Le grand patron de Teck Resources a fait valoir mardi que sa décision de vendre une participation majoritaire dans son activité de charbon sidérurgique au géant suisse des matières premières Glencore représentait le meilleur résultat possible après près d’un an de lutte au sujet de l’avenir de la minière vancouvéroise.

Jonathan Price a affirmé, lors d’une entrevue, qu’il « ne pourrait pas être plus heureux » de l’accord annoncé par sa société, dans le cadre duquel Glencore a accepté de payer 6,9 milliards US pour une participation de 77 % dans l’entreprise de charbon, connue sous le nom d’Elk Valley Resources.

Parallèlement, la société japonaise Nippon Steel acquerra une participation de 20 % en échange de sa participation dans l’un des actifs de charbon de Teck et de 1,7 milliard US en espèces, tandis que le sidérurgiste sud-coréen POSCO échangera sa participation dans deux actifs de charbon de Teck contre une participation de 3 % dans l’ensemble des activités de production de charbon sidérurgique.

Au total, les transactions valorisent les activités de charbon sidérurgique de Teck à 9 milliards US et sont le fruit de plusieurs mois de négociations avec divers acheteurs intéressés, dans la foulée de l’échec d’une offre publique d’achat hostile de 25 milliards présentée par Glencore, plus tôt cette année, sur l’ensemble des activités de Teck.

Le conseil d’administration de Teck a rejeté l’offre initiale de Glencore, mais la société a continué à montrer de l’intérêt pour acquérir les activités dans le secteur du charbon.

« Tout au long de ce processus, nous avons été très concentrés sur l’obtention du meilleur résultat pour nos actionnaires et du meilleur résultat pour toutes les parties prenantes », a affirmé M. Price lors de l’entrevue.

« Et je crois fermement que la transaction que nous avons annoncée aujourd’hui permet d’atteindre cet objectif. C’est formidable pour Teck, mais c’est également très bon pour nos actionnaires et c’est très bon pour toutes nos parties prenantes, en particulier celles au Canada. »

Teck réfléchissait à l’avenir de ses activités de charbon sidérurgique depuis qu’il est devenu évident que son projet de scinder ces activités pour en faire une société distincte n’avait pas le soutien requis de ses actionnaires.

L’accord de mardi fait en sorte que Teck n’aura plus aucune exposition au charbon, ce qui permettra à l’entreprise de se concentrer sur l’expansion de sa production de cuivre et de zinc afin de répondre à la demande mondiale croissante pour ces métaux, qui sont tous deux utilisés dans la production de véhicules électriques et qui sont considérés être des ressources clés pour la transition énergétique à venir.

Pour sa part, Glencore a déclaré que les activités de charbon sidérurgique de Teck compléteraient de manière significative sa production existante de charbon thermique et de charbon sidérurgique en Australie, en Colombie et en Afrique du Sud.

« C’est très satisfaisant. Je veux dire, regardez ce que nous avons acheté », a souligné Gary Nagle, chef de la direction de Glencore, dans une entrevue.

« Nous avons acheté un actif de premier ordre, de longue durée de vie et à un prix très attrayant. Je pense que nous avons très, très bien réussi dans cette affaire et nous sommes très satisfaits de cette transaction. »

Les sociétés ont indiqué mardi que l’accord devrait être conclu au troisième trimestre 2024. Mais il reste soumis à plusieurs conditions, notamment des approbations en vertu de la Loi sur Investissement Canada et d’autres en matière de concurrence dans plusieurs juridictions.

Des engagements de Glencore

La première offre de Glencore pour l’intégralité des activités de Teck avait suscité des sentiments de nationalisme économique. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, s’était alors prononcé contre la proposition et le chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, avait exhorté le gouvernement à bloquer toute acquisition de Teck par Glencore.

Ottawa avait déclaré à l’époque qu’il surveillait la situation de près et que toute offre publique d’achat sur Teck serait soumise à un processus d’approbation rigoureux.

M. Nagle a souligné que Glencore avait déjà une solide expérience au Canada, où il compte actuellement 9000 employés et sous-traitants au sein d’activités qui couvrent sept actifs industriels produisant et recyclant principalement du nickel, du cuivre, du zinc et du cobalt.

Il a souligné que, dans le cadre de l’accord avec Teck, Glencore prenait un certain nombre d’engagements envers le Canada, notamment celui de maintenir des niveaux d’emploi significatifs au Canada sans réduction nette du nombre d’employés à la suite de la transaction.

Glencore s’est également engagé à maintenir un siège social à Vancouver pour Elk Valley Resources, ainsi que des bureaux régionaux à Sparwood, en Colombie-Britannique, et à Calgary, en Alberta.

La société a annoncé qu’elle augmenterait également les dépenses en immobilisation d’Elk Valley Resources, au Canada, à plus de 2 milliards sur trois ans.

« Nous sommes impatients de collaborer de manière constructive, transparente et ouverte avec les différentes parties prenantes et les gouvernements fédéral et locaux afin de pouvoir démontrer notre engagement envers le Canada », a affirmé M. Nagle.

« Et nous sommes donc convaincus que nous pouvons faire approuver cette transaction. »

M. Price a lui aussi indiqué qu’il avait un niveau de confiance « très élevé » dans l’obtention des approbations requises pour la transaction.

« Nous n’aurions pas procédé à cette transaction si cela n’avait pas été le cas », a laissé entendre M. Price.

« Si l’on ajoute à cela les engagements vraiment convaincants qu’ils [Glencore] ont pris, nous pensons qu’il s’agit d’une bonne affaire. »

M. Nagle a indiqué que dans le cadre de l’accord, Glencore avait signé un accord de « statu quo » de deux ans, qui interdit à Glencore de lancer une autre offre publique d’achat sur le reste de Teck pendant cette période.

Teck s’attend à ce que le produit de la vente de l’activité charbon sidérurgique lui permette de réduire sa dette, de maintenir des liquidités supplémentaires au bilan et de payer les charges fiscales liées aux transactions, qui sont estimées à environ 750 millions US.

La société a également indiqué que son conseil d’administration déterminerait un montant et une forme appropriés d’un « rendement en espèces significatif » pour les actionnaires après la clôture des transactions.