Metro entame des démarches judiciaires contre Loblaw et Weston pour l’avoir « faussement impliqué » dans un complot de fixation des prix du pain auquel l’épicier montréalais affirme n’avoir jamais participé.

Metro a indiqué en fin de journée mardi avoir signifié une défense et une réclamation en dommages et intérêts dans le cadre de l’action collective sur la fixation des prix du pain dont la demande d’autorisation avait été déposée en Ontario en 2017 au nom de consommateurs et acceptée par la Cour supérieure de l’Ontario en 2021.

Cette action collective vise notamment Loblaw, Sobeys, Walmart, Tigre Géant et l’épicier Metro lui-même.

La direction de Metro n’accordait pas d’entrevues mardi. La porte-parole Marie-Claude Bacon a néanmoins indiqué à La Presse que le document juridique serait déposé auprès de la cour « dans quelques semaines ».

La démarche vise uniquement Loblaw et Weston, car Marie-Claude Bacon affirme que ces entreprises ont faussement impliqué Metro dans un prétendu cartel afin de « disperser leur responsabilité civile » et « éviter la perception publique que Loblaw était le seul détaillant impliqué dans un complot ».

Metro fait notamment référence à un communiqué de presse publié en 2017 où Loblaw et Weston affirment que les participants à une entente de fixation des prix du pain comprenaient Loblaw et la division Boulangeries de George Weston, mais aussi « d’autres gros détaillants ».

Le directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, s’étonne de voir Metro réagir maintenant.

« C’est une réaction tardive. L’accusation publique remonte à 2017 lorsque Loblaw a décidé d’envoyer tout le monde sous l’autobus. »

Il soupçonne que l’amende infligée cette année à Canada Bread a poussé Metro à se porter à l’attaque. « Metro veut protéger son image. Cette affaire de fixation des prix s’étire depuis tellement longtemps qu’elle commence à effriter la réputation de l’industrie au complet, peu importe si les entreprises sont coupables ou non. »

Stratagème

Après avoir collaboré avec les autorités en échange d’une immunité, Weston et Loblaw avaient admis en 2017 avoir participé à un stratagème de fixation des prix de produits de boulangerie de 2001 à 2015 et avaient offert une carte-cadeau de 25 $ à leurs clients en guise d’indemnisation.

Metro a toujours nié que lui ou ses employés aient eu quelque implication que ce soit dans une conspiration visant la fixation des prix ou que lui ou ses employés aient enfreint la Loi sur la concurrence.

Après sept ans d’enquête, le Bureau de la concurrence du Canada a imposé en juin dernier une amende de 50 millions de dollars à Canada Bread (Bon Matin, POM, Vachon, Villaggio, Dempster’s, etc.) pour sa participation à un stratagème destiné à augmenter le prix du pain tranché.

Le Bureau de la concurrence avait alors précisé qu’il poursuivait son enquête sur les allégations de fixation des prix visant d’autres entreprises, dont Metro, Sobeys, Walmart, Tigre Géant et Aliments Maple Leaf.

Appelée à commenter, la vice-présidente aux communications chez Loblaw, Catherine Thomas, s’est montrée ferme et directe. « Les allégations de Metro sont tout simplement ridicules et complètement fausses, comme il le sera clairement démontré devant la cour. »

George Weston est le plus important actionnaire de Loblaw.