Votre ado veut travailler. Comment maximiser ses chances de décrocher un emploi ? Que faut-il savoir en matière de droit ? Comment l'aider à apprendre à bien gérer ses finances personnelles sans se le mettre à dos ? Conseils et témoignages.

UN PREMIER EMPLOI D'ÉTÉ

William a 15 ans et cherche son premier véritable emploi d'été. L'an dernier, il a tondu des pelouses et s'est occupé des fleurs de quelques voisins. Maintenant, il regarde dans des épiceries, des pharmacies et des restaurants de son quartier de Laval. 

Il souhaite décrocher un emploi de 30 heures par semaine. Sa mère, Suzanne Quimper, l'encourage parce qu'elle croit qu'un travail lui permettra de se responsabiliser davantage et d'apprendre quelle est la valeur de l'argent.

Aux yeux de Sonia St-Pierre, coordonnatrice de l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF) du Grand-Portage, dans le Bas-Saint-Laurent, mieux vaut commencer tôt à parler de saine gestion des finances personnelles et d'épargne à son jeune.

« On peut commencer dès qu'il a quelques tâches à réaliser qui lui rapportent des sous », dit-elle.

Chez Desjardins, on croit aussi qu'il faut instaurer l'habitude de l'épargne très tôt. D'où l'instauration des caisses scolaires dans de nombreuses écoles primaires.

« C'est beaucoup plus facile de travailler dans le stade de développement du jeune que de tenter de changer des comportements », dit Sophie Morin, directrice principale, coopération, affaires et responsabilité sociale, Mouvement Desjardins.

Dans la famille de Suzanne Quimper, l'épargne a toujours été présente.

« Avec les petites allocations que nous leur versons, mes enfants ont pris l'habitude d'économiser, dit-elle. Même si c'est leur argent, nous les surveillons de près, nous discutons avec eux et nous pouvons nous opposer à certains achats. Puis, lorsqu'ils travaillent, nous leur donnons la responsabilité de certaines dépenses, comme leur passe d'autobus, alors ils doivent s'organiser. »

William n'est pas contre.

« Mes parents ont l'air de savoir ce qu'ils font. Je devrai payer mon cellulaire par exemple. Ils veulent que j'apprenne à prendre mes responsabilités. »

LA FORCE DU PROJET

Votre ado a eu sa première paye ; il est sorti tous les soirs de la semaine, il est arrivé avec une nouvelle casquette et des écouteurs dernier cri. Ne baissez pas les bras ! Sachez qu'un moyen efficace de développer le sens de l'épargne est d'y aller à l'aide d'un projet concret et motivant.

« Par exemple, si votre enfant veut un nouveau vélo, comme parent, vous pouvez lui demander de contribuer à l'achat avec ses économies. D'ailleurs, épargner pour un projet est aussi la stratégie la plus efficace avec les adultes. »

- Sonia St-Pierre, coordonnatrice de l'Association coopérative d'économie familiale du Grand-Portage

« Avec les jeunes du secondaire via les caisses scolaires, nous travaillons aussi beaucoup par projet pour leur montrer les principes de saine gestion financière, affirme Sophie Morin. Par exemple, le bal des finissants ou la sortie de fin d'année sont des projets stimulants pour eux. »

Surtout, on reste réaliste et on ne demande pas à son jeune de se priver de tout pour épargner.

« Il faut qu'il ait de l'argent pour ses dépenses personnelles, puis pour réaliser son projet dans une période de temps déterminée », affirme Sonia St-Pierre.

L'INCONTOURNABLE BUDGET

Pour y arriver, on ne s'en sort pas : il faut réaliser un budget.

« On regarde les revenus du jeune par semaine, ses différentes dépenses comme ses sorties, ses vêtements, ses loisirs, puis on regarde combien il pourra épargner », explique Sonia St-Pierre.

Ces bonnes habitudes lui seront fort utiles s'il doit plus tard contribuer au financement de ses études postsecondaires.

« Par exemple, dans le calcul de ses prêts et bourses, on tiendra compte de ses revenus, qu'il les ait épargnés ou tout dépensés au fur et à mesure, indique Sonia St-Pierre. Le jeune doit vraiment apprendre à gérer les revenus qu'il a gagnés pendant l'été en prévision de toute son année scolaire. Plus il aura appris tôt à épargner, plus il aura de la facilité à y arriver. »

DES TRUCS POUR DÉNICHER UN EMPLOI

Pour donner un coup de pouce aux jeunes, nous avons demandé des conseils à Cindy Pelletier, conseillère en emploi au Carrefour jeunesse-emploi de Laval.

CRÉER SON PROPRE EMPLOI

« Le projet Coopérative jeunesse de services permet à des jeunes de se regrouper pour réaliser un projet d'été en entrepreneuriat. La coopérative offre des services dans sa localité, comme la tonte de pelouse. »

Avec ce projet, les jeunes se dotent d'une structure décisionnelle coopérative et se répartissent les tâches et responsabilités de gestion.

CHERCHER DANS LES ORGANISATIONS ADMISSIBLES À LA SUBVENTION FÉDÉRALE

Emplois d'été Canada finance des employeurs pour créer des possibilités d'emplois d'été pour les étudiants. Le programme finance des organismes sans but lucratif, des employeurs du secteur public et des entreprises privées de 50 employés et moins pour créer des emplois d'été destinés aux jeunes de 15 à 30 ans qui étudient à temps plein.

