Air Canada a dévoilé une perte plus grande que prévu tandis que les dépenses consacrées à la maintenance des appareils et à la main-d’œuvre ont bondi. L’action de l’entreprise recule de plus de 9 % à la Bourse de Toronto jeudi.

Les dépenses d’exploitation ont augmenté de 6 %, à 5,2 milliards, au premier trimestre. « Nos dépenses ont crû plus rapidement que notre capacité », a déclaré le chef des affaires financières, John Di Bert, en conférence téléphonique avec les analystes financiers.

Il a souligné que les dépenses salariales avaient augmenté de 21 % par rapport à l’an dernier en raison d’initiatives liées à la rémunération et d’une augmentation des effectifs liée à l’accroissement de la capacité. Les dépenses technologiques, pour leur part, sont en hausse de 27 %.

Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement dans l’industrie aérospatiale, notamment les entretiens plus fréquents liés aux moteurs de Pratt & Whitney, exercent une pression sur les coûts de la société montréalaise. La charge de maintenance des avions a bondi de 21 %.

Notre situation est semblable à celles des autres compagnies aériennes. En ce moment, nous avons peut-être six à sept appareils cloués au sol. La situation pourrait évoluer au fil du temps.

Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada

Air Canada a indiqué qu’elle souhaite obtenir une compensation de la part de Pratt & Whitney. « Nous espérons que nous pourrons en récupérer une partie [des coûts liés aux problèmes de moteurs] dans un avenir rapproché. »

Transat A. T. connaît également des enjeux avec les moteurs de Pratt & Whitney. À la fin d’avril, sa présidente et cheffe de la direction, Annick Guérard, a dit que la compagnie souhaitait obtenir une indemnisation. « On espère arriver à une entente d’ici la fin de l’année. »

Pratt & Whitney n’avait pas réagi aux propos d’Air Canada en matinée. La Presse Canadienne avait également contacté le fournisseur au sujet des démarches de Transat, à la fin d’avril, et n’avait pas obtenu de réponse.

Air Canada négocie également avec Boeing afin de conclure un contrat de location d’appareils 737 MAX 8, pour une mise en service en 2025. « Nous voyons la possibilité d’augmenter notre capacité de manière rentable, a expliqué M. Rousseau. […] C’est aussi une décision défensive, car nous avons des difficultés avec les moteurs des A220 d’Airbus [construits par Pratt & Whitney]. »

Reprise des voyages d’affaires

La direction d’Air Canada observe également une augmentation de la clientèle d’affaires. Le voyage d’affaires a connu une reprise beaucoup plus tardive que celle du tourisme aérien après l’interruption des voyages durant la pandémie.

Le responsable de la planification du réseau, Mark Galardo, a constaté de premiers signes d’une reprise du voyage d’affaires. « C’était relativement stable au premier trimestre. Nous n’avons pas connu le rebond que certaines des compagnies aériennes américaines ont connu. Avec la fin du trimestre et le trimestre en cours, nous voyons des signes vraiment encourageants. »

Il a évoqué une croissance de 10 % à 12 % par rapport à l’an dernier. « C’est encore tôt pour crier victoire, mais c’est très encourageant. »

M. Galardo a ajouté que la demande semblait venir du secteur des technologies et de celui des transports.

Des résultats inférieurs aux attentes

Les résultats d’Air Canada ont déçu les investisseurs tandis que le transporteur aérien a dévoilé une perte plus importante que prévu.

Malgré ces vents de face, l’analyste de Financière Banque Nationale Cameron Doerksen souligne que la demande reste forte quand on regarde les 5,4 milliards accumulés en réservations à la fin du trimestre.

Nous croyons que les investisseurs anticipent déjà un ralentissement significatif de la demande et une détérioration des bénéfices, ce que nous ne voyons tout simplement pas à ce stade-ci.

Cameron Doerksen, analyste de Financière Banque Nationale

La compagnie aérienne a enregistré une perte de 81 millions, comparativement à un bénéfice de 4 millions à la même période l’an dernier. La perte nette ajustée diluée par action est de 27 cents. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 7 %, à 5,2 milliards.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte par action de 7 cents et des revenus de 5,18 milliards, selon la firme de données financières Refinitiv.