(Montréal) L’entreprise suédoise Northvolt va officialiser, jeudi, qu’elle construira une usine de fabrication de cellules de batterie en Montérégie, en compagnie d’élus fédéraux et provinciaux.

Avec son usine de fabrication de cellules de batteries, l’entreprise viendrait combler le chaînon manquant de la filière batterie au Québec. Différents reportages ont évoqué la création de 4000 emplois pour un investissement de 7 milliards. Le terrain choisi ferait 100 hectares, soit plus de 75 terrains de football.

Le projet est le secret le moins bien gardé du monde économique québécois. Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, y a fait régulièrement allusion dans les dernières semaines et de nombreux reportages ont éventé des éléments du projet.

L’annonce soulève déjà des craintes dans la région tandis qu’une pétition de 700 noms a été déposée au conseil municipal de McMasterville afin de bloquer le projet. Les signataires craignent que l’usine entraîne du bruit et de la pollution.

Le ministre Fitzgibbon croit que l’on devrait laisser la chance au coureur. « Ce qui est important, c’est que, quand un projet est annoncé, peu importe lequel, la société puisse expliquer aux citoyens quel va être la nature du projet, comment la société va respecter les enjeux, qui sont légitimes, enjeu de bruit, enjeu de visibilité. Laissons à la compagnie [l’occasion] de pouvoir expliquer aux citoyens. »

Il juge qu’il est normal qu’il y ait des gens qui s’opposent à un projet économique. « L’histoire du Québec est telle que jamais un projet n’est 100 % accepté. »

L’évènement de jeudi s’ajouterait à une série d’annonces récentes dans l’écosystème de la batterie au Québec. Ottawa et Québec ont accordé une aide de 640 millions pour l’usine de Ford à Bécancour. Celle de GM-Posco, pour sa part, a profité d’un soutien de près de 300 millions des deux ordres de gouvernement.

Les sommes consacrées à la filière batterie ont toutefois fait l’objet de critiques. Le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, a critiqué, la semaine dernière, les subventions gouvernementales versées aux entreprises étrangères, notamment pour développer la filière batterie.

« Mon point là-dessus, c’est que quand on donne des subventions aux compagnies étrangères, c’est qu’elles vont directement dans la poche des actionnaires étrangers qui ne sont principalement pas canadiens, a dit M. Ferreira en entrevue, en marge d’une présentation devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Je doute de ce modèle, à plus long terme, dans la création de richesse. »

En réaction, M. Fitzgibbon a défendu l’aide, lors d’une mêlée de presse vendredi. « S’il n’y avait aucune subvention du gouvernement, il y aurait zéro dans la filière batterie au Canada. Ça serait aux États-Unis. »

Il a laissé entendre qu’il fournirait des données pour démontrer les bienfaits des investissements gouvernementaux, lors de l’annonce de jeudi. « Je reviendrai avec des chiffres pour montrer c’est quoi, l’impact de cette filière. »