Les ventes de ragoût de boulettes Cordon Bleu connaissent une solide croissance depuis la pandémie. Pour ses 90 ans, la marque montréalaise part à la conquête de plus jeunes fourchettes. Ici et ailleurs.

On ne s’y perd pas, mais on voit qu’il y a eu un bon coup de pinceau – bleu ! Même si vous n’avez pas acheté de produits Cordon Bleu depuis la nuit des temps, vous allez percevoir la cure de jeunesse, juste à voir la présentation des produits. Plus moderne, très classique.

Peu d’entreprises peuvent bâtir une nouvelle image sur une histoire riche de 90 ans.

Patricia St-Aubin, vice-présidente ventes et marketing d’Aliments Ouimet – Cordon Bleu

L’entreprise montréalaise regroupe de nombreux produits. En plus des sauces et des ragoûts, la marque a mis la main sur le Paris Pâté et les fèves Clark, en 1983 et 1990.

Ces aliments ont quelques points en commun : ils sont tous en conserve, font partie du patrimoine alimentaire québécois et sont abordables, ce qui a favorisé la croissance des ventes en cette période inflationniste.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

« On est allés chercher plein d’éléments dans notre histoire. Que ce soit la calligraphie ou les formes », explique Patricia St-Aubin, vice-présidente ventes et marketing chez Aliments Ouimet – Cordon Bleu.

« Toutes nos catégories sont en croissance, précise Patricia St-Aubin, année après année. »

Les augmentations des ventes sont significatives. Une hausse de 107 % durant les cinq dernières années pour le ragoût de boulettes. Le Paris Pâté n’est pas en reste, avec 26 % de hausse. Les « bines » Clark ? Un bond de 34 % depuis cinq ans.

Étonnant, n’est-ce pas ?

Pas du tout, répond le professeur émérite de marketing à HEC Montréal Jacques Nantel, qui est membre du conseil d’administration d’Aliments Ouimet – Cordon Bleu. Il explique que la marque mise notamment sur le réconfort, la facilité de préparation et l’abordabilité, ce que cherchent les consommateurs, plus que jamais.

L’évolution de nos habitudes d’achat en alimentation vers des enseignes à bas prix confirme cet appétit pour des aliments moins dispendieux, détaille Jacques Nantel. Les ragoûts Cordon Bleu sont offerts partout ; certains produits de la marque Paris Pâté et Clark se trouvent d’ailleurs chez Dollarama.

« Ça s’insère dans cette filière-là », explique le professeur qui ajoute que l’entreprise a énormément mis d’effort sur l’innovation dans ses marques, depuis cinq ans.

Besoin de réconfort

Patricia St-Aubin va dans même sens, le côté réconfort permet de comprendre la croissance des ventes des fèves au lard, pâtés et autres produits en conserve.

« Le ragoût, c’est sûr que c’est un produit qui est accessible », dit-elle, précisant que dans un contexte d’inflation, les aliments qui offrent un bon rapport coût-protéines sont populaires.

Un exemple : la conserve de fèves au goût de sirop d’érable Clark est en promotion et se détaille 0,99 $ chez IGA cette semaine (pour 398 ml). C’est un prix difficile à battre.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Aliments Ouimet – Cordon Bleu regroupe de nombreux produits. En plus des sauces et des ragoûts, la marque a mis la main sur le Paris Pâté et les fèves Clark, en 1983 et 1990.

Autre point qui a joué en faveur de la marque Cordon Bleu : le contexte pandémique a fait naître un certain besoin de réconfort qui s’est fait sentir dans les allées des supermarchés.

C’est réconfortant, c’est savoureux et c’est là depuis toujours. Les gens ont grandi avec Cordon Bleu.

Patricia St-Aubin

Et ces gens qui connaissent la marque depuis longtemps, et l’aiment, sont extrêmement loyaux, affirme-t-elle.

Le défi est maintenant d’aller chercher une nouvelle clientèle pour certains classiques. « On a deux catégories de produits qui s’adressent à des consommateurs différents », précise Patricia St-Aubin.

Les sauces, plus chères, rejoignent une clientèle plus jeune et plus large avec des produits comme la sauce trois poivres qui n’est pas un aliment de base. Les acheteurs de ragoût, eux, sont souvent plus vieux. En modernisant l’image de la marque, on veut plaire aux plus jeunes.

Un argument écologique pourrait y contribuer, précise Jacques Nantel. « La conserve, contrairement par exemple à un emballage de plastique, dit-il, se recycle ad infinitum. »

La conserve en croissance

« Je suis convaincu qu’on s’en va progressivement vers le retour de la conserve », explique le professeur de marketing. Différentes études d’observateurs du marché confirment cette tendance.

Le marché mondial des aliments en conserve devrait croître de 3,78 % par année au moins jusqu’en 2027, d’après des prévisions d’Industry Research Biz.

Selon Jacques Nantel, si certaines personnes lèvent le nez aujourd’hui sur du ragoût de boulettes en conserve, dans quelques années, on pourrait bien voir Cordon Bleu devenir une marque qui revient à la mode, portée par ce désir d’avoir un bon rapport qualité prix et d’acheter un produit plus durable.

« Il y a de plus en plus de conscientisation que la conserve est quelque chose de remarquable, dit-il, à la fois sur le plan environnemental et sur le plan de la préservation de la nourriture. » Ce qui permet aux fabricants d’utiliser moins d’agents de conservation, une autre qualité chère à une plus jeune clientèle.

Le changement sur l’emballage pour Cordon Bleu s’accompagne d’une campagne publicitaire d’envergure.

« Les campagnes sont destinées à un public plus jeune, plus diversifié, et misent beaucoup sur le fait de rassurer, explique Jacques Nantel. On mise sur l’utilisation des panneaux-réclames extérieurs. […] Essentiellement, on dit que vous êtes pris dans le trafic, que ça prend deux heures pour retourner chez vous, mais cinq minutes pour préparer le souper. »

Dans les prochains mois, Cordon Bleu veut aussi faire une percée vers d’autres marchés, les États-Unis notamment. Et lancer de nouveaux produits au Québec aussi, en profitant de cette croissance. Mais sans supprimer les classiques.

« Les années COVID dans le milieu du cannage ont été des années spectaculaires en termes de ventes, confie Patricia St-Aubin. On ne le cachera pas. Je pense qu’on nous a découverts durant cette période-là. La COVID nous a propulsés où on est maintenant. Alors on va se renouveler et on va continuer : on va se moderniser et on va garder notre pertinence culturelle. »

Aliments Ouimet – Cordon Bleu

Fondé en 1933, dans le Mile End à Montréal, dans la résidence de Jean-René Ouimet

125 employés

Siège social : Anjou

En savoir plus
  • 22 %
    Les sauces Cordon Bleu sont en croissance de 22 % depuis un an ; les ragoûts et boulettes sont en croissance de 21 %.