des liquidités et de l’espace REER. Ensuite, il faut aussi que le taux d’imposition soit élevé. Un étudiant, par exemple, ne doit pas prendre de REER. »

La fiscaliste rappelle qu’une personne ayant eu seulement des revenus de PCU et de PCRE n’aura aucun avantage à mettre de l’argent dans un REER.

Si vous avez 20 000 $ de revenus et payez 1000 $ d’impôts, ce n’est que 5 %. Le REER ne donnera que 5 % de remboursement d’impôt. Quand vous allez sortir le REER, si votre taux d’imposition est plus élevé, vous serez plus imposé.

Luce Morin

Votre comptable ou un spécialiste de H&R Block peut faire une simulation avant le 1er mars afin de vérifier si l’investissement dans un REER est bénéfique dans votre situation.

Comme autre stratégie, Luce Morin suggère de retracer toutes les dépenses de frais médicaux qui valent la peine d’être incluses dans la déclaration, même lorsqu’on a un revenu peu élevé. « Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont eu recours à des psychologues en 2020. Même si on a une assurance, peut-être qu’elle n’a pas remboursé au complet le montant des séances et qu’il y avait une limite du nombre de séances remboursées. Vous n’avez pas besoin d’avoir d’impôts à payer. C’est de l’argent qui s’en va directement dans vos poches. Et avec une famille, les frais médicaux montent vite », dit-elle.

Et si on ne peut pas payer ?

Pour les Québécois qui ne peuvent pas payer leurs impôts le 30 avril, Josée Cabral, de H&R Block, recommande de conclure une entente de paiement avec Revenu Canada et Revenu Québec. « Les gouvernements sont flexibles pour les arrangements de paiement et, en fin de compte, ça coupe des intérêts, dit-elle. Sans entente avec Revenu Québec, par exemple, il y a une pénalité de 5 % après un mois plus une pénalité additionnelle de 1 % par mois de retard. »

Au fédéral, un taux d’intérêt de 5 % s’applique aux montants d’impôt en souffrance.