La multinationale montréalaise des services-conseils en informatique CGI a subi un recul de sa valeur boursière au seuil des 32 milliards de dollars, mercredi, après l’annonce de résultats trimestriels qui se ressentent du ralentissement de l’économie.

En fait, malgré un bénéfice net en hausse de 14 %, à 414,5 millions, lors du trimestre clos le 30 septembre, c’est le ralentissement de la croissance des revenus de CGI qui a suscité quelques frissons parmi les investisseurs.

CGI a fait part de revenus en hausse annualisée de 8 %, à 3,5 milliards, alors que les investisseurs s’attendaient à un peu plus dans la foulée de quelques trimestres de croissance supérieure à 10 %.

N’empêche, du point de vue des analystes, les investisseurs en actions de CGI peuvent se réconforter à voir la croissance soutenue de son carnet de commandes, qui a franchi la valeur des 26 milliards.

« Une saine croissance à venir »

Chez Scotia Capital, l’analyste torontois Divya Goyal souligne dans une note qu’en dépit de résultats trimestriels légèrement inférieurs aux attentes, « CGI affiche un carnet de commandes encore solide alors que ses clients priorisent leurs projets de modernisation et de réduction des coûts de leurs systèmes de gestion, au lieu de poursuivre de nouvelles implantations ».

Chez la firme Stifel Canada, l’analyste torontois Suthan Sukumar aime que CGI soit parvenue à maintenir son carnet de commandes et ses marges bénéficiaires malgré le ralentissement de la croissance des revenus.

« La rentabilité de CGI demeure résiliente, alors que le carnet de commandes laisse entrevoir une saine croissance à venir. Ça demeure les principales considérations de point de vue des investisseurs en actions de CGI », indique M. Sukumar dans une note envoyée à ses clients.

Chez Desjardins Marché des capitaux, l’analyste montréalais Jérôme Dubreuil constate aussi que le carnet de commandes de CGI se porte bien, ce qui devrait rassasier les investisseurs habitués à une croissance soutenue de ses principaux résultats d’un trimestre à l’autre.

« La croissance du carnet de commandes est demeurée solide et on n’y voit pas encore de signes d’un ralentissement. À mon avis, ça témoigne de la bonne diversification de la clientèle chez CGI, particulièrement dans le marché gouvernemental », résume l’analyste dans une note aux clients-investisseurs de Desjardins.

La direction confiante

Du côté des hauts dirigeants de CGI aussi, on s’efforçait de mettre en valeur les perspectives d’affaires favorables découlant d’un carnet de commandes encore bien garni malgré le ralentissement de l’économie.

« Quand je pense aux discussions que nous avons avec nos clients, je suis très enthousiaste par rapport aux perspectives du carnet de commandes », a soutenu le président et chef de la direction de CGI, George D. Schindler, lors de la téléconférence avec les analystes pour discuter des résultats trimestriels de l’entreprise.

Néanmoins, le président de CGI a reconnu que dans un contexte d’incertitude économique, la clientèle d’entreprises pouvait être hésitante par rapport à ses investissements en informatique de gestion.

« Ces entreprises savent qu’elles doivent continuer d’investir en technologie pour atteindre leurs objectifs. En même temps, comme lors des précédents ralentissements, elles surveillent leurs coûts de près », a indiqué George D. Schindler.

Par ailleurs, autre signe de ralentissement de la croissance chez CGI, ses effectifs mondiaux sont restés relativement stables à 91 500 employés.

« Ça peut vouloir dire qu’il y a un ralentissement des activités », avance l’analyste Daniel Chan, chez Valeurs mobilières TD.

À la fin du mois d’octobre, CGI a mis à pied 19 employés à ses bureaux à Québec. Le couperet est tombé au moment où le marché de l’emploi dans l’industrie informatique se tempérait.

Dans ses commentaires sur les résultats trimestriels, mercredi, la haute direction de CGI a mentionné qu’elle avait lancé en septembre des démarches pour réduire ses coûts, notamment en « adaptant la taille de son portefeuille immobilier et en améliorant son efficacité opérationnelle ».

Ces délaissements ont entraîné des frais spéciaux de 9 millions de dollars durant le trimestre clos le 30 septembre. Et des frais additionnels de l’ordre de 65 millions sont prévus au cours des premier et second trimestres de l’exercice 2024 chez CGI.

Avec La Presse Canadienne

CGI en bref

(pour l’exercice 2023 clos le 30 septembre, en dollars canadiens)

  • Revenus : 14,29 milliards (+ 11 % sur un an)
  • Bénéfice net : 1,63 milliard (+ 11 %)
  • Bénéfice net par action : 6,86 $ (+ 13 %)
  • Carnet de commandes : 26 milliards (+ 8 %)
  • Effectifs : 91 500 employés
  • Capitalisation boursière : 32,2 milliards
  • Prix de l’action : 137 $ (+ 26 % sur un an)
  • Prix cible et recommandations d’analystes : 149 $, 13 acheter/1 conserver/1 vendre

Sources : CGI, Refinitiv, Bourse de Toronto