La valeur de l'actif des ménages canadiens est plus élevée que ce qu'on croyait jusqu'ici. Leur niveau d'endettement par rapport à leur revenu disponible aussi.

Statistique Canada a procédé à une révision en profondeur de sa méthodologie du calcul des comptes nationaux.

Le ratio de la dette par rapport au revenu des ménages passe de 150,6% à 161,7% au premier trimestre avec la nouvelle méthodologie. Au deuxième, il grimpe encore à 163,4%, un nouveau sommet. Le marché du crédit comprend le crédit à la consommation, les hypothèques et les emprunts des ménages, lesquels incluent les entreprises non constituées en société.

«La croissance du crédit à la consommation a ralenti significativement au cours des derniers trimestres, fait observer Benoit P. Durocher, économiste chez Desjardins. Le problème réside plutôt au sein du crédit hypothécaire où la croissance demeure très élevée.»

Parmi les changements apportés, on n'assimile plus aux ménages les activités des institutions sans but lucratif. Or, celles-ci sont moins endettées que les ménages.

L'endettement des ménages s'en trouve grossi significativement.

Ce niveau est de nature à inquiéter la Banque du Canada. Depuis plusieurs années, elle considère que l'endettement des ménages est le plus grand risque interne qui pèse sur la croissance. Voilà pourquoi elle persiste à indiquer que les conditions monétaires exceptionnellement accommodantes qui prévalent devront être resserrées quelque peu à un moment donné, si la croissance persiste. Tout cela dans le but de freiner l'expansion du crédit, stimulée par ailleurs par des taux d'intérêt historiquement faibles.

Il serait bien étonnant qu'elle modifie ce biais au moment de la prochaine fixation de son taux directeur, mardi prochain. Il est à 1% depuis septembre 2010.

Statistique Canada a aussi rehaussé la valeur nette des ménages. Selon l'ancienne méthodologie, elle sous-estimait la valeur des actifs mobiliers non cotés en Bourse. Ils sont désormais évalués à leur valeur marchande plutôt qu'à leur valeur comptable. Il en résulte une augmentation de 300 milliards de la valeur nette des ménages, estimée désormais à 6600 milliards.

Mesurée par habitant, la valeur nette des ménages passe de 182 900$ à 190 800$. Le ratio de la dette en proportion de la valeur nette est ramené de 28% à 24,5%.

En outre, la proportion des capitaux propres des Canadiens en proportion des biens immobiliers atteint 69%, soit cinq points de plus qu'avec l'ancienne méthodologie. Ce ratio pourrait fondre rapidement cependant, si une correction des prix devait survenir sur le marché de l'habitation, comme le craignent plusieurs observateurs.

«Cette révision révèle que les ménages canadiens sont financièrement plus vulnérables qu'on ne le croyait, résume Diana Petramala, économiste chez TD. Toutefois, celle vulnérabilité associée à un niveau d'endettement plus élevé est en partie compensée par de plus grands actifs.»