REGARDER LES EMPLOIS SAISONNIERS

« C'est certain que les établissements de restauration rapide et les commerces de détail embauchent beaucoup de jeunes, mais certains emplois saisonniers sont aussi des options. Par exemple, pour les jeunes qui veulent travailler dehors, il y a des emplois dans le paysagement, la cueillette de petits fruits et les camps d'été. »

METTRE SON RÉSEAU À CONTRIBUTION

« Particulièrement si le jeune a 15 ans et moins et qu'il n'a pas d'expérience, trouver une personne dans l'entourage qui pourra lui donner sa première chance ou dire un bon mot sur lui pourra faciliter son embauche. »

FAIRE DU BÉNÉVOLAT

« Plus vous vous impliquez dans votre milieu, plus vous développerez des habiletés et plus vous arriverez à vous faire remarquer des employeurs. Assurez-vous toutefois de bien faire ressortir sur votre CV ce que vous avez acquis lors de ces expériences. »

TRAVAILLER SA PRÉSENTATION

« Il faut être capable de bien se présenter en entrevue et de faire valoir sa candidature même si on n'a pas ou peu d'expérience. Il faut se préparer à répondre aux différentes questions. »

SE MONTRER INTÉRESSÉ POUR LE LONG TERME

« Plusieurs jeunes souhaitent garder leur emploi lorsque l'école recommencera à l'automne et l'été suivant. C'est bien de le mentionner à l'employeur. C'est avantageux pour lui puisqu'il n'aura pas toujours à investir du temps et de l'argent dans la formation de nouveaux employés. »

COMMENCER TÔT LES RECHERCHES

« Pour dénicher les meilleurs emplois, idéalement, on commence tôt. Plusieurs employeurs commencent dès février ou mars à regarder leurs embauches pour l'été. »

CE QU'EN DIT LA LOI

Quelques éléments de droit sont à connaître lorsqu'il est question du travail des enfants au Québec. Claude Gravel, avocat en droit du travail et de l'emploi, associé chez Gowlings, et Emilie Labarre-Lauzier, stagiaire, relèvent quelques points.

À partir de 14 ans, un enfant peut travailler sans avoir besoin de l'accord de ses parents. Avant cet âge, une autorisation écrite est requise.

« Par contre, même à 14 ou 16 ans, je crois que l'autorité parentale devrait continuer à s'exercer pour s'assurer que son enfant évolue dans un milieu de travail sain ; c'est la meilleure protection qu'un mineur peut avoir, outre la protection légale », affirme Me Gravel.

Jusqu'à ce que l'enfant ait terminé l'année scolaire lors de laquelle il a célébré son 16e anniversaire, l'employeur doit s'assurer de ne pas le faire travailler pendant les heures de classe. Il ne peut également pas faire travailler l'enfant entre 23 h un jour donné et 6 h le lendemain matin et il doit tenir compte de son lieu de résidence pour s'assurer que son travail ne l'empêchera pas d'être à son domicile lors de cette période.

« L'employeur doit s'assurer que le travail du jeune ne nuise pas à ses études », explique Me Gravel.

Il y a des exceptions dans les horaires de travail permis pour les camelots, les créateurs, les interprètes et d'autres emplois dans le domaine de la production artistique. L'exception est aussi valide pour un travail effectué pour un organisme à vocation sociale ou communautaire comme une colonie de vacances si l'enfant loge à son travail et qu'il n'est pas tenu de fréquenter l'école le lendemain.

Pour le gardiennage ponctuel, la Loi sur les normes du travail ne s'applique pas, le salaire minimum n'a donc pas à être respecté.

Pour un étudiant employé d'un organisme à but non lucratif et à vocation sociale ou communautaire, comme une colonie de vacances, l'employeur n'a pas à respecter le salaire minimum ni les dispositions concernant les heures supplémentaires et les congés annuels.

Les dispositions sur les heures supplémentaires ne s'appliquent pas pour les salariés affectés à la mise en conserve, à l'empaquetage et à la congélation des fruits et légumes pendant la période des récoltes.

COMBIEN ÇA PAYE ?

ANIMATION DANS LES CAMPS

• 350 $ :  salaire médian hebdomadaire pour un moniteur dans un camp de vacances

• 186 $ :  salaire médian hebdomadaire pour un aide-moniteur dans un camp de vacances

• 400 $ :  salaire médian hebdomadaire pour un moniteur dans un camp de jour

• 223 $ :  salaire médian hebdomadaire pour un aide-moniteur dans un camp de jour

- d'après l'Association des camps du Québec, 2012

GARDE D'ENFANTS

Généralement entre 7 et 10 $ environ, variable selon l'âge, l'expérience et les qualifications de la personne, le nombre d'enfants à garder, leurs âges, les tâches supplémentaires à réaliser et les heures demandées.

- d'après Paulina Podgorska, fondatrice, sosgarde.ca

CUEILLETTE DES FRAISES ET DES FRAMBOISES

• 3,12 $ le kilogramme de framboises au minimum

• 0,83 $ le kilogramme de fraises au minimum



- d'après la Commission des normes du travail du Québec


SALAIRE HORAIRE MINIMUM

• 10,55 $ l'heure pour le taux général

• 9,05 $ l'heure pour les salariés à pourboires



- d'après la Commission des normes du travail du Québec