Un casque montréalais chez les Carabins… et dans la NFL

« Il est très léger. Vraiment différent des autres. J’ai l’impression de porter un petit chapeau plutôt qu’un casque. »

Le joueur de ligne à l’attaque Alexandre Levac, des Carabins de l’Université de Montréal, se montre impressionné par le prototype de casque présentement évalué par des joueurs de la NFL et développé par un consortium montréalais.

Alexandre Levac est un des joueurs convoqués sur le terrain de football du CEPSUM, mardi, pour tester ce casque de 3,7 livres. Selon ses concepteurs, ce casque est 8 % plus léger que ceux utilisés dans la NFL.

Alexandre Levac est conscient de l’importance de se sentir en sécurité sur le terrain, lui qui a déjà subi une commotion cérébrale. « La protection est notre priorité à tous », dit-il.

Seize des trente-deux équipes de la NFL ont reçu le mois dernier des échantillons du casque Gladiator développé par Kollide, un consortium formé de trois entreprises de Montréal (Tactix, Numalogics et Kupol).

Les deux dernières équipes à avoir remporté le Super Bowl, les Chiefs de Kansas City et les Rams de Los Angeles, comptent parmi les équipes ayant reçu entre deux et cinq casques dans les dernières semaines.

« La NFL a accrédité notre casque Gladiator cet été », lance Éric Gaudreau, président du consortium Kollide.

Les joueurs de la NFL peuvent décider de porter le casque de leur choix, pourvu qu’il ait obtenu le sceau d’approbation de la ligue.

Si on ne sait pas encore exactement quels joueurs porteront le casque montréalais cette année pour une partie dans la NFL, une nouvelle étape pourrait être franchie pour la ligue dans sa lutte pour réduire les commotions cérébrales.

Prototype perfectionné

La NFL avait lancé en 2019 le concours Helmet Challenge dans le but qu’un casque protégeant mieux les joueurs contre les coups à la tête soit développé. À l’automne 2021, le casque du consortium Kollide avait été choisi comme l’un des trois lauréats du concours.

Le concept de Kollide repose sur un coussin constitué de réseaux de cordes polymères tissées de manière à absorber un maximum d’énergie. Kollide prétend que ses casques sont personnalisables pour mieux protéger les athlètes en fonction de leur physiologie et de leur position sur le terrain.

« La NFL a retenu notre prototype en 2020 et nous a encouragés à continuer le développement pour une autre année. On a fait une année d’optimisation avant de soumettre un casque en septembre dernier qui a été qualifié de meilleur casque par rapport aux casques commerciaux. La NFL nous a alors suggéré de le commercialiser », raconte Éric Gaudreau.

Pour distribuer son produit, Kollide s’est tourné vers Light Helmets, une entreprise de Californie avec qui il a conclu un partenariat au printemps.

Les coussinets sont fabriqués dans les installations d’impression 3D de Kollide à Montréal. Une fois les coussinets imprimés, les casques sont envoyés chez le partenaire américain avec la coquille pour l’assemblage final et la peinture avant d’être acheminés aux équipes.

Éric Gaudreau évalue le marché entre 800 000 et 1 million de casques de football par année (professionnel, universitaire et amateur). « Notre partenaire veut entrer de 50 000 à 80 000 casques par année », dit-il.

Kollide utilise présentement un peu plus d’une trentaine d’imprimantes 3D dans ses installations montréalaises. Éric Gaudreau espère plus que doubler la capacité de production d’ici le mois de mars afin de pouvoir produire dès l’an prochain jusqu’à 5000, voire 8000 casques par année.

Pour y arriver, c’est donc une capacité jusqu’à dix fois plus importante que le consortium montréalais devra atteindre.

Le hockey dans le viseur

Éric Gaudreau souligne qu’il y a présentement quatre principaux manufacturiers – Riddell, Vicis, Schutt et Xenith – qui vendent des casques aux équipes professionnelles. Il précise que le prix des casques varie de 1200 à 1600 $ US chacun.

Éric Gaudreau évalue à quelques millions l’investissement nécessaire jusqu’ici depuis la formation du consortium en 2019.

« La NFL nous a donné l’équivalent d’approximativement 1 million de dollars pour nous aider à financer les activités de recherche et participer au concours. Nous avons aussi bénéficié de différents programmes de subventions. »

Cette technologie québécoise pourrait être adaptée à d’autres applications. « On veut développer un casque de hockey avec notre partenaire américain et faire des preuves de concept dans d’autres segments », dit Éric Gaudreau.